Grande innovation de cette Coupe du monde, la vidéo a marqué de son empreinte les matches Iran-Portugal et Espagne-Maroc. Sans toutefois faire l’unanimité. C’était la révolution qu’attendaient ou redoutaient des millions de fans de football : l’arbitrage vidéo.
De nombreuses situations ont été analysées du penalty accordé à Antoine Griezmann contre l’Australie ou la simulation de Neymar. Mais les deux rencontres de lundi soir ont brouillé l’image de cette innovation. « La VAR, c’est bullshit ! « Captée par les caméras, la sentence de l’ailier marocain Noureddine Amrabat est venue conclure une difficile soirée sur le front de l’assistance vidéo à l’arbitrage. Avec Iran-Portugal (1-1) et Espagne-Maroc (2-2), la dernière journée du groupe B était tendue et riche d’enjeux lundi et elle s’est finie dans une certaine confusion, entretenue plus qu’apaisée par la VAR. Côté marocain, la colère était nourrie par le but de l’égalisation espagnole dans le temps additionnel, inscrit par Iago Aspas et validé après une très longue attente et la vérification des images pour un éventuel hors-jeu. Surtout, Hervé Renard et ses joueurs ont contesté la validité du corner qui a précédé le but, estimant qu’il aurait dû être frappé de l’autre côté.
Des défauts pointés du doigt
Lors de Portugal-Iran, ce sont pas moins de trois décisions qui ont porté à débat. Le penalty accordé à Cristiano Ronaldo (et stoppé par Ali Beiranvand) était il-valable ? La star portugaise aurait-elle dû être expulsée pour un mouvement du coude sur un défenseur adverse ? Y avait-il vraiment une main délibérée sur le penalty accordé aux Iraniens en fin de match ? Plus tôt dans la journée, le match Égypte-Arabie saoudite (1-2) avait lui aussi été marqué par une intervention – très longue – de l’assistance vidéo, pour finalement aboutir à la confirmation d’un penalty en faveur de l’Arabie saoudite.
Au-delà de la question de la justesse de ces différentes décisions – et de l’impact sur le nombre de penalties, déjà vingt sifflés, plus que dans toute autre Coupe du monde – la journée de lundi a mis en lumière certains des défauts de la VAR, utilisée pour la première fois en Coupe du monde cette année en Russie. Les unes des quotidiens espagnols ce mardi étaient à ce titre révélatrices de la place prise par le dispositif, pourtant censé rester discret : « Merci la VAR ! « pour Mundo Deportivo et « Vive la VAR ! « pour As et Marca. Pas un mot pour le but magnifique de Iago Aspas. La frappe sublime de Quaresma sur le but portugais a elle aussi été oubliée au profit des faits de jeu liés à l’arbitrage. Les réactions furieuses des joueurs ont par ailleurs mis à mal l’idée selon laquelle la présence de la vidéo mettrait fin aux contestations et aux polémiques.
Jugement à la tête du client ?
Carlos Queiroz, le sélectionneur portugais de l’Iran s’est de son côté demandé si l’arbitre vidéo ne jugeait pas à la tête du client. « La réalité c’est ça : vous stoppez le jeu pour la VAR. Il y a un coup de coude. Un coup de coude, c’est carton rouge dans les règles. Dans les règles, il n’est pas précisé si c’est Messi ou Ronaldo… « a-t-il pesté. Au total, la VAR a affiché lundi certains des principaux défauts soulignés par ses détracteurs : omniprésente, lente et pas particulièrement incontestable. L’ancien avant-centre de l’Angleterre Alan Shearer en a tiré sur Twitter une conclusion abrupte : « La VAR est une connerie absolue. « Interrogée, la Fifa renvoie de son côté au point-presse qui sera organisé vendredi, lors duquel sera présenté un bilan de l’arbitrage lors du premier tour.
Lors de ce rendez-vous, la Fifa, dont le président Gianni Infantino a pesé de tout son poids pour obtenir l’introduction de la VAR dès le Mondial 2018, devrait s’attacher à présenter ce qui a bien fonctionné. Si deux fédérations, celles du Brésil et de la Serbie, ont déjà officiellement demandé des explications sur l’utilisation du système, d’autres en effet n’ont pas eu à s’en plaindre et des erreurs ont effectivement été corrigées. Du penalty accordé à la France et à Griezmann à celui retiré au Brésil et à Neymar, en passant par un carton jaune réattribué au bon joueur péruvien lors du match face aux Bleus, il y a eu des interventions avisées des assistants vidéo, avec des durées globalement raisonnables jusqu’à lundi. Mais l’une des questions centrales demeure, celle de l’uniformité. Pourquoi la VAR est-elle intervenue lundi sur la main du Portugais Soares mais pas vendredi quand le Serbe Mitrovic a été pris en sandwich par deux Suisses ?