Un an jour pour jour avant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la Première ministre britannique Theresa May s’est rendue jeudi aux quatre coins du Royaume-Uni pour tenter de rassembler et rassurer ses concitoyens sur un Brexit toujours très clivant.
Pour la cheffe du gouvernement, il s’agit d’»entendre ce que les gens, partout dans le pays, pensent du Brexit». Se disant pour sa part convaincue que l’avenir sera «radieux», Theresa May a brossé avant ce périple le portrait d’un futur Royaume-Uni prospère, «ayant repris le contrôle de (ses) lois, (de ses) frontières et (de son) argent» et «commerçant librement avec ses amis et ses partenaires en Europe et au-delà».
La Première ministre a commencé son tour du pays par l’Ecosse, où elle a visité une usine textile dans la ville d’Ayr. «Le Brexit nous offre des opportunités. Je veux nous voir nous rassembler, les quatre nations du Royaume-Uni», a-t-elle déclaré. Elle a ensuite rencontré un groupe de parents et d’enfants à Newcastle (Angleterre) puis a déjeuné avec des agriculteurs près de Belfast, en Irlande du Nord, avant de se rendre à Barry (Pays de Galles) à la rencontre d’entrepreneurs gallois. Dernière étape : une rencontre avec des Polonais installés à Londres.
«Horizon glorieux»
Le Royaume-Uni doit quitter l’UE le 29 mars 2019, deux ans après avoir déclenché la procédure de divorce et presque trois ans après avoir voté à 52% en faveur du Brexit au référendum du 23 juin 2016. Face à l’impossibilité d’obtenir un accord sur la future relation britannique avec ses ex-partenaires avant cette échéance, Theresa May a obtenu une période de transition jusqu’à fin 2020, pendant laquelle Londres n’aura plus son mot à dire sur les décisions de l’UE mais continuera à accéder au marché unique. «Notre voyage national pour sortir de l’UE touche presque à sa fin et un horizon glorieux s’offre à nous», a clamé le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, fer de lance du camp «leave», dans les pages du Daily Express. Le quotidien farouchement anti-UE cite un sondage effectué auprès de plus de 2.000 personnes sur internet, d’après lequel 65% des votants sont opposés à un deuxième référendum. Selon l’expert en sondages John Curtice, «une majorité de gens est toujours opposée» à un second vote, mais «l’écart se réduit». Le député britannique eurosceptique Nigel Farage est quant à lui convaincu qu’»il n’y aura pas de second référendum». «Nous allons quitter l’UE l’an prochain et je pense que la Commission européenne l’accepte maintenant», a-t-il déclaré jeudi. Mais le sujet continue de diviser le Royaume-Uni et plusieurs mouvements favorables à l’UE surfent sur les incertitudes du Brexit pour tenter d’inverser ce processus. L’un d’eux, Best for Britain, a entamé mercredi une campagne d’affichage demandant à avoir «le dernier mot» sur l’accord du divorce.
«Acte autodestructeur»
«Nous devrions savoir à quoi ressemble l’accord et ensuite nous prononcer dessus», a renchéri l’ex-Premier ministre travailliste Tony Blair au cours d’une conférence à Londres. Opposé au Brexit, qu’il considère comme la plus grande décision prise par son pays depuis la Deuxième Guerre mondiale, il a estimé que le Royaume-Uni avait besoin de l’UE pour peser face à des poids lourds comme la Chine, l’Inde et les Etats-Unis. «Nous pourrions être un acteur mondial puissant et important, mais (…) nous retirer de notre plus gros marché et de la plus grande union politique du monde est un acte autodestructeur extraordinaire», a-t-il dit. Theresa May a affirmé qu’avec le Brexit, les différentes provinces constitutives du Royaume-Uni bénéficieraient de pouvoirs de accrus, jusqu’alors détenus par Bruxelles, tentant de les rassurer face au «coup de force» de Londres que redoutent certains.
Elle s’est aussi engagée à «protéger l’intégrité du Royaume-Uni dans son ensemble», quand la question de la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et la république d’Irlande voisine (membre de l’UE) continue de freiner les négociations avec l’UE.