Jamais de mémoire d’homme, une campagne électorale, de plus, pour une élection présidentielle, pourtant jugée cruciale pour l’avenir du pays, n’a été si morose et glaciale, comme celle que nous vivons depuis plus d’une semaine à travers le pays, par les périples des cinq candidats en lice pour le scrutin du 12 décembre prochain.
Il suffit de faire une virée, en plein air, à travers les rues et les boulevards, les quartiers, des grandes et petites villes, et même les villages du pays, pour voir que ce sont des journées ordinaires, où rien n’indique que le pays s’apprête à vivre un rendez-vous électoral, qu’on dit, crucial, dans un peu plus de quinze jours. Les panneaux d’affichages installés çà et là par les services des Assemblées communales qui, jadis, et pour la même occasion, affichaient les posters de candidats ou ailleurs des pancartes du marketing politiques suspendus, il n’en est rien, depuis plus d’une semaine, depuis le lancement de la campagne électorale, qui peine à tourner en plein régime. Les permanences des cinq candidats en lice, Ali Benflis, Abdelmadjid Tebboune, Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina, sont loin de vivre une effervescence, comme ce fut le cas, des précédentes joutes électorales, et de surcroît d’une présidentielle, marquée par des scènes de liesse. Les cinq candidats à la magistrature suprême, notamment leurs conseillers respectifs ne semblent pas être en mesure d’offrir un marketing et surtout l’habillage qu’il faut, à une campagne électorale, pour gagner le pari premier : convaincre les votants d’aller le jour J, aux bureaux de vote et en second pour glisser l’urne en faveur de tel ou tel candidat. Ils semblent être déconnectés de la réalité, d’autant plus qu’il s’agit d’une nouvelle réalité, de l’après 22 février dernier. Les citoyens refusent d’aller voter et l’ont fait entendre, vendredi dernier, lors du 40e vendredi de mobilisation pacifique pour le changement, marquant ainsi le 9e mois du mouvement populaire pacifique du 22 février. La campagne électorale qui entame sa deuxième semaine peine à tourner à plein régime. Entre sorties électorales timides ou à la dérobade, les postulants à la fonction du futur Président de la République se contentent de lancer des promesses et des propositions de sortie de crise, et leurs discours politiques respectifs peinent à être à la hauteur, d’une élection, qu’ils affirment cruciale. L’annulation du premier meeting, d’Abdelmadjid Tebboune, le premier jour du début de la campagne électorale, celle annoncée du SG par intérim du Rassemblement national et démocratique (RND), Azzedine Mihoubi, peu de temps avant le début , samedi dernier, du Forum d’Elmoudjahid, suivi, hier, par Abdelaziz Belaïd et d’autres situations, donnent un air morose à cette campagne qui peine à atteindre sa vitesse de croisière. Les panneaux d’affichages demeurent sans visage des candidats, quand d’autres ont été exploités par ceux qui s’opposent au scrutin, collant les photos des détenus du mouvement populaire pacifique, dont celui de l’ex-commandant de l’ALN, Lakhdar Bouregâa.
Brahim Oubellil