Apparemment, l’État est plus que jamais décidé à revoir le mode de gestion des cités universitaires. Dans un entretien accordé au journal arabophone « El Chourouk », le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar n’écarte pas la possibilité de privatiser les œuvres universitaires, essentiellement, dans la conjoncture économique actuelle marquée par la baisse des revenus de l’État.
Affirmant que son département prend en considération les lacunes enregistrées dans la gestion des œuvres universitaires, tels que l’hébergement et le transport, le ministre a assuré que la gestion du budget alloué à ces œuvres sera géré de manière plus « rationnelle » et « rigoureuse » , compte tenu des circonstances économiques que traverse le pays.
Dans ce sillage, le ministre qui n’évoque pas forcément des mesures d’austérité se montrera très critique à l’égard de l’«absence de gestion et de clairvoyance» et «les réflexes hérités au fil des années» qui ont réduit substantiellement la qualité des prestations offertes aux étudiants. Dans ledit entretien, le ministre a fait savoir qu’afin de préparer cette transition, le ministère va organiser, dans les jours à suivre, un symposium national pour les œuvres universitaires. Même si Hadjar ne communique pas la date exacte durant laquelle ce symposium sera tenu, mais il considère que celui-ci aboutira à une série de recommandations en vue de réformer la gestion de ces œuvres. Plus loin, le ministre a déclaré que «nous voulons vider les cités universitaires de leurs occupants qui auront refait l’année plus d’une fois».
Catégorique, il a affirmé que cette décision s’appliquerait aussi aux universités également. Les étudiants seront donc expulsés s’ils ne réussissent pas la même année deux fois de suite.
Pour Hadjar, la privatisation des œuvres sociales ne pourra être que bénéfique. «Une fois privatisées, ces œuvres seront plus fluides, et permettrait à l’Etat de mieux gérer ses dépenses », a-t-il expliqué. Dur comme fer, il croit à cette privatisation pourtant décriée et rejetée en bloc par les députés ayant affiché leurs «craintes quant à l´avenir de l´université».
A titre d’exemple, le ministre a affirmé que dans la mesure où « les résidences universitaires seront entre les mains des privés, ces derniers auront une prise en charge comme un hôtel ». Ainsi, pour lui, le privé « ne laissera pas les dépassements ».
Dans le même ordre d’idées, Hadjar a noté que «les chiffres montrent qu’un grand nombre d’étudiants ont terminé leurs études mais continuent d’être hébergés à la cité universitaire». Il impute cette aberration à la «complaisance» des responsables au sein de ces cités, estimant que si ces dernières étaient gérées par des privés, de telles anomalies ne se produiraient pas. S’agissant du transport, l’autre bémol qui concerne le transport, le ministre n’exclut pas la possibilité d’augmenter les prix.
A une question globale, relative toujours à une éventuelle privatisation de cités universitaires, le ministre s’est montré plutôt confiant. «Nous dévoilerons le moment venu les moyens à même d’assurer meilleure efficacité dans la gestion des œuvres universitaires», a-t-il argué.
S’agissant l’absence de villes universitaires en Algérie, Hadjar a affirmé que notre modèle social empêche le développement de tels espaces, «car, a-t-il regretté, la gratuité de l’enseignement est un principe sacré et inaliénable».
Le ministre a, néanmoins, démenti l’ouverture d’universités privées par des hommes d’affaires. «Je refuse d’aborder ce sujet, car tout cela n’est que pure affabulation», a-t-il martelé.
Lamia Boufassa