Accueil ACTUALITÉ ABDELMALEK SERRAÏ, EXPERT EN ÉCONOMIE, AU COURRIER D’ALGÉRIE : « Le monde arabe...

ABDELMALEK SERRAÏ, EXPERT EN ÉCONOMIE, AU COURRIER D’ALGÉRIE : « Le monde arabe se réveille avec une puissance financière énorme »

0

En prévision du Sommet arabe, et dans le contexte des préparatifs qui précèdent ce rendez-vous majeur et ses perspectives de développement, économique, social et politique, l’expert en économie, Abdelmalek Serraï, a mis l’accent sur deux éléments essentiels, à savoir la cause palestinienne et la coopération économique et financière.

Concernant les conflits régionaux et les éventuelles décisions attendues en vue d’un consensus arabe commun à cet égard, Mr. Serraï nous a expliqué que ce volet nécessite avant tout une lecture politico-stratégique, avant d’en évoquer les contours d’ordre financier. Sur les problématiques cruciales devant être mises en exergue lors de cet événement arabe, l’expert a déclaré que « Quoi que l’on dise, c’est un sommet classique. Comme tous les sommets qui se sont déroulés par le passé, à l’exception de deux éléments essentiels, le premier c’est la Palestine, et le second élément, c’est la relance de la coopération économique et financière au sein du Monde arabe. La situation internationale actuelle est difficile et loin d’être favorable, et le monde arabe s’est retrouvé pratiquement comme une des premières puissances mondiales, après l’Europe, les États-Unis, la Russie et la Chine, sur le plan des moyens financiers et des moyens humains, du territoire, des eaux pluviales, et des ressources maritimes ».

« Le rôle des pays clés tels que l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Egypte et l’Algérie, et leur impact sur la coordination inter arabe »
« La situation oblige les États membres à réveiller toutes ces institutions dormantes, à l’image de la Ligue arabe elle-même, qui est plus ou moins très attachée au ministère des affaires étrangères de l’Égypte, mais également le Conseil économique et social, ainsi que les banques arabo-islamiques, qui restent décriées depuis plus de vingt ans, pour le financement de la promotion du commerce inter arabe. S’ajoute à ces institutions les organisations d’ingénieurs, d’agronomes et d’avocats, et la plupart des institutions régionales ou sous régionales au niveau de leur création ou de leur siège, qui malheureusement n’ont pas joué leur rôle dynamique qui était normalement destiné au départ », dira entre autres notre interlocuteur, s’argumentant par l’émergence de pays pivots au sein de la sphère arabe, où l’Algérie aura un rôle essentiel, au-delà de sa présidence du sommet, en lui-même. Et d’ajouter : « Ce sommet-là, a cette prétention de réveiller un peu tout ce qui est dormant, dans l’intérêt général. Pourquoi ? Parce que nous avons en face de nous maintenant, une Europe qui se démène, qui commet des fautes et des erreurs, une Amérique qui pousse vers tel ou vers tout le monde, et nous avons une Arabie Saoudite qui devient de plus en plus forte et qui se repositionne au profit du monde arabe, il y a aussi l’Algérie, le Qatar et l’Égypte. Ces pays clés vont devoir jouer un rôle considérable dans le cadre d’une coordination inter arabe, pour relancer donc toute la machine arabe, notamment au niveau économique. Et là, l’Algérie a le mérite d’avoir insisté sur cette relance et cette coopération plus serrée, plus sereine entre les pays du monde arabe, en dépassant pas mal de problèmes anciens. Voilà le rôle qui est attendu et le mérite de l’Algérie sur ce sommet-là.

« Un commerce arabe qui ne reflète pas la réelle la puissance financière des États membres »
Au sujet des capacités financières dont disposent bon nombre d’États membres de la Ligue arabe, Abdelmalek Serraï a fait part de « Le Monde arabe se réveille avec une puissance financière énorme, notamment au niveau des dépôts saoudiens et émiratis, koweïtiens et qataris. J’ai vu tous les chiffres du monde arabe, c’est une opportunité pour nous tous, et tous ces responsables arabes, s’ils venaient à coopérer ensemble, nous aurions ainsi un commerce arabe plus important qui est actuellement très faible, qui est je pense, autour des  2.7 %. Nous avons la coopération financière qui reste aussi en deçà de ce que nous pouvons faire, alors qu’il y a des banques qui ont été créées pour ça. Il y a aussi la zone de libre-échange arabe, qui ne travaille pas beaucoup, parce que les pays ne l’ont pas sollicitée. Maintenant, les experts devraient réfléchir à une nouvelle organisation douanière arabe qui va permettre au monde arabe de pouvoir gérer leurs importations et leurs exportations, et qui va permettre un meilleur développement du commerce inter arabe ». À ce titre, l’intervenant a rappelé qu’il avait, lui et ses homologues arabes, eu affaire à ce genre de problématiques, en sa qualité d’expert auprès de l’instance onusienne. « Par le passé j’avais joué un rôle très important avec le ministre des Finances de l’Arabie saoudite, celui du Soudan, le ministre de l’Agriculture de l’Égypte, le ministre tunisien aussi, nous avons joué un rôle très important en tant qu’experts auprès des Nations unies, par nos points de vues sur le plan technique »

« Nous sommes capables de nous mesurer aux groupes économiques internationaux »
Pour ce qui est des capacités des pays arabes à faire face aux différentes crises, notamment celles en rapport avec la crise alimentaire, à sa tête la crise du blé, et les opportunités qui s’offrent au Monde arabe de rivaliser avec l’Occident, l’expert dira également que « En raison de la crise économique mondiale qui va nous pousser de fond, et tout en regardant le rôle et les positions des autres puissances, on ne peut pas rester les mains croisées, car nous en avons les moyens. Il y a je pense 460 ou 360 millions d’habitants dans le monde arabe, c’est énorme, nous avons un ciel de navigation aérienne extraordinaire, des minéraux très importants, en particulier en Algérie, qui est devenue un pôle économique d’avenir, pour la mise en valeur de matière premières, sans oublier l’agriculture du sud algérien. La création de conditions sous régionales, d’abord arabes, pour permettre de se mesurer à des groupes économiques internationaux, notamment le groupe européen et le groupe asiatique. Les arabes ont compris qu’il faut se regrouper encore une fois, même si nous l’avons déjà fait par le passé à travers toutes ces institutions, mais ce fût sans impact. Maintenant, avec l’obligation de résultats, et cette crise du blé qui fait peur à tout le monde, l’Algérie et le Soudan viennent ainsi au secours et plus ou moins réduire la crise engendrée par la crise en Ukraine ».

« L’Algérie a gagné des points en termes de diplomatie sage, de cote d’investissement et de capacités agricoles »
Non sans aborder la place prépondérante du travail diplomatique algérien, « L’Algérie maintenant se place très bien, pour plusieurs raisons. En premier, grâce à la stabilité, ensuite, la diplomatie algérienne joue aujourd’hui un rôle de sagesse extraordinaire, nous sommes en train de ramasser le maximum de points, nous sommes en train de réduire tous les différends qui existaient par le passé, par ci par là, mais surtout, l’Algérie a maintenant une forte puissance par rapport à sa cote d’investissement, qui ouvre la manne à d’éventuels investisseurs, et nous avons également ces millions de terres dans le sud, car seuls l’Algérie et le Soudan ont des conditions favorables à la culture des céréales, notamment en considération de la question de la sécurité alimentaire, le monde arabe va ainsi se retrouver sur pas mal de points, et l’Algérie sera un très grand chantier arabe sur le plan de la culture des céréales, de même que le Soudan. Certes, il y a eu par le passé des tentatives koweïtiennes, émiraties, qataries et égyptiennes, pour financer des propriétés agricoles très importantes, mais avec la nouvelle orientation de l’Algérie et son ouverture sur l’investissement, je pense que ces millions d’hectares entre l’Algérie et le Soudan, un peu l’Égypte, le Maroc, la Tunisie et la Syrie, nous aurons d’ici cinq ans un chantier arabe qui va se développer Inchallah.

« Esquiver les dépenses militaires ne sera possible que par une résolution politico-stratégique des conflits »
Enfin, sur les questions des crises et des conflits, et leur impact direct sur les dépenses abusives allouées à leur résolution et dénouement, au dépend d’autres priorités, comme soutenir la croissance des pays arabes pauvres, l’ancien expert aux Nations unies soutient qu’il faudra au préalable régler les problèmes politiques, avant de parler de moyens financiers mobilisés au profit de ces crises. Prenant à titre d’exemple la crise au Yémen, Serraï a précisé que « C’est un conflit régional et politique qui dépasse le cadre énoncé, un problème sidérant qui pousse les parties yéménites à développer leur présence. Donc quand il s’agit d’une question politique et stratégique, ça dépasse tout le monde. L’Arabie saoudite essaie par tous les moyens de limiter la tendance iranienne vers le monde arabe, et effectivement, cela coûte très cher. C’est une question à discuter d’abord de manière politique, avant d’arriver au problème financier. Trouver une solution avec l’Iran, de manière à ce que cette dernière arrête ses poussées vers le monde arabe, à ce moment, on pourra éventuellement esquiver les dépenses militaires énormes, qui sont consacrées à ce genre de conflit. Effectivement, ça consomme beaucoup d’argent, la preuve l’Arabie saoudite ressent cette situation-là, mais on ne peut pas se prononcer tant que nous n’avons pas pris position sur le conflit, et la manière de gérer le conflit arabe et l’Iran, parce que, ce que nous avons enregistré ces jours ci, c’est qu’il y a une tendance populaire en Iran, un problème qu’il faut d’abord régler sur le plan politique, avant de parler des problèmes financiers », ajoutant sur cette question de crise, d‘une manière globale et sur l’approche que comptent apporter les experts et officiels lors du sommet de demain : « Ces questions vont être posées et assouplies, notamment après le revirement solidaire de l’Arabie saoudite avec l’Algérie et la Russie sur le plan du pétrole, et plus ou moins debout par rapport aux État-Unis, même l’Iran a fait des clins d’œil pour améliorer sa relation avec le monde arabe, il y a un effet de boomerang qui va permettre au monde arabe de créer une nouvelle dimension économique ».
Propos recueillis par Hamid Si Ahmed 

Article précédentDémantèlement d’un réseau spécialisé dans l’émigration clandestine à Mostaganem
Article suivantPAR LA VOIX DE RIYAD AL-MALIKI : La gratitude des Palestiniens