Sanctionnant, pour la première fois, six personnes, à la tête de réseaux mafieux, impliqués dans la traite des êtres humains et les trafics de migrants, en Libye, le Conseil de sécurité (CS) des Nations unies (ONU) a décidé le gel de comptes bancaires et l’interdiction de voyage, à quatre libyens et deux Erythréens, jeudi dernier.
Lors de la séance de travail du CS sur ce sujet, jeudi dernier, Moscou avait tenu à noter que les documents à l’origine de l’annonce de ces sanctions, contenaient des informations impliquant des réseaux dans des pays européens et aux États-Unis, et de s’interroger sur «la pertinence de sanctionner six individus africains» et ignorer les filières de l’UE et des USA. Les sanctions prises par le Conseil de sécurité, contre les six personnes impliqués dans le trafic de migrants, a touché plusieurs profils, selon la liste des concernés, par ces mesures, dont un ancien porteur au port de Sabratha, accusé de trafic d’êtres humains, et qui au fil du temps, a tissé des liens avec les terroristes de Daech, ce qui met en lumière, encore une fois, la connexion avérée des différents trafics et réseaux mafieux avec les groupes terroristes, dont ceux en Libye. Concerné par ces sanctions, un des chefs des garde-côtes libyens, un ancien milicien qui avait été formé au métier de garde-côtes par les Européens et qui opérait dans la ville de Zaouïa outre d’un autre garde-côtes mis en cause qui, lui, activait entre trois régions libyennes, Sabratha, Zaouïa et Garaboulli. Impliqué dans la traite d’êtres humains et le trafic de migrant, un libyen qui était en charge de garantir la sécurité de la raffinerie de Zaouïa est concerné par les sanctions annoncées par le Conseil de sécurité de l’ONU, indiquant que ce dernier, était même impliqué, dans le trafic de pétrole avec la Tunisie, Malte et l’Italie. Ces informations et données répertoriés à l’Institution onusienne dévoilent, on ne peut mieux, l’étendu de ces activités criminelles, traite des êtres humains, trafics de migrants et dilapidation du pétrole libyen, liant les trafiquants de Libye avec leurs interlocuteurs, des européens des réseaux mafieux dans l’espace européen. La décision de l’ONU a visé également deux Erythréens, et selon des médias locaux et étrangers, ces trafiquants touchés par les sanctions onusiennes, possèdent des comptes bancaires « sous d’autres noms en Turquie et en Tunisie». Autre fait marquant l’actualité concernant la Libye, ces derniers jours, a trait au volet politique et les questions sécuritaires.
Le drone a effectué «une frappe de précision», selon Africom
Dans son annonce d’avoir abattu, dans la nuit de mardi à mercredi derniers, un responsable du groupe terroriste daech, visé par un drone américain, le commandement militaire US pour l’Afrique (Africom), a indiqué que cette frappe a été menée, en coordination avec le gouvernement d’Union nationale en Libye, (GNL) de Fayez Serraj et a visé, un véhicule 4X4, transportant le terroriste Abou Mousllim le Libyen avec trois autres personnes, près de chez lui, à près de 35 km à l’ouest de Bani Walid. L’opération militaire d’Africom, la troisième qu’effectue l’armée des États-Unis, en Libye, depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, est intervenue après une semaine, de la visite du patron d’Africom, le général Thomas Waldhauser, fin mai dernier, à Tripoli, capitale libyenne, où il a rencontré, le Chef de l’exécutif libyen, Fayez Sarraj. Dans son bref communiqué sur l’opération du drone américain en Libye, Africom souligne avoir mené une «frappe de précision» affirmant par la même occasion qu’il «maintiendra la pression» sur les réseaux terroristes. Il est à rappeler, que les forces militaires libyennes, sous la direction du maréchal Khalifa Hafter, mène depuis le mois dernier, une offensive militaire, contre les groupes terroristes, à Derna, à 300 kilomètres de la frontière égyptienne. Connu pour avoir été marqué par la présence des libyens «de leur retour d’Afghanistan», Derna, a été la première ville à tomber hors du contrôle du pouvoir central Libyen, après l’éclatement, en 2011, des évènements en Libye, qui se sont vite transformés, de crise politique en conflit armé, précipitant l’intervention de l’Otan, dans ce pays. S’agissant de la situation politique en Libye, concernant notamment le processus inter-libyen, devant mener à la tenue d’élections dans ce pays avant la fin de l’année en cours, le Conseil de sécurité s’est penché sur la question, mercredi dernier. Approuvant un document à l’unanimité, au terme de leur réunion, les membres du Conseil de sécurité, sur les élections législatives et présidentielles n’ont pas mentionné les dates avancées, lors de la Rencontre internationale de Paris, sur la Libye, fin mai dernier, sous l’égide de l’ONU. Le Conseil de sécurité demande, lit-on, «à tous les Libyens d’améliorer, par tous les moyens possibles, le climat dans lequel se dérouleront les élections nationales», citant notamment en contribuant dans un esprit constructif à l’unification des institutions militaires et économiques libyennes, à la présence de forces nationales de sécurité unifiées et renforcées, placées sous l’autorité du Gouvernement, et à l’unification de la Banque centrale de Libye. Il rappelle, avec insistance, qu’ «il est nécessaire que les États Membres cessent de soutenir les institutions parallèles qui prétendent représenter l’autorité légitime» mais, souligne-t-on «ne sont pas parties à l’Accord, comme il est précisé dans celui-ci, et de cesser tout contact officiel avec elles» indiquent les membres du CS de l’ONU. Sur les efforts consentis et ceux en cours, en direction de la scène libyenne, pour aider ce pays à renouer avec la vie politico-institutionnelle, le Conseil de sécurité, lit-on «se félicite de tous les efforts déployés pour renforcer un dialogue politique ouvert à tous les Libyens», notamment, relèvent ces membres «de l’action importante que mènent les voisins de la Libye» avant d’ajouter : «les partenaires internationaux et les organisations régionales, dans le cadre de l’Accord politique libyen» approuvé, est-il rappelé, par la résolution 2259 /2015, réitérant l’appui à l’appel lancé par le Secrétaire général pour que « toutes les initiatives soient regroupées sous la houlette de l’Organisation des Nations unies » lit-on. Sur la dernière rencontre des acteurs libyens, à Paris, le Conseil de sécurité, dit « prendre note que les dirigeants libyens se sont engagés à ce qu’il y ait des avancées» concernant les mesures importantes à prendre, en vue de la tenue des scrutins en Libye, et d’ajouter « engage tous les Libyens à collaborer avec le Représentant spécial du Secrétaire général pour les appliquer » lit-on.
Karima Bennour