Les drapeaux étaient à nouveau en berne mardi en Italie pour une seconde journée de deuil à l’occasion d’une cérémonie solennelle dans les ruines d’Amatrice, localité la plus touchée par le séisme meurtrier de la semaine dernière.
Ces funérailles en présence des plus hauts responsables de l’Etat sont prévues à 18H00 (16H00 GMT) dans ce bourg qui déplore plus de 230 morts sur les 292 victimes confirmées du séisme de mercredi, selon le dernier bilan de la protection civile.
En raison des secousses qui se poursuivent – plus de 2500 répliques depuis la première secousse de magnitude 6,0 mercredi – des difficultés d’accès et des orages qui menacent, les autorités avaient dans un premier temps prévu d’organiser ces funérailles à Rieti, le chef-lieu de la province. Mais face à la vive réaction des habitants, le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a tranché: « Les funérailles des victimes du tremblement de terre se tiendront à Amatrice comme le demandent le maire et la communauté locale. C’est juste ainsi », a-t-il tweeté.
L’évêque de Rieti, Mgr Domenico Pompili célèbrera la messe, en présence de M. Renzi, du président Sergio Mattarella, et de Virginia Raggi la maire de Rome, dont plus de 80 résidents, en vacances dans la zone, ont perdu la vie dans le séisme. Le Premier ministre roumain, Dacian Ciolos, a également prévu de faire le déplacement: 11 Roumains figurent parmi les victimes et un autre est toujours porté disparu.
En revanche, la cérémonie aura lieu en l’absence de nombreux cercueils déjà inhumés lors de célébrations privées. Et les cercueils entreposés dans le hangar de l’aéroport de Rieti seront rapatriés à Amatrice, à la discrétion des familles.
Après les funérailles, l’enquête
Après ce temps de deuil, les enquêtes ouvertes par les parquets de Rieti pour le versant sud-ouest de la montagne et Ascoli Piceno pour le versant nord-est pour « désastre et homicides involontaires », qui pourrait déboucher à terme sur des procès de personnes physiques ou morales, entreront dans le vif du sujet.
« Après les funérailles et l’enterrement des corps, je donnerai mandat à la police judiciaire » pour procéder au début de l’enquête, a déclaré le procureur de Rieti dans les médias italiens. Parallèlement, les autorités s’emploient à trouver des solutions pour les quelque 2.900 sinistrés hébergés par la Protection civile, pour la plupart dans de grandes tentes bleues qui résisteront difficilement au froid attendu dès septembre dans cette région de moyenne montagne. « Il faut faire vite, mais plus encore, il faut faire bien et surtout impliquer les populations concernées », a écrit lundi M. Renzi sur Facebook. Il avait pour cela requis dimanche l’expertise du célèbre architecte italien Renzo Piano, auteur avec son équipe de plus de 120 projets sur plusieurs continents, dont le centre Beaubourg à Paris mais aussi la reconstruction de l’Auditorium de L’Aquila après le séisme de 2009. Les autorités ont cependant promis de ne pas suivre l’exemple de L’Aquila, où pour reloger au plus vite les quelque 65.000 sinistrés, le choix avait été fait de construire de nouveaux quartiers en périphérie, en délaissant le centre historique, qui reste encore très marqué sept ans après. M. Renzi s’est aussi engagé à ce que chaque centime dépensé puisse être vérifié, alors que les efforts de reconstruction après les séismes ont été jalonnés de nombreux scandales de corruption.
La police a annoncé lundi l’arrestation à Amatrice de deux pillards, mais aussi d’un homme ayant mis son propre numéro de compte bancaire sur un appel aux dons de la protection civile en Sicile. Dans une moindre mesure, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, en visite lundi à Rome, a provoqué quelques fortes réactions sur les réseaux sociaux en annonçant une don de 500.000 dollars (446.000 euros) à la Croix-Rouge italienne sous forme de crédits publicitaires sur sa plateforme.