Les députés ne souhaitent pas une TVA sur les activités de l’industrie naissante d’assemblage automobile en Algérie. Une TVA à 19 % serait fortement rejetée lors des débats prévus la semaine prochaine, après la fête de l’Aïd el Fitr.
Dans le cadre du projet de loi de finances complémentaire 2018, examiné dimanche dernier par les membres de la commission des Finances et du Budget de l’APN avec le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, plusieurs députés ont proposé des amendements visant à supprimer cette nouvelle taxe. Arguant du gel des licences d’importation des véhicules et d’une production nationale suffisante pour couvrir la demande, le gouvernement veut imposer un TVA à 19 % sur les importations des kits SKD/CKD, utilisés par les usines d’assemblage automobile en Algérie. La majorité des députés ont rejeté, lors de la rencontre de dimanche avec le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, la proposition du gouvernement d’appliquer un taux de TVA à 19 % sur les activés des investisseurs en automobile. Cet amendement avait pourtant été appuyé par le président de la commission des finances et du budget à l’APN, Toufik Torche, se justifiant que «le marché de l’automobile ne profite actuellement ni aux citoyens, ni à l’État». La proposition de la TVA est portée par le ministre du Commerce, Saïd Djellab, dont le département veut ramener les assembleurs nationaux à fixer des prix raisonnables. Pour El-Houari Tigharsi, député FLN et membre de la commission des Finances, de la réinstauration de TVA sur les usines d’assemblage de véhicules «ne va pas apporter un plus». Le député se défend que cette nouvelle taxe «n’encourage pas le climat d’investissement en Algérie», d’autant plus que «le gouvernement a octroyé des avantages fiscaux à ces investisseurs pour 5 ans, avant d’y renoncer tout d’un coup !». Le gouvernement aurait bien fait de laisser ces investisseurs aller de l’avant et réussir leurs projets, soutient Tigharsi. Plus grave encore, en plus des répercussions sur les prix de véhicule local, qui serait encore plus cher, tout cela risque la stagnation des ventes et la faillite de ces usines encore en herbe. « Pour les consommateurs, la flambée des prix des véhicules va les pousser encore à bouder l’industrie nationale. Et ici justement on est devant un autre problème : la campagne “# laissez-là rouillée !” risque d’être encore plus forte et plus agressive. Donc, ni vente ni achat. Cela n’apportera pas de revenus pour la Trésorerie public», se défend ce député. Donc, les députés sont unanimes : «la TVA ne servira ni les citoyens, ni les investisseurs». Pour Tigharsi, ceux qui ont élaboré et proposé cette TVA «n’ont pas pensé d’un point de vue rationnel et économique». «Le ministre de l’Industrie aurait mieux fait s’il avait proposé un nouveau cahier des charges. À la commission des Finances et du Budget, on – les députés – a proposé de déterminer les paramètres de prix afin de fixer le coût réel et de l’imposer ensuite sur le marché. Après, imposer une TVA n’aurait pas grand impact sur les prix », a expliqué notre source, qui défend ainsi des prix équivalents à ceux appliqués en Europe et ailleurs. « Pour imposer un coût de véhicule raisonnable en comparaison avec son homologue à l’étranger, ajoute Tigharsi, il faut instaurer une concurrence. Or, nous n’avons pas de concurrence et le jeu est complètement fermé aujourd’hui. Certains députés ont proposé le retour à l’importation des véhicules de moins de 3 ans. Cela serait très bénéfique en politique des prix et nous permettra également de tester et savoir si nos véhicules produits localement sont concurrentiels et peuvent s’imposer sur le marché ». Le même député estime qu’il y ait aujourd’hui «un certain laisser-aller sur ce dossier de la part des ministères de l’Industrie et du Commerce. Ils doivent entamer un travail commun. Chose qui n’est pas faite encore. Il n’y a que 4 marques activant sur le marché et cela n’est pas acceptable. Ce n’est pas comme ça qu’on va servir le citoyen et encourager l’investissement », regrette-t-il.
Hamid Mecheri