Adrar est située au sud – ouest du pays. Elle comprend onze dairas ,vingt-huit communes et deux cent quatre vingt quatorze ksour .Adrar a une vocation agricole qui se caractérise par un système d’irrigation appelé «fougarrate». Des monuments témoignent majestueusement du passé historique ,commercial ,culturel et civilisationnel des régions du Touat ,Tidikelt ,Gourara et Tanezrouft . Le brassage d’ethnies a donné naissance à un ensemble de traditions ,de pratiques culturelles et artisanales qui se retrouvent dans la vie des habitants. Ces pratiques se traduisent par la richesse du folklore, de la spécificité de ses chants et des instruments utilisés et confectionnés pour la célébration des cérémonies et des fêtes religieuses telles que, el mawlidennabaoui, le sboue et les ziarrate et aussi son art culinaire.
La diversité du folklore de la région d’Adrar
Le baroud
C’est le plus répandu dans cette partie de l’Algérie profonde ; des instruments traditionnels comme ‘aghlal’, « ezzammar », ‘karkabou’ donnent des rythmes cadencés qui font vibrer la foule et les danseurs vidant leurs fusils dans un épais et opaque rideau de fumée.
LE TBEL
Instrument de percussion ancestral au son envoûtant et doux à la fois. La ‘barzana’, danse guerrière en est la preuve tangible où les acteurs se donnent la réplique en croisant des gourdins en bois.
AHL ELLEIL
C’est un chant typique et dominant de la région du Gourara. Les thèmes évoqués abordent différents répertoires; on cite l’amour de Dieu et de son prophète mais aussi l’amour inconditionnel voué à la nature et à la femme. Les chanteurs sont assis en demi-cercle autour du maestro qui guide le chant accompagné de la flûte et de frappes rythmées des paumes des mains.
ESSARA
Elle regroupe dix-huit personnes qui chantent en cercle à pas cadencés munis de bâtons qu’ils croisent en marquant une pause .La tenue qu’ils arborent est la gandoura et le cheche blancs.
EL-HADDRA
Elle s’affirme par la reprise de chants religieux et de louanges au seigneur qui ont lieu surtout lors de manifestations religieuses. El-haddra s’effectue en groupes, deux files rangées en chœur dans une parfaite symbiose.
Tous ces chants que venons d’évoquer requièrent des instruments spécifiques à la région. Il s’agit principalement du ‘goumbri’, sorte de caisse en bois (tora) de forme cylindrique confectionnée en peau de chèvre. Le goulot (draâ) est un bâton qui ressemble étrangement à un manche à balai est muni de trois cordes qui donnent des sons rudes.
Le ‘bendir’ également fabriqué en bois en forme de disque de 40 cm est recouvert de peau de chèvre. Un fil y est attaché muni, de perles afin d’agrémenter le son produit.
La ‘zemmar’ instrument à vent, fabriqué à partir de bambous ajoute à la musique une note de joie qui plaît aux spectateurs et revigorent les troupes folkloriques.
Le tambour, instrument à percussion est présent dans toute les cérémonies (départ ou arrivée des pélerins et jadis comme moyen d’alarme pour annoncer la guerre, l’arrivée de conquérants et plus tard pour réveiller les gens durant le shor du Ramadhan.
L’ARTISANAT
Plusieurs modèles sont fabriqués par des mains expertes pour être soit vendus, soit portés. On recense des articles de bijouterie dans les ksour de Tamentit et Brinken, de la maroquinerie en Aoulef, Bordj Baji Mokhtar et Tit ; de la poterie à Tamentit et de la tapisserie aux motifs attrayants au ksar de Fatis.
L’ART CULINAIRE
Plusieurs variétés existent et sont offerts aux membres de la famille qu’aux visiteurs ; le couscous, khobz el gola, khobz ennour, mardoudanjiasfouf…
Cependant le couscous demeure incontestablement le plat le plus prisé et le plus apprécié des autochtones. Le couscous est roulé avec de la semoule de blé local ; une sauce rouge accompagnée de lentilles et de viande ovine (si daoun) croisement ovino -caprin et parfois de viande cameline ou de ‘hachi’ (chamelet dépourvu de cholestérol). Le thé, boisson emblématique qui manifeste une véritable passion est omniprésent. Son rituel obéit à certaines règles et les transgresser ne serait pas vu d’un bon œil. Contrairement au gens du Nord qui font du thé une infusion, ici par contre sa préparation requiert deux théières ; la première pour la décoction ; la seconde afin de transvaser ce breuvage et le sucrer. À aucun moment, la théière ayant contenu le sucre ne sera en contact avec le feu, autrement il aurait un goût de caramel.
NATIVITE ET BAPTêME DU PROPHETE (Qsssl)
Si à Timi (petite commune située à 3 km d’Adrar et à Bouali commune également à 80 km du chef-lieu on célèbre la nativité du prophète qui attire de nombreux curieux et habitués où des versets coraniques sont psalmodiés du crépuscule jusqu’à l’aube, à Timimoune par contre c’est le sboue (septième jour de la naissance de Mohamed
ennabi-echarif) qui est fêté dignement où les gens dans la journée se retrouvent à ‘houfrat sidi belkacem, à trois kilomètres de Timimoune. On assiste au défilement et à la parade de plusieurs tribus qui brandissent des étendards dont le but est de désigner un vainqueur qui organisera le prochain sboue. Le soir, tout ce beau monde se retrouve à Massine, petit ksar à cinq bornes de Timimoune également.
D’autres rassemblements existent ; il s’agit des ziarrate dont le but est d’honorer le saint de la contrée. Cette fête dure deux jours et se clôture par une fatiha et de sourate. Adrar, balancée entre une tradition ancienne et une modernité rampante du fait de récentes découvertes de pétrole et de gaz ainsi qu’une industrialisation débutante (raffinerie de Sbaâ) connait un essor économique certain qui nécessite une parfaite symbiose entre les deux (tradition et modernisme).
SAFI A.T.