Il est des haltes de la vie humaine qui s’abreuvent du passé, marquent le moment présent et dessinent l’avenir aux générations montantes. Ainsi, l’hommage rendu à la femme, organisé ce vendredi au village Aït Amar-Moussa (Yaskren), dans commune de Boudjima, à 35 km au nord de Tizi-Ouzou, entend cette vision. Le message que voulait faire passer les initiateurs était tout simple. Comment faire comprendre à la femme, celle au foyer en particulier, qu’elle n’est pas en marge du développement économique et social de la cité. Lorsque davantage, elle se trouve au centre du rayonnement et de l’émancipation culturels. Et pourtant, cette même femme ne semble pas réaliser à quel point elle tient ce rôle et cette position capitale dans la société. Certes, elle sait qu’elle assure cette mission, mais sans pour autant s’en targuer de le faire d’aussi façon magistrale. En tout cas, les habitants de cette localité se souviendront longtemps cette journée. Tant et si bien qu’elle eut été ponctuée par une panoplie d’activités, sommes toutes honorant l’expression féminine. C’est l’école primaire «Ahmed Guellil, dit Couscous» qui a été choisie pour abriter cette manifestation, organisée sous les auspices du comité de ce village. Au menu, une exposition où l’on a retrouvé sur les étals des plats traditionnels, produits du tiroir, vêtements et robes kabyles sous l’éclat de motifs embellissant, broderie, poterie et tapisserie berbères. Et, bien d’autres articles qui enrichissent le patrimoine socioculturel de la région. L’exposition a été tenue par des femmes de différents âges. Présentes en la circonstance, elles ont su valoriser leur savoir-faire et leur mtrise des techniques de l’art où elles ont fait montre d’un génie, réalisé, non pas par un tour de magie, mais par leur disposition à manier des éléments pour en faire des chefs-d’œuvre. Des produits, du reste, en mesure de fasciner le plus réticent parmi les nombreux visiteurs qui ont investis les lieux. «Je participe à cette exposition pour montrer aux gens ce que je sais faire dans ma vie de tous les jours», répondait modestement le commun des exposantes. Occasion également à elles de promouvoir leurs articles en prévision de possibles ventes sur le marché local, surtout à l’approche des fêtes et autres cérémonies rituelles, reconnues à la Kabylie. En parallèle à cette exposition, les femmes étaient invitées à prendre la parole, puisqu’il s’agissait d’une journée qui leur était dédiée par excellence. Chacune à sa manière, les oratrices se sont succédé devant le micro. Certaines pour réciter un poème, d’autres pour apporter un témoignage poignant sur leur vécu alors que d’autres ont préféré fredonner une chanson. La présence de mômes sur place a agrémenté l’atmosphère, pour le moins conviviale, comme en ont fait preuve cette poignée d’enfants qui a improvisé une chansonnette, accueillie par une pluie d’applaudissements émanant de l’assistance. Entourée de ces deux dauphines, une dame d’un certain âge a déployé toutes ses cordes vocales pour reprendre, à pleine voix, un chant kabyle ancien (Thibougharine). L’auditoire est laissé muet par ce prélude qui rend hommage aux martyrs de la Guerre de Libération nationale. Sur les lieux, l’on reconnaît aisément les organisateurs de par leurs gilets qui les distinguaient des autres personnes. Les jeunes garçons du village ont assuré l’encadrement de la manifestation, alors que les filles, elles, se sont occupées de leurs convives, histoire de leur procurer bien-être et quiétude. Parmi ce groupe de jeunes à l’énergie débordante, deux demoiselles sortaient du lot. Assia et Amel, puisque c’est d’elles qu’il s’agit, étaient de véritables chevilles ouvrières. D’ailleurs, c’est grâce à elles que l’initiative fût aboutie. «Un rêve enfin réalisé», estimaient-elles à cet égard. En fait, l’idée du projet revenait à la défunte B. Zahia, dont un hommage posthume lui a été particulièrement rendu. Un passage qui n’a pas manqué d’éveiller une vive émotion parmi l’assistance. À l’entrée de l’établissement scolaire, assis sur une table, deux organisateurs proposaient à la vente des tickets à raison de la somme modique de 50 DA, pour le besoin de financement d’une tombola. Et à même d’écouter et de comprendre surtout les aspirations de la femme, une conférence-débat portant «réhabilitation socio-économique de la femme» a été animée par une psychologue de l’ODEJ (Office des établissements de jeunes). Des échanges fructifiant ont eu lieu entre les participantes et la conférencière. L’objectif étant de faire comprendre à la femme que tout ce qu’elle entreprend dans sa vie quotidienne sert bien le développement multiforme de la société. Les festivités ont été clôturées par la remise de prix symboliques (roses) à toutes les villageoises présentes, alors que les exposantes ont eu droit à un diplôme de participation. Enfin, deux lauréates ont été primées après un tirage au sort qui leur a porté chance. «Vous venez de nous faire sortir de l’anonymat…», s’est livrée une dame, visiblement gagnée par l’émotion. Une initiative à «remaker» !
Farid G.