Une série de localités tenues par les rebelles syriens dans la région de Deraa ont accepté samedi de passer sous le contrôle du gouvernement face à l’effondrement des lignes insurgées dans cette région du sud-ouest de la Syrie sous le feu d’intenses bombardements. La région de Deraa, proche des frontières de la Jordanie et du Golan annexé par Israël, a été en 2011 l’un des premiers foyers de la contestation contre le président Bachar al Assad. En cas de défaite dans ce secteur, les rebelles ne se retrouveraient plus qu’avec un seul bastion : la zone autour de la province d’Idlib, frontalière avec la Turquie, dans le nord-oust de la Syrie. Les rebelles syriens de la province de Deraa ont rencontré samedi les négociateurs de la Russie, alliée de Bachar al Assad, pour tenter de trouver un accord de paix, mais ils ont dit avoir échoué. Les négociateurs russes avaient demandé aux rebelles d’accepter un accord similaire à celui obtenu au printemps dernier pour la Ghouta orientale, en périphérie de la capitale Damas. Les insurgés avaient alors accepté de reconnaître l’autorité du gouvernement ou de quitter la Ghouta avec leur famille à destination des zones contrôlées par l’opposition dans le nord de la Syrie. Des groupes dans plusieurs localités reprises par l’armée syrienne ces derniers jours ont négocié leurs propres accords de reddition de façon indépendante après de lourds bombardements aériens. Les rebelles disent avoir repris à l’armée plusieurs villes et villages ce samedi mais, globalement le terrain perdu reste important depuis le début de l’offensive de l’armée, le 19 juin. Les villes d’Al Gharia al Charkia et de Dael ont accepté la souveraineté du régime de Damas, a rapporté samedi la télévision publique syrienne, qui ajoute que le drapeau syrien a été hissé par les forces pro-Bachar. Des images retransmises en direct de Dael ont montré une foule scandant des slogans en soutien au président syrien et à son armée.
DIX MORTS DONT CINQ ENFANTS
Depuis son déclenchement, l’offensive de l’armée syrienne et de ses alliés sur Deraa a causé la mort d’une centaine de civils, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée à Londres mais qui dispose d’un réseau d’informateurs sur le terrain. Le négociateur en chef de l’opposition syrienne dans les négociations internationales, Nasr al Hariri, a déploré jeudi le «silence des Etats-Unis» face à cette offensive, alors que Deraa avait pourtant été proclamée l’été dernier «zone de désescalade» à la suite d’un accord entre les Etats-Unis, la Russie et la Jordanie. Pendant ce temps, des milliers de personnes déplacées affluent vers les zones frontalières moins susceptibles d’être touchées. Les Nations unies disent craindre une catastrophe humanitaire. Après l’échec des négociations de samedi, les avions de guerre ont lancé une nouvelle vague de frappes contre les localités rebelles de Bosra al Cham, al Nouaïma et d’autres secteurs, a rapporté l’OSDH. Une frappe a fait au moins dix morts, dont cinq enfants, à al Sahoua, à l’est de Deraa, ce qui porte à 126 le nombre de civils tués dans l’offensive depuis le 19 juin, selon l’OSDH.