Au moins 35 personnes ont été tuées mardi, par un tir de roquette des rebelles sur un marché de la banlieue de Damas, fief du régime qui poursuit une offensive meurtrière contre la Ghouta orientale, dernier bastion insurgé aux portes de la capitale.
Il s’agit du tir le plus meurtrier des rebelles sur la capitale syrienne depuis le début du conflit en 2011, alors que la Ghouta orientale a connu une nouvelle journée meurtrière avec la mort de 38 civils dans des bombardements imputés au régime de Bachar al-Assad ou à son allié russe, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). La Ghouta orientale est la cible depuis le 18 février d’une offensive dévastatrice qui a tué plus de 1.450 civils, selon l’Observatoire. En un mois, le régime, soutenu par la Russie, a reconquis plus de 80% de l’enclave rebelle, et il s’avère plus que jamais déterminé à en reprendre le contrôle total. Au moins 35 personnes, principalement des civils, ont été tuées mardi dans un tir de roquette qui a touché un marché de la banlieue de Jaramana, à l’est de Damas, selon l’agence officielle Sana. Un point de contrôle de l’armée se trouve dans le secteur qui compte de nombreuses boutiques, selon des habitants. L’attaque a été imputée par Sana «aux rebelles de la Ghouta orientale». «On a été pris de terreur avec la puissance de l’explosion», a indiqué à l’AFP l’infirmière Hania, une habitante de la banlieue de Jaramana. «J’étais près du secteur, il y a un barrage de l’armée, il y avait plein de monde achetant des cadeaux pour la fête des mères» célébrée mercredi, en Syrie, a confié à l’AFP un chauffeur de taxi, 41 ans, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. «On aurait dit un missile pas une roquette».
«Sauver Damas»
Même si la capitale est relativement épargnée par la guerre, elle est régulièrement le théâtre de violences. Ainsi, les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont montré qu’ils restaient une menace, en s’emparant de la totalité d’un quartier où ils se trouvaient dans la périphérie sud de la capitale, au terme de combats. «L’EI a pris le contrôle total de Qadam et 36 membres des forces du régime et combattants alliés ont été tués», a affirmé l’OSDH. Laminés en Syrie, les jihadistes maintiennent une présence dans la banlieue sud de Damas, même s’ils ne contrôlent plus que moins de 5% de la Syrie. Dimanche, le président Assad avait félicité ses troupes dans la Ghouta orientale pour avoir «sauvé Damas», alors qu’elles poursuivent leur offensive meurtrière contre les derniers secteurs rebelles. Grâce à l’appui de l’indéfectible allié russe, le régime a pu reprendre le contrôle de plus de la moitié du pays, ravagé depuis 2011 par une guerre meurtrière qui a fait plus de 350.000 morts. Frappes aériennes et tirs d’artillerie se sont abattus mardi sur plusieurs localités tenues par la rébellion, et des combats opposaient rebelles aux forces du régime sur plusieurs fronts, selon l’OSDH. Au moins 29 civils ont péri à Douma, grande ville rebelle, et les ambulances peinaient mardi à évacuer les blessés, alors que les bombardements ,se sont poursuivis tout au long de la journée, a rapporté un correspondant de l’AFP. Dans un hôpital de la ville, le correspondant de l’AFP a pu voir un médecin et un infirmier raser les cheveux d’une fillette pour retirer un morceau de bois de la taille d’une main, planté dans son crâne. Neuf civils ont par ailleurs été tués dans les bombardements visant d’autres localités, selon l’OSDH.
Civils «terrifiés»
Près de 70.000 personnes ont fui les secteurs rebelles dans la Ghouta au cours des derniers jours. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a dénoncé les bombardements incessants de milliers de civils «terrifiés et pris au piège». «Les familles fuient (l’enclave rebelle), mais de nombreux civils craignent des représailles en raison de leur soutien présumé aux groupes de l’opposition», a-t-il affirmé. Sur un autre front de la guerre, dans le nord de la Syrie, la Turquie s’est dit prête lundi à élargir son offensive contre une milice kurde, après avoir pris le contrôle de l’enclave kurde d’Afrine. La police militaire turque s’est déployée mardi dans la ville d’Afrine, selon l’OSDH, qui a qualifié la situation sécuritaire sur place de «chaotique». L’offensive turque lancée le 20 janvier vise la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), classée «terroriste» par Ankara mais allié précieux de Washington dans la lutte contre l’EI. Elle a déplacé des dizaines de milliers de personnes, qui ont notamment trouvé refuge dans des secteurs voisins. Mardi, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant-Rouge syrien ont distribué de l’aide dans la ville de Tal Rifaat, notamment du pain, de l’eau et des couvertures.