En pointant un doigt accusateur sur l’Algérie, la Porte-parole du Bureau du Haut-commissaire des droits de l’Homme des Nations unies, Ravina Shamdasani, a provoqué la colère d’Alger, qui trouve ses allégations outrancières. Shamdasani avait qualifié les opérations de rapatriement opérées par l’Algérie de «rafles massives» et les conditions de détention d’«inhumaines et dégradantes» dans les camps miliaires de Zeralda et Blida, ainsi que le ciblage des rapatriés, qualifié «d’évaluations individualisées». Il n’en fallait pas plus pour provoquer une colère qui transparait dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, qui remettait les choses en place, hier, en exprimant «la vive désapprobation» d’Alger concernant les propos qualifiés d’inacceptables de Ravina Shamdasani. «À la suite de la récente déclaration faite par la Porte-parole du Bureau du Haut-commissaire des droits de l’Homme des Nations unies concernant les conditions dans lesquelles auraient été reconduits, dans leurs pays respectifs, des migrants séjournant illégalement en Algérie, le représentant permanent de l’Algérie à Genève a été instruit pour exprimer au Bureau du Haut-commissaire des droits de l’Homme la vive désapprobation des autorités algériennes des propos inacceptables tenus par sa porte-parole et demander des clarifications sur les raisons l’ayant conduite à faire avec une aussi insoutenable légèreté un tel procès d’intention à l’Algérie », dit le communiqué. « Ces propos, parce qu’ils se fondent sur de simples allégations parcellaires approximatives et non vérifiées, rapportées, du reste, au conditionnel, constituent une grave entorse à la vérité et un manquement grave à l’obligation de rigueur, de prudence et d’objectivité à laquelle doit s’astreindre, en toutes circonstances, le Bureau des droits de l’Homme, en particulier lorsqu’il s’agit de questions aussi sensibles et aussi complexes », souligne le MAE. « L’Algérie voudrait une nouvelle fois affirmer, de la manière la plus formelle, que, face aux graves défis dont le phénomène de la migration irrégulière est porteur, elle se doit, à l’instar de tous les États du monde, de prendre toutes les mesures qu’elle estime nécessaires pour assurer la sécurité et le bien-être de ses citoyens ainsi que des étrangers séjournant légalement sur son territoire», affirme le ministère des Affaires étrangères qui met en avant le droit et le souci de l’Algérie à assurer la sécurité de ses citoyens.
« Les mesures de reconduite aux frontières se font conformément à la loi algérienne, aux obligations internationales de l’Algérie et dans le strict respect de la dignité et des droits humains des personnes concernées ». En appelant la communauté internationale à s’attaquer aux vraies causes de cette migration, l’Algérie rappelle qu’à la source, il y a la guerre, les conflits et les famines, trois motifs dans lesquels l’Occident est coupablement impliqué. Que ce soit en Libye, au Nord-Mali, au Niger ou ailleurs, les Occidentaux savent que c’était leur politique économique, militaire ou géostratégique qui a généré le chaos qui pousse les migrants à prendre toujours le chemin de l’Europe, l’Algérie n’étant qu’un passage obligé. Des dizaines de milliers de Maliens trouvent refuge dans les grandes villes d’Algérie et y travaillent ; pour certains l’installation s’est faite dans l’apaisement, et on les retrouve quotidiennement avec femmes et enfants, travailleurs sérieux et sans problèmes. Mais pour d’autres, électrons libres dans la nature, les autorités se devaient de procéder à certains choix faits, certes dans la douleur, mais nécessaires à la sécurité et à la réglementation des flux migratoires incessants. Un bref rappel : plus d’une vingtaine de nationalités trouvent refuge, asile et travail en Algérie, à un moment de crise économique aiguë que traverse le pays. L’Europe, qui est la destination finale de cette migration, doit se décider à trouver les bonnes réponses que ces flux posent chaque jour.
F. O.