Le président syrien, Bachar el Assad, a accusé les Etats Unis, la France et Le Royaume-Uni de prolonger et d’aggraver la crise syrienne et d’empêcher toute tentative de réconciliation entre les factions en conflits dans le pays.
«A chaque fois que nous réalisons une progression, les terroristes reçoivent davantage de soutien de la part de l’Occident qui tente de faire durer le conflit et de le rendre plus difficile encore à résoudre pour les Syriens», a souligné le président syrien dans entretien accordé à l’édition dominicale du «The Mail on Sunday «. Le président syrien accuse également les Britanniques, les Français et les Américains d’avoir «fabriqué» l’attaque chimique menée à Douma, qui a-t-il affirmé, «n’a jamais existé». Il a encore déclaré que le Royaume-Uni avait «publiquement soutenu les Casques blancs qui constituent une branche d’Al-Qaïda-Front Nosra dans les différentes zones syriennes», et que les Casques blancs ont été «utilisés» par Londres contre le gouvernement syrien.
Le président el Assad affirme que l’objectif des Britanniques depuis le début de la crise syrienne est de renverser son gouvernement, relevant que «leur échec se poursuit et ils continuent à lancer des mensonges contre notre gouvernement». Par ailleurs, il a affirmé que la présence russe en Syrie et celle du Royaume-Uni et des Etats-Unis «n’ont pas les mêmes objectifs».
«Il y a une grande différence, les Russes sont venus suite à la demande du gouvernement syrien et leur présence en Syrie est légale, de même que pour les Iraniens, alors que la présence américaine et britannique est illégale et constitue une invasion. Ils violent la souveraineté de la Syrie», a-t-il dit. Il a ajouté à cet égard, que «les régimes occidentaux en général n’acceptent aucun pays, gouvernement ou personnalité ayant une opinion différente de la leur», enchaînant que c’est le cas avec la Syrie qui est un pays «très indépendant dans ses positions politiques». «Nous úuvrons en faveur de nos intérêts nationaux et nous ne sommes pas des marionnettes pour quiconque et ils n’admettent pas cette réalité», a-t-il soutenu.
Il a d’autre part estimé que le terrorisme, aujourd’hui international, est derrière le chaos en Syrie, ce chaos, a-t-il ajouté, est «soutenu par l’Occident». Le président el Assad a encore indiqué que la Syrie est la partie principale qui lutte contre le groupe terroriste autoproclamé «Etat Islamique» (EI/Daech) avec le soutien russe et iranien, affirmant qu’»aucune autre partie n’a fait la même chose, même partiellement». Il explique ses propos en ajoutant que la Coalition occidentale conduite par les Etats-Unis «soutient Daech et attaque l’armée syrienne à chaque fois que cette dernière vise ce groupe terroriste ou qu’elle a été prise pour cible par ce dernier».
El Assad affirme à cet égard, qu’il y a quelques jours, «les Américains ont pris pour cible les forces armées syriennes dans la partie est du pays, après la victoire de l’armée syrienne sur Daech» dans cette région du pays. Il a ajouté que son gouvernement continue de lutter contre les terroristes «soutenus par les gouvernements britannique, français et américain», avant d’insister : «Nous ne pouvons réaliser aucune progression dans la lutte contre les terroristes sans le soutien de la population syrienne, même avec le soutien russe ou iranien».
Le président syrien a conclu que la Syrie est un pays souverain et qu’aucun autre pays ne décide pour lui, et que le gouvernement syrien est décidé à libérer toute la Syrie.
«C’est notre territoire et c’est notre devoir national», a-t-il dit, ajoutant tout de même que la question «ne dépend pas uniquement de l’armée syrienne, ni des terroristes, ni des événements en Syrie, mais de l’intervention étrangère».
Plus de 920.000 déplacés en 2018
Plus de 920.000 personnes ont été déplacées en Syrie au cours des quatre premiers mois de l’année, un chiffre record depuis le début du conflit il y a 7 ans, a annoncé l’ONU lundi. «Nous assistons à un déplacement massif à l’intérieur de la Syrie (…) De janvier à avril, il y a eu 920.000 nouveaux déplacés», a déclaré Panos Moumtzis, coordinateur humanitaire de l’ONU pour la Syrie, lors d’une conférence de presse à Genève. «C’est le plus grand nombre de déplacés sur une courte période de temps depuis que le conflit a débuté», a-t-il ajouté. Au total, 6,2 millions de Syriens ont quitté leur foyer à l’intérieur du pays, et quelque 5,6 millions sont toujours réfugiés dans les pays voisins, selon des chiffres de l’ONU. M. Moumtzis a précisé que les nouveaux déplacés avaient été contraints de partir en raison de l’escalade des combats dans l’ancien bastion rebelle de la Ghouta orientale et dans la province d’Idleb (nord-ouest), qui est presque entièrement contrôlée par des islamistes et des groupes rebelles extrémistes. Plusieurs attaques aériennes à Idleb ont fait récemment des dizaines de morts, dont des enfants. M. Moumtzis craint qu’avec la situation à Idleb, où vivent 2,5 millions de personnes, «nous n’avons peut-être pas vu le pire de la crise». «Nous nous inquiétons de voir 2,5 millions de personnes poussées de plus en plus vers la frontière turque», a-t-il dit. Après l’offensive réussie contre la ville d’Alep et dans la Ghouta orientale, les rebelles et des civils ont été évacués vers Idleb. Mais pour les habitants de cette ville, «il n’y a pas d’autre Idleb vers où les envoyer», a souligné M. Moumtzis. La guerre, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations pacifiques en faveur de réformes démocratiques, a fait plus de 350.000 morts et contraint des millions de personnes à l’exode.