Le ministère de la Santé ne lâche pas de lest et continue de faire la sourde oreille aux médecins résidents qui ne cessent de demander audience auprès de la tutelle pour relancer le dialogue interrompu depuis le mois d’avril dernier. Le mouvement de contestation déclenché par les futurs praticiens spécialistes n’est pas prêt de connaitre son épilogue et promet de se poursuivre après le mois sacré, même si celui-ci a connu ses premiers signes de fissure. Ainsi, l’été promet d’être chaud sur le plan social après l’Aïd el Fitr.
Autrement, il faut dire que jamais le secteur de la Santé n’aura connu un tel mouvement de contestation, qui a plongé les hôpitaux dans le chaos, depuis le mois de novembre dernier. Un mouvement, long de sept mois, qui s’est poursuivi même durant le mois de la miséricorde et qui permet de s’enliser encore plus. Dans l’ensemble, le statu quo persiste dans ce bras de fer, et aucun signe de trêve ne se profile à l’horizon. Et pour cause, aucun dialogue n’est initié par les ministères de la Santé et celui de l’Enseignement supérieur. On assiste même à une usure parmi les résidents autour de la question de reprise des gardes et la programmation d’une session de rattrapage pour le DEMS (Diplôme d’Études médicales spécialisées).
Ainsi, au moment ou le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) se dit prêt à faire des concessions pour peu qu’il reçoit en contrepartie des garanties, la tutelle reste imperturbable et campe sur sa position. En effet, c’est le silence radio de la part du ministère de la Santé, tandis que le département de Tahar Hadjar se montre menaçant. Ce dernier avertit les Demistes de sanctions, dans la mesure où ils décident de boycotter, pour une troisième fois, le DEMS. «La session de retapage DEMS, prévue du 1er au 19 juillet prochain sera la dernière à être organisée pour l’année universitaire 2017-2018 », le ministère a indiqué, à travers un communiqué de presse, tout en notant que «les candidats au DEMS qui ne se présenteront pas à cette session de rattrapage seront considérés en situation d’abandon d’étude et par conséquent exclus ». Le rendez-vous est donné pour le 17 juin prochain (date de début des inscriptions), pour connaitre la décision finale des Demistes sur cet examen.
La reprise des gardes sème la zizanie parmi les résidents
Malgré cette situation de blocage, le Collectif a décidé de reprendre l’activité de garde, suspendue depuis le 29 avril dernier, ce qui a provoqué une « fissure » parmi les contestataires. Alors que la reprise de l’activité était prévue, pour hier, la question a semé la zizanie parmi les grévistes. En effet, les bureaux régionaux du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) de Blida et de Constantine, ont dénoncé à travers des communiqués de presse la décision, considérant le communiqué du bureau national de « non valide ». « Un communiqué non validé par l’ensemble des membres du bureau national a été malencontreusement diffusé, et ce, contre la volonté du bureau national», affirme le bureau de Constantine, qui précise que «qu’après une réunion du bureau régional de la wilaya, la décision du maintien de l’arrêt de l’activité de garde est maintenue jusqu’à nouvel ordre». C’est le cas, notamment, dans la wilaya de Blida qui rejette simplement et purement la reprise, en l’absence d’un dialogue avec la tutelle. Pour rappel, les médecins résidents avaient proposé une reprise des gardes pour le 3 juin dernier conditionnée par une relance des négociations. Faute d’une invitation au dialogue, le corps médical a renoncé à la reprise. C’est donc une question « sensible » qui crée le désaccord parmi les grévistes.
Une chose est sûre, la grève quant à elle va se poursuivre jusqu’à nouvel ordre, et les hôpitaux resteront pénalisés par cette grève lors de l’Aïd el Fitr.
Lamia Boufassa