Le tragique accident routier du bus, qui s’est produit vendredi à 17 h 45 à Oued el Harrach, a endeuillé toute l’Algérie. Au moins 18 personnes sont mortes et 23 autres blessées. Juste après ce drame une enquête officielle a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de l’accident.
Selon les premiers éléments recueillis et communiqués par les autorités, le bus a dérapé de la route avant de chuter du pont de Mohammedia et de finir sa course dans Oued El Harrach à Alger. Sur place les passants n’ont pas hésité à se jeter dans l’oued pour sauver des vies peu avant l’arrivée des équipes de la Protection civile, appuyées par les forces de sécurité. Les secouristes de la DGPC ont rapidement engagé des opérations de sauvetage. 25 ambulances, 16 plongeurs et 4 embarcations semi-rigides ont été mobilisés pour secourir les victimes et rechercher d’éventuelles personnes encore coincées dans les eaux. Deux camions d’intervention et une équipe spécialisée en terrains accidentés ont également été déployés afin de sécuriser la zone et d’évacuer le bus.
Selon la Protection civile, les opérations se sont poursuivies en soirée et les équipes étaient restées mobilisées pour prévenir tout risque supplémentaire et rechercher d’éventuelles autres victimes. Des vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrent la mobilisation intense des plongeurs au milieu de l’oued El-Harrach. Concernant les blessés; ils ont été transportés vers plusieurs hôpitaux de la capitale (Slim Zmirli à El-Harrach CHU Mustapha-Pacha et l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja), pour recevoir les soins nécessaires, tandis que les dépouilles des personnes décédées ont été transférées dans la morgue avant d’être enterrées.
De leur côté, des médecins ont lancé un appel aux citoyens qui ont participé volontairement à l’opération de sauvetage de se diriger vers les services hospitaliers pour effectuer des examens de santé, afin d’éviter d’éventuelles complications provoquant des atteintes pulmonaires et digestives sévères au niveau des poumons, nez, gorge, et la tête, à cause de l’ingestion accidentelle d’eaux fortement polluées de l’oued El Harrach.
Un déploiement exceptionnel des autorités
Face à la gravité de l’accident, les autorités à leur tête des membres du Gouvernement se sont mobilisées sur le terrain. Sur les lieux, le conseiller à la présidence de la République, Boualem Boualem, le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, le ministre de l’Hydraulique, Tahar Derbal, le ministre des Transports, Saïd Sayoud, le wali d’Alger, le Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le commandant de la Gendarmerie nationale et le directeur général de la Protection civile étaient présents pour suivre les opérations de recherche et de secours des victimes. Leur présence visait à coordonner les secours, soutenir les équipes sur le terrain et rassurer les familles des victimes.
Pour sa part, le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi, s’est rendu à l’hôpital Salim Zmirli à El Harrach et au Centre hospitalier universitaire Mustapha-Bacha pour examiner l’état des blessés et s’assurer de leur prise en charge médicale. Le ministre a donné des instructions pour qu’on prenne toutes les mesures d’urgence nécessaires, afin de garantir la continuité des soins aux victimes et de fournir tous les moyens nécessaires pour leur prise en charge immédiate.
100 millions pour chaque famille de victime
À la suite de ce drame, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé d’accorder une aide financière exceptionnelle de 100 millions de centimes aux familles des victimes du dramatique accident. C’est le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, qui a annoncé à la presse cette décision, soulignant que le chef de l’État suit de très près l’évolution de la situation. « Le président de la République est profondément affecté par ce drame et veille personnellement à ce que toutes les mesures nécessaires soient prises », a-t-il affirmé. Le ministre a ajouté que les modalités de distribution de cette aide financière seront précisées dans un communiqué officiel à venir. Ce geste présidentiel se veut un soutien immédiat aux familles frappées par cette tragédie.
Un deuil national d’un jour
Face à l’ampleur de la tragédie, le président Tebboune a décrété un deuil national d’un jour à partir de vendredi soir. Dans un communiqué, la Présidence de la République a précisé que l’emblème national sera mis en berne en hommage aux victimes. Le Président a exprimé sa profonde tristesse et adressé un message de compassion aux familles touchées. « C’est avec une profonde affliction que je me recueille sur l’âme de nos concitoyens décédés dans ce tragique accident. En cette douloureuse épreuve qui nous a tous endeuillés, je tiens à présenter mes sincères condoléances et ma profonde sympathie aux familles des victimes, priant Allah Tout-Puissant d’accorder aux défunts sa miséricorde, de les accueillir en Son vaste Paradis et d’apporter patience et réconfort à leurs proches », a écrit le Président Tebboune.
Ouverture d’une enquête officielle
En effet, une enquête officielle a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de l’accident. Selon le ministre des Transports Saïd Sayoud; plusieurs pistes sont explorées, citant une défaillance technique du bus, ou un défaut de la barrière de sécurité du pont, ou alors une erreur du conducteur. « Une enquête sera menée pour connaitre les causes exactes de cet accident », a-t-il annoncé dans des déclarations à la presse sur le lieu du drame. Le ministre a regretté la recrudescence des accidents de la route en Algérie, soulignant que 90% de ces accidents sont dus à l’imprudence des chauffeurs et à l’excès de vitesse. Soulignant dans ce cadre, que cet accident vient rappeler la nécessité d’une vigilance accrue. Le renouvellement du parc de transport, la rigueur dans le contrôle technique des véhicules et la sensibilisation des conducteurs figurent parmi les priorités urgentes soulignées par les responsables. Saïd Sayoud, qui a présenté ses condoléances à l’occasion pour les familles des victimes de l’accident, a indiqué que la rénovation et la modernisation du parc roulant des bus est à l’ordre du jour du gouvernement. Il annoncé que 84 000 bus des transports de passagers seront progressivement renouvelés afin de moderniser le parc et de renforcer la sécurité routière. Tout en rappelant que 90 % des accidents de la circulation sont liés à l’imprudence au volant, le ministre a appelé les conducteurs à faire preuve de responsabilité pour préserver des vies humaines.
Des témoignages à chaud
Le conducteur de bus, qui transportait 27 passagers en plus de voyageurs debout, a livré un témoignage bouleversant aux médias. Selon lui, tout s’est joué en quelques secondes, « J’ai tout essayé pour reprendre le contrôle du volant, mais le mécanisme s’est totalement bloqué », a-t-il confié. Ce dernier a expliqué qu’il n’était pas chauffeur permanent. Employé occasionnel uniquement les week-ends afin d’améliorer ses revenus, il affirme qu’il avait inspecté le véhicule avant le départ. « J’ai obtenu mon permis en 2012, je n’ai jamais provoqué d’accident auparavant. Je conduis seulement en fin de semaine, et la dernière fois que j’ai pris ce bus, c’était vendredi dernier », a-t-il ajouté.
Un terrorisme routier
Cet accident vient alourdir un bilan déjà préoccupant en matière de sécurité routière dans le pays, selon les dernières données de la DGSN et de la Gendarmerie nationale, plus de 2 500 personnes ont perdu la vie sur les routes en 2024, et près de 20 000 ont été blessées.
Ainsi le dernier bilan de la Protection civile, a indiqué que 24 cas de décès et 297 blessés ont été enregistrés durant les dernières 24h. Selon la DGSN les causes principales identifiées restent l’excès de vitesse, le non-respect des distances de sécurité, l’imprudence au volant et, dans certains cas, l’état des infrastructures routières. Les accidents impliquant des bus et camions sont particulièrement meurtriers, notamment sur les grands axes reliant les wilayas. Face à cette situation, les autorités rappellent régulièrement l’importance du respect du code de la route, mais les campagnes de prévention peinent encore à inverser la tendance. Les experts soulignent qu’une approche globale est nécessaire : modernisation des routes, durcissement des sanctions contre les infractions graves, généralisation de la ceinture de sécurité, mais aussi campagnes de sensibilisation ciblant les jeunes conducteurs.
S. Oubraham