Quatre jours à peine après sa sortie du gouvernement, Amar Ghoul occupe de nouveau le devant de la scène médiatique.
À l’évidence, pour répondre à toutes les spéculations, médiatiques et autres, sur les raisons supposées avoir été à l’origine de son départ du gouvernement ; faut-il le rappeler, après 17 ans de « bons et loyaux services » dans quatre charges ministérielles. Et, dans le même temps, délivrer un certain nombre de messages ; à l’adresse de ceux qui l’ont enterré – politiquement, s’entend – trop vite mais, également, en direction de la base militante de son parti et de ses cadres. Profitant de la tenue d’une réunion ordinaire du bureau politique de son parti, Amar Ghoul a, en effet, convié la presse à une conférence sur « l’actualité nationale et internationale ». Sauf que la conférence de presse en question n’a porté que sur la première des actualités annoncées. Et, pour être encore plus précis, sur le dernier remaniement ministériel, la sortie du président de TAJ du gouvernement, et les « retombées » que celle-ci va avoir sur l’activité militante de ce parti dans les tout prochains jours. En abordant ce dernier point, Amar Ghoul a quelque peu confirmé l’hypothèse selon laquelle son départ du gouvernement n’est aucunement le signe d’une quelconque tombée en disgrâce mais s’inscrit plutôt dans l’agenda que le pouvoir a établi en prévision des échéances électorales de 2017, notamment, des législatives qui se tiendront dans moins d’une année maintenant ; un agenda qui prévoit, entre autres, selon nombre d’observateurs de la scène politique nationale, « de décharger les responsables des formations politiques qui lui sont proches, de toutes charges dans l’Exécutif afin qu’ils puissent s’y consacrer entièrement ». Le président de TAJ l’a, en effet, clairement déclaré : « Maintenant, nous avons les coudées beaucoup plus franches et beaucoup plus de temps pour concrétiser les objectifs pour lesquels TAJ a été créé, il y a quatre années ». Et de promettre, dans une claire adresse à ses militants pour leur remonter quelque peu le moral que sa sortie du gouvernement a, dans une certaine mesure, affecté, que « TAJ créera la surprise lors des prochaines élections ». Plus explicite, dans le même objectif, il a ajouté que (leur) formation qui est « un grand parti ne peut jouer que dans la cour des grands ». Surtout que TAJ, a-t-il poursuivi, n’est pas un parti ordinaire mais « une nouvelle et une véritable école de pensée et de formation politique sur la scène politique nationale ». Cette assurance dans les propos du président de TAJ s’explique également, et à l’évidence, par sa désignation, moins de 48 heures après sa sortie du gouvernement, au titre du tiers présidentiel, comme membre du Conseil de la nation. Amar Ghoul n’a pas manqué, en effet, de mettre en exergue cette désignation. S’adressant, à l’évidence, là aussi, à ceux qui avaient vu dans une telle sortie un limogeage en règle, il a qualifié celle-ci « de marque de confiance du président de la République ». Une marque de confiance qu’il s’est promis de payer en retour. Et ce, a-t-il déclaré, « en lui restant fidèle ». Sous-entendu, dans tout ce qu’il entreprendra. Et à décortiquer les propos de Amar Ghoul, dans la concrétisation du front intérieur solide auquel il (le président Bouteflika) ne cesse d’appeler. Sans prononcer une seule fois l’expression « front uni », il y a fait régulièrement allusion. En rappelant « le caractère rassembleur de son parti et sa disposition à travailler avec toutes les autres formations, en lesquelles, a-t-il dit, il ne voit ni adversaires ni ennemis mais des partenaires, qui ont à cœur le développement, la sécurité et la stabilité de l’Algérie ». En déclarant, à l’adresse de l’opposition, qu’il fallait « ensemble, s’opposer aux idées destructrices, à relents politiques ou religieux, véhiculées par les menées colonialistes et sous-tendues par des opérations de déstabilisation de type « printemps arabe ». Et en insistant, « sur la nécessité incontournable du nouveau modèle économique comme voie vers une diversification économique». Revendiquant un rôle de passerelle entre les partis du pouvoir et ceux de l’opposition, Amar Ghoul semble s’être déjà mis en campagne pour ramener dans le giron du pouvoir son ancien parti, le MSP : il a, en effet, rendu un vibrant hommage à Mahfoud Nahnah, son fondateur. Ce que nombre de présents ont interprété comme étant un clair appel du pied fait à la direction actuelle de cette formation politique. Répondant à une question d’un confrère sur le bilan de ses passages dans les quatre ministères qu’il a eu à gérer, Amar Ghoul a promis « la présentation, très prochainement, à la presse d’un bilan exhaustif et détaillé » de ses passages dans lesdits ministères.
Mourad Bendris