La belle mécanique espagnole a connu des ratés au premier tour du Mondial-2018 mais s’est malgré tout qualifiée comme première de groupe avec l’aide de l’arbitrage vidéo. Défense friable, jeu poussif… La Roja mettra-t-elle le turbo contre la Russie dimanche en huitièmes ?
Derrière, ça grince Le plus inquiétant pour l’Espagne est d’avoir concédé autant d’occasions et pris autant de buts (5 en 3 matches), elle qui a été championne du monde en 2010 en systématisant les victoires 1-0. «On doit s’améliorer, faire l’autocritique nécessaire parce que cinq buts en trois matches, ça ne marche pas comme ça», a pesté le sélectionneur Fernando Hierro. Lundi, sans une intervention de l’assistance vidéo (VAR) pour valider un but signé Iago Aspas face à un Maroc déjà éliminé (2-2), les Espagnols auraient subi une défaite méritée. «Vive la Var ! (mais comme ça on ne gagnera pas le Mondial)», a résumé en une le quotidien sportif Marca. Les faiblesses physiques et aériennes des petits gabarits ibériques sont connues: cafouillage défensif entre Sergio Ramos et Andrés Iniesta, mauvais marquage sur corner… «L’équipe se replie mal, les défenseurs centraux pèchent par excès de confiance. Sans parler du gardien…», a pointé dans un éditorial Alfredo Relaño, directeur du journal sportif As. David de Gea concentre les critiques. Le gardien de Manchester United a encore perdu un face-à-face, cette fois contre Khalid Boutaïb (14e), avant certes d’en gagner un second (25e). Et les options manquent pour le remplacer, Pepe Reina (35 ans) étant surtout un ambianceur et Kepa sans doute trop tendre (23 ans). «Il serait normal que l’Espagne prenne une volée un de ces jours», résume Marca.
Devant, ça cale
Meilleure attaque du groupe B avec 6 buts, l’Espagne semble avoir de la ressource offensivement. Mais elle ne le montre que par éclipses, à l’image des duettistes Iniesta-Silva, trentenaires qui font leur âge. «Silva n’est pas là. Iniesta distille quelques onces de son talent», écrit Alfredo Relaño, déplorant que le style de jeu espagnol, ce tourbillon de passes censé donner le tournis aux adversaires, peine à fonctionner. Les intéressés en conviennent volontiers: «On devrait contrôler davantage par le biais de la possession», a reconnu Isco, le meilleur Espagnol de la phase de groupe, tout en se voulant optimiste: «J’ai confiance en cette équipe pour faire mieux que les premiers matches.»
Que peut faire Hierro ? Bombardé sélectionneur à la veille du Mondial après l’éviction surprise de Julen Lopetegui, l’ancien directeur sportif de la fédération a des choix forts à faire: maintenir les vieux grognards ou bien faire place aux jeunes (Asensio, Lucas Vazquez, Saul…).
En pointe, Diego Costa a fait son trou avec 3 buts, même s’il a moins pesé contre le Maroc. Mais Aspas, cet attaquant atypique, joueur et agile, présente des statistiques de feu: 6 buts en 12 sélections. Hierro osera-t-il sacrifier Silva pour jouer avec deux pointes ?
Dimanche, ça chauffe
L’une des seules satisfactions de cette première phase, pour la Roja, est mentale: menée quatre fois au score, elle a égalisé quatre fois et n’a rien lâché. «On a commis une erreur, puis on a très bien réagi. Nous avons terminé premiers, c’était l’objectif», a souligné lundi Fernando Hierro.
Les Espagnols débutent désormais une nouvelle compétition. Avec peut-être un petit avantage en terme d’adversaires, si les derniers matches de la phase de poules envoient bel et bien plusieurs favoris dans l’autre partie du tableau. Reste à retrouver de l’allure dimanche contre la Russie, pays-hôte, dans la chaude ambiance du stade Loujniki de Moscou.
Les Russes avaient d’ailleurs tenu tête à l’Espagne en amical en novembre (3-3). «On va devoir rivaliser avec tous les supporters locaux, mais de toute façon un match se perd ou se gagne sur le terrain, pas en dehors. Nous avons des joueurs habitués à jouer dans ce genre d’ambiance», a dédramatisé Hierro. «Nous savons que cela va être un adversaire difficile. Mais si on veut poursuivre notre lancée, on n’a pas le choix.»