Invité du Forum d’El-Moudjahid, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, a, encore une fois, après la sortie médiatisée de son intervention lors du Forum de la chaine I, la semaine écoulée, remis à l’ordre du jour les avancées sensibles qu’enregistrent son secteur, englobant les volets investissement, industrie et PME, du moins depuis qu’il a réoccupé le portefeuille ministériel dans le 3ème gouvernement de Abdelmalek Sellal, soit depuis le 29 avril 2014. Après la manifestation, qui lui semble coutumière, de dresser un tableau peu reluisant de la situation que subi de plein fouet le pays, traduite par une baisse dans le cours du pétrole et son corollaire l’assèchement continu des réserves de change, l’éclatement de la bulle du gaz de schiste, et les appréhensions populaires qui en découlent, notamment à travers l’érosion du pouvoir d’achat, le ministre de l’Industrie et des Mines convoque les chiffres qui interviennent, selon lui, dans la stratégie de diversification de l’économie, l’unique à même d’annihiler l’option de dépendance aux recettes des hydrocarbures qui collait au pays comme la tunique de Nessus.
Les mines, la mécanique et le textile : le trio gagnant de la prochaine décennie
à commencer par les ressources devant être induites de la production et du développement du phosphate et de l’azote, minéraux inscrits dans la stratégie de valorisation des gisements miniers, confortant l’année 2016 comme année minière, pour reprendre la formule consacrée. La détection d’indices de spéculation minière a été l’un des effets incitatifs à aller de l’avant en la matière. « Même si on est en retard, comme certains essaient de le colporter, l’essentiel est d’y aller », tient-il à indiquer Abdessalem Bouchouareb. Concernant le premier minéral, l’évolution de la réduction en teneur du phosphate, de 0.8 à 0.03%, aspect technique réussi à la faveur des recommandations de l’étude faite par un bureau canadien, débouchera sur une production annuelle de 1 million de tonnes, exportée, selon les prévisions, en totalité brut. Deux grands complexes, au Sud, aux frontières avec le Niger, et à Ghar-Djebilet, à Tindouf, s’en chargeront de la politique d’exportation hors-hydrocarbures qui fait défaut à l’Algérie depuis une trentaine d’années, selon l’invité du journal public. Au cours de ce mois, une phase-pilote permettra de mettre en expérimentation la production de 25 à 30 tonnes en phosphate.
Le deuxième minéral bénéficiera de la réalisation de trois complexes dans les wilayas de Souk-Ahras, Skikda et Tébessa. Les trois plateformes seront fonctionnelles, selon les prévisions, dans les années 2019 et 2020, avec à la clé, en deux phases, la production d’1 à 6 millions de tonnes et de 6 à 10 millions de tonnes. Le ministère, via l’Agence nationale des activités minières, vient de lancer un appel d’offres pour l’exploration de 38 sites miniers (le calcaire, l’argile, le gypse, le sable, le tuf et le sel.). Dans le domaine de l’exportation, deux plateformes s’en chargeront de la faire pour le ciment, en 2016-2017, et du fer et du rond en béton, en 2018. Le ministre s’en tient également au créneau de la « grande » mécanique, dont l’essor est illustré par les 25 000 moteurs produits annuellement à Constantine, les 6 à 7 projets de montage d’automobile qui auront à mettre sur le marché plus de 200 000 véhicules par année. Là, le ministre rapporte du nouveau : les Japonais ont formulé le vœu de lancer la production d’automobiles de marque Nissan, Peugeot sera installée à Oran, quatre modèles de véhicules y verront le jour à la faveur de la signature du Pacte d’actionnariat le mois prochain, un partenariat algéro-iranien est en voie d’être scellé ultérieurement. Le créneau renforcé par celui de la texture, notamment le projet de réalisation d’une usine localisée dans la wilaya de Relizane, devant, selon les chiffres révélés, créer plus de 10 000 emplois.
Réduction de l’importation des véhicules de 2,599 milliards de Dollars
Au sujet du marché de l’automobile, l’hôte du Forum précise que ses services ont, hier seulement, finalisé un décret et un cahier des charges, mettant fin à des années de galère et d’anarchie du secteur. La finalité est de réduire la facture d’importation pour le même nombre de véhicules importés l’année écoulée, d’une valeur de 2,599 milliards de Dollars.
«En maintenant le même nombre de véhicules, estimé à 140 000 véhicules, et en prenant soin de, comme déjà rapporté, lier le concessionnaire avec chaque constructeur de véhicules, on a pu, quand-même, revoir à la baisse la facture de leur importation »
Ces projets, ainsi que d’autres, dont le ministre s’abstient d’en parler exhaustivement, élément de l’économie réelle, rentrent dans le cadre de l’offensive de son secteur pour faire face au risque d’endettement, particulièrement en hiérarchisant l’investissement productif des énergies naissantes ou émergeantes dans les priorités à matérialiser à l’horizon 2020. Le ministre avance le chiffre de 400 millions de DA de dettes contractées par le pays.
Appel d’offres pour l’aménagement de 38 zones industrielles sur les 49
Les zones industrielles figurent dans les priorités de l’heure, comme l’atteste le lancement de l’appel d’offres dédié à l’aménagement de 38 sur les 49 à l’échelle nationale. « Les permis de lotir ont été signés. La superficie totale est de 12 000 hectares. L’Algérie possédait 15 000 hectares. De mon arrivée à ce jour, le ministère que je dirige à fait mieux que tous les départements qui m’ont précédé depuis l’indépendance du pays », précise, fier, le ministre de l’Industrie et des Mines.
Concernant le Sud, les cimenteries d’Adrar et de Béchar, qui, après avoir assuré l’autosuffisance en la matière en 2016, procéderont à l’exportation à partir de 2017. « Pour ceux qui tentent de présenter le Sud comme le grand oubli de la politique de développement prôné par l’état, qu’ils sachent que la plus grande zone industrielle d’Algérie se trouve à Ouargla », rétorque Bouchouareb à ses détracteurs, ou à ceux qui sont détracteurs de la politique du pays, comme aime-t-il à le répéter.
Cette région verra aussi les indicateurs de son épanouissement virer encore au vert, comme le soulignait le ministre, à travers notamment l’essor de son secteur routier et autoroutier, qui contribuera à lui assurer une fluidité dans la circulation et rétrécir l’éloignement qui la caractérise. En ce qui concerne les zones d’activité, ZAC, le ministre a, en réponse, à une question du modérateur de la séance citant un investisseur, affirmé que des projets d’actualisation des sites retenus pour les projets. Abdessalem Bouchouareb déclara que les excédents fonciers issus des zones non-exploités seront réaffectés à d’autres projets, menaçant, au passage, les investisseurs récalcitrants d’une taxation industrielle estimée à 3% de la valeur réelle de l’assiette foncière. « Cela ne fera que les inciter à lancer leurs projets lorsqu’ils se voient pénalisés pour un terrain qu’il possède mais qu’il n’exploite pas.», précise-t-il.
Privatisation : 50 entreprises privatisées sous la loupe des services du ministère
Dossier sensible. Ce fût, d’ailleurs, le seul dont le ministre en parle avec des réserves au cours de ce Forum. Il parle d’une cinquantaine de rapports concernant des entreprises ayant été privatisées dans des conditions de complexité extrême. L’État en a décidé de les récupérer. Trois sont déjà dans le viseur. De qui s’agit-il ? Le ministre s’abstint d’en divulguer les noms, ménageant aussi bien les représentants du secteur public que les partenaires étrangers.
Qu’est-ce qui leur est reproché ? Non-respect des clauses contractuelles, répond le conférencier.
Le crédit à la consommation, L’ENIE de Sidi Bel-Abbès, El-Hadjar…
L’ENIE de Sidi Bel-Abbès sera opérationnelle en mars, suite à l’acquisition de nouveaux équipements auprès d’un constructeur américain, indique le ministre.
Du nouveau en matière d’électronique mais aussi en photovoltaïque. Pour le complexe sidérurgique d’El-Hadjar dans la wilaya d’Annaba, le ministre qui s’indigne des concepts de privatisation et de nationalisation dont est étiqueté celui-ci, parle plutôt de cession accordée gracieusement. Le Plan de développement envisage une production de 400 000 tonnes par an, entre mars et décembre 2016, de 1.2 million de tonnes en 2017 et de 2.2 millions de tonnes en 2018. Pour le secteur des mines et la réhabilitation d’El-Hadjar, le ministre parle de 78 millions de Dollars consacrés. Le crédit à la consommation n’est pas en reste. Le ministre dit le maintenir tant que l’échec de sa mise en œuvre n’est pas constaté, et ce, en dépit de l’augmentation de l’importation des entrants qu’il aura provoquée dans sa phase initiale. Tant que l’objectif est de renforcer la production nationale, rappelle Bouchouareb, tout le monde doit s’y mettre. Pour ce faire, « nous allons obliger tous les secteurs qui émargent du budget de l’état, tels la Santé et l’Éducation, et ce pour ne citer que ceux-là, d’acquérir leurs équipements produits ou fabriqués localement », tient-il à préciser.
Zaid Zoheir