En dépit de leur forte présence en Algérie et des colossaux avantages qui leurs sont accordés par les pouvoirs publics, les banques étrangères domiciliées en Algérie ne participent pas de manière concrète au financement de l’économie nationale. Ce constat a été maintes fois dénoncé par les experts, les économistes et les chefs d’entreprises algériens. Pour s’en dissimuler, des politiques dissuasives sont adoptées par ces mêmes banques pour décourager toute velléité de vouloir contacter des crédits d’investissements: coefficient de garantie et de solvabilité outrancièrement élevé, voir carrément intenable pour la plupart des PME algériennes, des prix excessifs appliqué aux crédits et au meilleur des cas, imposition de modalités de financement incompatibles avec les plans de mise en place de l’investissement en question. Cela va sans parler des taux de rémunérations des dépôts bancaires appliquées par ces banques en Algérie qui demeurent très dérisoires voir presque négligeables du point de vue comptable. Trois arguments sont souvent mis au devant par les banques étrangères pour justifier une telle réticence à financer les PME algériennes. D’abord, les responsables des banques étrangères argumentent que dans un contexte de forte asymétrie d’informations, les risques pressentis sont fort souvent dissuasifs. Ensuite il est évoqué, la faiblesse de la part des apports personnels des demandeurs de crédits, associée aux coûts de transaction élevés et impliquant des coûts fixes proportionnellement trop importants, et finalement, la faiblesse des environnements juridique et judiciaire qui ne permet pas de garantir une sécurisation satisfaisante des crédits. Face à cette réticence naturellement forte des banques à pénétrer le marché des PME Algériennes, réticence entretenue par une insuffisante compétition bancaire qui pousse ces banques étrangères à rester sur des marchés de niche et ceux des services liés au crédit à la consommation et au crédit à l’import-export qui profite aux économies des pays mères de ces banques, l’État algérien demeure dans l’expectative que le monde de la finance, les banques en tête, reviennent à des sentiments meilleurs se dérobant du devoir que l’État algérien a d’imposer des règles d’un jeu qui soit profitable à toutes les parties. Les banques étrangères installées sur le sol algérien ont cette foncière préférence pour le créneau de l’import-import et des crédits à la consommation. En effet, si le crédit à la consommation offre à ces banques l’opportunité de gagner facilement de l’argent grâce à l’application de taux d’intérêt très élevés (entre 14%et 16%), le créneau de l’import-export permet à ces mêmes banques de transférer en devises les dividendes et de soutenir surtout les entreprises étrangères exportatrices. Concernant le créneau du crédit à la consommation, il faut retenir qu’au niveau des banques étrangères et l’espace de moins de 5 ans, l’encours des crédits à la consommation et des découverts ont respectivement augmenté de 29.6% et de 42.5%, alors que sur cette même période, le PIB a augmenté de moins de 1,60 % seulement. Autrement dit, l’endettement des ménages algériens augmente beaucoup plus vite que l’activité économique du pays dans son ensemble, tandis que le premier gagnant de l’affaire demeure les banques étrangères qui veulent que l’économie du pays demeure dans un état de catalepsie chronique.
Zacharie S Loutari
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