Les médecins résidents, en grève depuis plus de sept mois, ont enfin, décidé de reprendre l’activité de garde à partir du 3 juin 2018. Suspendue depuis le 29 avril dernier, suite à la violente répression policière de leur marche devant l’APN, les futurs praticiens spécialistes conditionnent cette reprise de l’activité de garde par un renouement de négociations avant cette date.
« Les médecins résidents soucieux de faire valoir leur esprit du dialogue qui permettrait une issue favorable à cette situation, et après concertation de l’ensemble des membres du bureau national, nous avons adopté la décision de reprendre la participation de l’activité de garde à partir du 3 juin 2018 conditionnée par les négociations fructueuses avant cette date », écrit le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) sur un communiqué de presse rendu public à l’issue de la réunion. Optimistes, les représentants du Collectif estiment qu’un «dénouement total de la situation serait envisageable en cas de propositions satisfaisantes».
À travers le même document, le Camra réitère son «entière disponibilité» à entamer des négociations concrètes dans le cadre d’«un dialogue sincère» avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, ainsi que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour une «solution satisfaisante à ce conflit». Pour rappel, le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, a conditionné, lors d’une réunion tenue le 14 mai dernier, la reprise des négociations par la reprise des gardes, arrêtées par les médecins résidents le 29 avril dernier. Le Camra a dû prendre la décision en concertation avec la base. Pour se faire, les futurs praticiens spécialistes ont été consultés tout au long de la semaine écoulée, lors d’assemblées générales organisées dans les facultés de médecine et hôpitaux ou services hospitaliers, soit sur une plateforme de vote électronique pour les résidents d’Alger. Mais contrairement aux anciennes AG, la question n’a pas fait l’unanimité parmi les votants. Les avis étaient partagés, où certaines wilayas, à l’instar de Tizi- Ouzou, ont voté majoritairement pour la poursuite de la grève et de l’arrêt des gardes, tandis que les wilayas d’Oran et Tlemcen les résultats étaient « mitigés».
Toutefois, il convient de noter qu’un renouement du dialogue n’est pas synonyme d’un dénouement. En effet, le Pr Mokhtar Hasbellaoui ne cesse d’affirmer que la suppression du service civil n’est pas envisageable. Hier encore, lors de sa présentation au Sénat du projet de loi de la santé, le ministre a fait savoir que « le service a pour objectif d’assurer les soins dans les zones enclavées », garantissant « l’engagement du gouvernement à garantir les moyens aux médecins afin de leur permettre de passer ce service dans les meilleures conditions possibles ».
Pour rappel, la suppression du caractère obligatoire du service civil figure en tête des revendications des blouses blanches. Y figure également, le droit à la dispense du service militaire au même titre que tous les Algériens, le droit à une formation de qualité pour le médecin résident, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales, ainsi que le droit à l’agrément d’installation; à titre privé, de spécialistes en biologie clinique
Lamia Boufassa