Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a annoncé que les taxis pourront reprendre du service prochainement, mais selon des modalités encore à définir. Seuls les taxis à l’intérieur du périmètre urbain sont concernés par cette décision.
En annonçant, la semaine passée, que les chauffeurs de taxis seront de nouveau autorisés à travailler, le chef de l’Exécutif a suscité autant d’espoirs que d’interrogations dans ce secteur qui compte plus de 200 000 taxieurs, durement touché par la crise de coronavirus : dans quelles conditions et selon quelles modalités les taxis pourraient reprendre le travail ? Les clients vont-ils revenir comme avant alors que les gares routières, aéroports et lieux de travail sont fermés ?
En attendant de dévoiler plus de détails sur les modalités liées à la prévention contre la pandémie du Covid-19 dans ce moyen de transport, le gouvernement a affirmé tout de même que la reprise ne touchera que les taxis urbains. Jeudi dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a prévenu: « Le gouvernement a répondu favorablement aux demandes de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) dans une tentative de rattraper le retard de la vie économique. Cependant, si cela mettra en péril la vie des citoyens, nous n’hésiterons pas à fermer à nouveau les commerces et reviendrons à plus de rigueur dans l’application du confinement ». Premier point d’interrogation : Comment assurer des marges bénéficiaires alors que les nouvelles instructions sanitaires seront très strictes que les taxis ne puissent accueillir qu’un nombre limité de clients ? « La majorité des chauffeurs de taxis refusent de reprendre le travail, considérant la dernière décision du gouvernement comme une fuite en avant pour ne pas les indemniser sur les pertes subies pendant le confinement, comme les charges de la Caisse de sécurité sociale pour les non-salariés et les frais de licences d’exploitation de moudjahid», s’alarme la Coordination des chauffeurs de taxis de la wilaya d’Alger, dans un communiqué.
« La méfiance des chauffeurs de taxis est compréhensible et raisonnable dans cette conjoncture marquée par une crise sanitaire inédite », souligne la même organisation syndicale. Contactés hier par nos soins, les responsables de la Coordination, affiliée à l’UGTA, se sont excusés, arguant que le temps très réduit que leur a accordé la Direction des Transport de la wilaya d’Alger pour étudier les dossiers des taxieurs concernés par l’indemnité de solidarité de
10 000 DA pour les personnes dont l’activité est impactées par le coronavirus, les presse pour terminer cette tâche.
Les opérateurs dans l’expectative
Après des dizaines de correspondances adressées à différents départements ministériels et les directions de wilaya, la direction des Transports d’Alger a accepté d’inclure les chauffeurs de taxis parmi les bénéficiaires de cette indemnité décidée récemment par le président de la République, leur distribuant des formulaires de souscription à remplir. Autres questions en suspens : Comment garantir la sécurité des clients, ce qui suppose d’avoir suffisamment de masques, mais aussi la désinfection quotidienne des véhicules de taxis ? « Même si les chauffeurs de taxis acceptent de reprendre le volant, les conditions ne sont pas très favorables suite aux nouvelles restrictions imposées pour protéger les chauffeurs et limiter la propagation du Covid-19. Il sera obligé de transporter un nombre limité de clients. Il faudra aussi s’attendre à un recul de l’affluence car beaucoup de citoyens sont en arrêt de travail à cause des mesures de confinement », précise cette organisation syndicale.
« Les chauffeurs de taxis devaient supporter par eux-mêmes la responsabilité de désinfecter périodiquement leurs véhicules. Ce qui les expose aux risques de contamination », poursuit l’organisation, en notant que « les taxieurs sont inquiets à l’idée de reprise du travail alors que le ministère de la Santé continue d’enregistrer encore de nouveaux cas de contamination ». Reste une dernière incertitude : après le confinement, la clientèle trouvera-t-elle son rythme d’avant ? Les taxis retrouveront-ils rapidement leurs clients ? « Pour l’instant, nous n’en savons rien », affirme la Coordination des chauffeurs de taxis, qui plaide pour l’octroi de crédits bancaires sans intérêts à cette corporation, allant de 20 à 50 000 DA, pour pouvoir tenir durant cette période de confinement.
Hamid Mecheri