Indéniablement, une certaine idée est en train de faire son chemin ; elle consiste à discourir que dans la wilaya de Constantine en matière de céréaliculture, il y a des agriculteurs performants, c’est-à-dire ceux qui font bon an mal an de bons rendements, entre 30 et 50 qx /ha, alors que tous les autres n’arrivent même pas à atteindre les 10 qx/ha. Cette idée longtemps galvaudée par certains agriculteurs depuis quelques années, s’explique par le fait que la majorité des EAI et EAC (exploitations agricoles individuelles), ou collectives, dont la fourchette arable attribuée ne dépasse pas les 20 ha, se trouvent pénalisées sur un double plan. En premier, l’obligation de travailler leur terre chaque année pour la subsistance de leurs familles , en second lieu , l’absence de crédit ou de financement adéquat et surtout le manque d’équipement a engendré un véritable malaise au sein de cette catégorie d’agriculteurs qui recourent le plus souvent à la location du matériel pour les travaux culturaux, sans omettre de signaler, au passage, l’inaccessibilité pour beaucoup à une semence de bonne qualité et haut rendement.
Les exemples sont légion et inutile de s’attarder sur les vérités que tout le monde a décriées par le passé comme étant des aberrations qui ont été faites lors du morcellement des terres des ex DAS-(Domaine agricole socialiste), entrant dans la restructuration de ce dernier dans la fameuse loi 87/19. En tout état de cause, toute cette masse d’agriculteurs est considérée non performante et qui est en train de «brasser» du vent en matière de technique agricole et autres, qu’on appelle actuellement et communément itinéraire technique. Reste maintenant les performants, qui sont-ils ?
Ce sont des agriculteurs locataires ou propriétaires qui détiennent des superficies assez importantes et qui sont inclus dans le programme de multiplications de semences et qui sous-entend une semence de qualité et disponibilité des engrais et autres désherbants au moment opportun et avec tous les avantages inhérents.
à titre d’exemple, ces agriculteurs, reçoivent leurs semences et engrais par le biais de la CCLS, juste à la fin de la campagne moissons- battages, en été, cc sont les premiers servis avant tous les autres céréaliers qui eux peuvent attendre jusqu’au mois de novembre, voire la fin des opérations de conditionnement des semences. Malheureusement, parmi ces «performants», il y a ceux qui travaillent par exemple 500 ha, mais ne déclarent en fin de compte que la moitié.
L’astuce est simple, toute la différence est gonflée dans le chiffre de production ce qui donne par conséquent des rendements très élevés. Pour preuve, des cas de fraude de ce genre ont été mis à jour par les services agricoles, seulement aucune suite n’a été donnée à ce genre de pratique, d’autant plus que le phénomène prend de l’ampleur compte tenu des primes de production, plus on produit plus la prime est conséquente.
D’autre part ces «performant», il faut aussi le souligner, font aussi partie du large réseau des multiplicateurs de semences (G2, G3, G4) , ces catégories à hautes potentialités faut-il le noter sont devenues la chasse gardée de cette pseudo élite qui renferme en son sein des agriculteurs qui ne sont pas au-dessus de tout soupçon. Car comme expliquer le fait qu’en mauvaise période, il y a toujours certains qui arrivent à atteindre des rendements élevés à croire qu’ils se créent un micro climat propre à eux. Les faux seigneurs du blé qui s’affichent comme tels, doivent être débusqués, parce que ces pratiques de fraude se généralisent et chacun veut surpasser l’autre, et tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, même en achetant du blé sur champ, chez un autre agriculteur d’une wilaya limitrophe et le livrer par la suite à la coopérative en son nom.
Si maintenant, des cas de fraude ont été prouvés, les responsables concernés devront prendre des mesures pour barrer la route à tous ceux qui seront tentés pour une raison ou une autre d’augmenter leurs rendements, cela engage aussi la responsabilité et la crédibilité de ceux qui sont en charge de ce secteur(services agricoles, chambre de l’agriculture, CNCC).
Reste à dire que si la wilaya de Constantine à toujours été considérée comme région «phare» dans la céréaliculture, sa réputation ne doit en aucun cas être entachée par certains énergumènes qui en font de la fraude dans les rendements un fonds de commerce. Car faire des pics de rendement de 50 ou 60 quintaux /ha, lorsque la moyenne de la wilaya se situe à hauteur des 12 q/ha , cela reste une prouesse à prouver ou une simple hérésie avérée?