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Mourad Haddadi, expert en électricité solaire, fait le constat des énergies futures : «L’Algérie possède, en l’électricité solaire, un produit hautement exportable !»

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À l’heure où l’on parle de diversifier l’économie en procédant à privilégier de nouvelles sources de financement s’appuyant sur l’agriculture et les énergies renouvelables, il était plus que temps de donner la parole aux experts du domaine pour éclairer, d’un jour nouveau, les potentialités de l’Algérie : dans quelle mesure elle peut en bénéficier et quelles en seront les retombées immédiates.

Le laboratoire du professeur Mourad Haddadi ressemble à un fourre-tout où composants électroniques, parties éparses de postes radio ou télé, gribouillages de formules scientifiques sur des feuilles de papier, bouts de fils électriques et dossiers sur divers sujets techniques encombrent les tables. Si on devait faire un rapprochement avec une sommité scientifique dans un arrêt sur image, on dira immédiatement Einstein dans son cabinet de travail, tant la ressemblance saute aux yeux. Professeur en électronique et expert en électricité solaire, Mourad Haddadi nous parle avec cœur et talent de ce que l’Algérie peut gagner en allant loin, et en travaillant sérieusement sur des sujets aussi sérieux pour l’avenir du pays que l’électricité solaire, dont on dispose en quantité suffisante pour les besoins domestiques et même pour en exporter une bonne partie.

-Le Courrier d’Algérie : On parle depuis un certain temps des énergies renouvelables et de l’économie diversifiée, mais on n’a pas beaucoup entendu parler les acteurs majeurs de ce domaine. Où en est-on exactement sur le sujet de l’électricité solaire, cette technique qui peut grandement booster l’économie algérienne ?
– Mourad Haddadi : Oui, certainement, vous avez des serres pour produire des légumes par exemple, il n’y a pas que le solaire ; on peut utiliser le thermique par exemple ; et quand vous avez une conjugaison de toutes ces énergies pour alimenter les serres, imaginez le rendement et les résultats pour faire pousser ce que vous voulez. Dans les pays nordiques on a recourt aux sources géothermiques, qu’ils possèdent en abondance. Ce sont en plus des énergies non carbonées, qui ne dégagent pas de CO2.

-Un investisseur français était en Algérie récemment et nous faisait part d’utiliser l’énergie du futur, le combustible tiré de l’hydrogène, qu’il pense être l’énergie du futur. Qu’en pensez-vous ?
-Nous possédons déjà une équipe qui travaille sur le sujet ; seulement pour l’hydrogène, il vous faut savoir qu’il pose problème pour le stockage, qui est dangereux, parce qu’il est explosif. Donc pour le moment c’est le photovoltaïque, qui est la récupération de l’électricité à partir du soleil, qui est à portée de main, et c’est sur cela que les efforts doivent être concentrés. Le plan national en électricité solaire de 2020 prévoyait d’installer 3000 mégawatts ; pour produire, c’est en cours, mais encore faut-il savoir stocker pour consommer plus tard. À petite échelle, on a encore recourt aux batteries pour stocker ce type d’énergie, mais à grande échelle il faut en recourir à d’autres. Les énergies du futur exigent un savoir-faire pointu toujours perfectible. Imaginez que certains pays ont pu stocker de l’air comprimé dans des grottes…

-Et cela sert à quoi, l’air comprimé ?
-Vous le lâchez et il vous fait tourner des turbines par exemple…

-Il y a toujours des retombées économiques du solaire, ou plus généralement de ce type d’énergies…
-La captation, l’emmagasinage et l’utilisation de l’énergie solaire ne peuvent avoir que des retombées bénéfiques, au plan économique d’abord, et sur beaucoup d’autres plans ensuite. Imaginez un moment que vous avez d’abord en main, un produit vendable et très vendable.

-À condition de savoir stocker cette énergie, non ?
-Non, non, même pas, on n’a pas besoin de stocker ce type d’énergie ; c’est une énergie liée aux réseaux, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, dans tous les pays, les systèmes sont connectés, interconnectés ; si bien que qu’on on produit ou capte cette énergie, on l’envoie directement sur le réseau, et sur le réseau il y’ a quelqu’un qui l’utilise en la consommant, selon ses besoins.
Donc aucun besoin de la stocker, d’où sa vocation de produit exportable, vendable et hautement stratégique, parce que maintenant mieux considérées que les énergies non renouvelables.

-Est-ce rentable sur le court terme ?
-Évidemment que oui, c’est un atout dont nous disposons et dont on ne fait pas encore un usage suffisant. Les retombées sont de tout ordre : sur la main-d’œuvre, sur les zones exploitées. Il est vrai qu’au départ, le solaire coûtait cher et était l’apanage des pays développés et les premières cellules fabriquées coûtaient une fortune ; mais maintenant le coût des panneaux a baissé et on peut en tirer bénéfice, d’autant que les régions du Sud algérien donnent un ratio très élevé en mégawatt et pendant pratiquement toute l’année. Aujourd’hui, le coût de l’électricité solaire est inférieur à celui de l’électricité classique. Imaginez dans un futur proche, et cela était prévu de longue date, que l’électricité solaire vienne à la rescousse de l’électricité classique en l’appuyant et en en amoindrissant le coût.
À l’origine, il était prévu que les stations solaires viennent éclairer des villes entières sans avoir recours à l’électricité traditionnelle, qui a besoin de fuel pour faire tourner ses machines, alors qu’en régions du sud le transport du fuel n’est pas tellement évident en tout temps. Donc les retombées du solaire photovoltaïque sont de tout ordre, aussi bien sur l’agriculture, l’économique en général, sur les villes et la main-d’œuvre, etc.
Entretien réalisé par F. O.

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