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Benkhelfa tente de dissiper les appréhensions nées de La LF-2016 : un deuxième salaire pour les démunis ?

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Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, est revenu, hier, soit au lendemain de l’adoption de la loi de Finances de 2016, objet d’une polémique sans précédent à l’Assemblée nationale, pour expliquer les choix du gouvernement. Benkhelfa a défendu son projet, en explicitant sa visée devant une opposition qui entrevoit «bradage de l’économie et recul sur le caractère social de l’État». Invité à la Chaîne 3 de la Radio nationale, le ministre a mis l’accent sur les articles 70, 71 et 66, lesquelles dispositions étant tant décriées par une partie de la classe politique et ses élus du Parlement.
Ainsi, le premier trésorier du pays insiste et signe que le projet de loi de Finances de 2016 vise, dans sa quintessence, l’optimisation des ressources comme palliatif, à la chute drastique de la rente pétrolière, ayant enregistré une perte sèche de 45% en 2015. Ceci dit, ces mesures s’appuient sur «l’élargissement du recouvrement fiscal, la récupération de l’argent parallèle qui circule en dehors du circuit bancaire, et la révision de certains tarifs de manière sensible», selon les termes de Benkhelfa. D’autre part, ce projet a prévu des mesures devant booster l’investissement pour donner du putsch à la croissance économique hors hydrocarbure, indique-t-on dans le même projet, lequel estime l’opposition porte atteinte au secteur public, menacé, selon elle, de prédation.
La même opposition a critiqué l’autre volet portant sur l’augmentation de taxes inhérentes à certains produits, qui ne seront pas sans impacter la bourse du citoyen. Sur ce, le ministre a tenté de battre les reproches de ses adversaires, en faisant appel à son argumentaire. Pour lui, cette loi prévoit la protection du pouvoir d’achat d’environ 10 millions de citoyens, à travers un montant en termes de transferts sociaux atteignant 18 000 milliards DA. Ce qui représente 23% du budget global de la LF-2016. Mais, Benkhelfa avoue tout de même que l’État ne peut supporter ces charges, indiquant qu’il sera question de «subventions ciblées». Pour ne pas dire, stop au soutien social généralisé de l’État. Aux critiques, faisant croire que les fondements de l’État social sont remis en cause dans ce projet, Benkhelfa répliquera que les secteurs sociaux sont «une ligne rouge à ne pas franchir», comme l’aurait ordonné, selon lui, le Chef de l’État. À en croire ses propos, l’Education, la Formation, l’Enseignement supérieur et la Santé ont des parts intouchables. Ajoutant, encore, que la décision de revoir à la hausse le montant des transferts sociaux au moment où le pays perd 45% de ses revenus, est une preuve, on ne peut plus claire, que l’Algérie maintient sa politique sociale. Ceci est visible, selon lui, à travers des mécanismes mis en place dans la LF-2016, et non pas un «slogan creux», a-t-il précisé.

Un deuxième salaire aux Algériens?
Pour ce qui est des augmentations de certains produits en 2016, le ministre s’en défend, et croit qu’il ne s’agit que de «réajustements par petits bouts», variant entre 5 et 7 dinars, a-t-il estimé. «Ce n’est même pas un café…», dira-t-il ironiquement, pour apaiser les ardeurs, semble-t-il, au moment où la rue appréhende, à juste titre, le cauchemar de l’inflation et la dégringolade du pouvoir d’achat. Benkhelfa a justifié ces mesures par le rétablissement de la valeur «réelle» des prix des produits en question, qui sont, entre autres, le carburant, l’eau, l’électricité, le gaz, la vignette automobile etc. Pour lui, l’État ne peut plus, à titre d’exemple, subventionner l’énergie électrique qu’il estime atteindre les 60%. Et puis, «les augmentations ont touché les produits les moins nécessaires», a-t-il étayé ses propos, avant d’assurer que des compensations sont prévues par la LF-2016, au profit des agriculteurs et des opérateurs du secteur de la pêche, pour pallier à la spéculation sur les prix. Mieux encore, le ministre du gouvernement parle de l’allocation d’un «deuxième salaire» au profit des couches sociales, les plus défavorisées, et ce, a-t-il annoncé la couleur, une fois les prix libérés et une fois la crise dépassée. Comment entend-il procéder et par quel moyen ?, a interrogé l’animatrice de l’émission de la Chaîne 3. Après ses feintes verbales, le ministre a répondu qu’il ne veut pas aller dans le détail, mais «nous avons tous un deuxième salaire», a-t-il répliqué. Pour lui, les subventions en matière de lait, de la semoule et de certains autres produits de première nécessité, représentent, en soi, une forme de salaire. Mais, comment peut-on prétendre accorder un salaire, au moment où l’on prévoit des subventions sélectives, dans les deux ou les trois années à venir? Le ministre avoue que «ça serait très douloureux» comme choix, même s’il a estimé que cela viendra «progressivement».
D’ores et déjà, selon ses dires, le gouvernement travaille sur ce dossier pour procéder à la segmentation des citoyens, pour qu’il n’y ait pas de «triche», notamment dans l’affectation des subventions. Dans ce contexte, «la LF-2016 est un retour à la valeur du prix, du taux d’intérêt etc.», a-t-il encore justifié. Sur un autre volet, Benkhelfa regrette le phénomène de «gaspillage» qu’il impute aux citoyens, lesquels se doivent, selon ses termes, de mettre fin à toute forme de gabegie, et faire preuve d’un «comportement de patriotisme», pour dépasser la crise. À en croire ses déclarations, «une économie sans valeur est une économie de gaspillage», a-t-il lancé, en guise d’un message «moralisateur» à l’adresse de ses compatriotes. «J’en appelle les citoyens au patriotisme pour qu’il n’y ait plus de gaspillage. Il faut que le citoyen paye des impôts et dépose son argent dans les banques. Il faut avoir confiance», s’est-il adressé à qui veut l’entendre.

«L’économie doit s’ouvrir à l’international»
«Il faut ouvrir l’économie à l’international», n’a cessé de rouspéter Benkhelfa, comme pour justifier les mesures, concourant à booster l’investissement, contenues dans la LF-2016. Après les virulentes critiques de l’opposition, accusant les initiateurs de ce projet d’avoir des intentions «de bradage de l’économie nationale au profit des investisseurs locaux et étrangers», Benkhelfa monte au créneau pour faire valoir ses arguments.
Ainsi, il estime que «cette loi de Finances est équilibrée. Elle vise de faciliter l’investissement et clarifier le partenariat», allusion faite aux dispositions tant décriées portant article 71, 70 et 66. Plus encore, il considère que cette loi décourage l’importation inutile, pousse davantage les entreprises émergentes et lutte contre la désorganisation des marchés, dans un objectif qui vise de moderniser l’économie.
Et de justifier encore que la conjoncture actuelle, marquée par le recul des ressources publiques, impose ce choix «incontournable». Sur la privatisation des entreprises publiques, il estime qu’il n’est plus dans l’intérêt du pays de revenir aux années 80, laissant entendre qu’il ne sera plus question de compter sur le secteur public, tout seul. Ceci dit, «l’on ne doit plus compter sur le pétrole. On doit aller vers une économie diversifiée, où l’entreprise restera la clé de voute», a-t-il ajouté. Quant aux exonérations des impôts, accordées aux investisseurs à la faveur de ces mesures, Bankhelfa, voit par là des mesures incitant à l’acte d’investir et non pas des «privilèges», comme l’estime l’opposition. «L’entreprise nationale va bénéficier de beaucoup d’exonérations en impôts.
Il faut aider les capitaines d’industrie et l’investisseur pour remplacer l’importation», explique encore le ministre. D’autre part, «aucun impôt n’a été imposé au citoyen et à l’entreprise elle-même. Ces dispositions visent à élargir les entreprises qui n’ont pas de capitaux forts, et l’État part à leur rescousse», a-t-il encore justifié ces mesures. Revenant à l’article 66, prévoyant la cession des capitaux de l’entreprise publique au profit de l’actionnariat, lequel ne pouvant détenir plus de 66%, Benkhelfa estime que cette mesure ne vise point le recul sur la souveraineté économique.
Pour lui, les 34% de capitaux préservés par l’entreprise publique en est une garantie, pour dire qu’il y a privatisation absolue du secteur étatique. Ceci pour clarifier les règles de partenariat entre le public et le privé, semble-t-il. Mais, «aujourd’hui, personne ne peut prendre 100% de l’entreprise publique.
Aucun pays au monde ne vit avec 100% de capital d’investissement public», dira-t-il à ce propos. Pour le ministre, la LF-2016 protège la part de l’État, mais, «nous ne pouvons plus retourner aux années 80, car le contexte est différent. Nous sommes en 2015, les entreprises publiques doivent se moderniser, en respect de la règle 34%», n’a cessé de répéter le premier argentier du pays. Revenant au contrôle de l’État, il a estimé que la procédure de cession passe par le CPE (Conseil des participations de l’État), lequel organisme est présidé par le Premier ministre, et constitué de la moitié du gouvernement, a indiqué le ministre, pour rassurer «du contrôle de l’État», demeurant de mise, a-t-il précisé. Évoquant les entreprises publiques et économiques nationales, telles que Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie…, le ministre n’exclut pas l’ouverture de leur capital au privé, même si la décision passe, selon lui, par le gouvernement.
Selon lui, c’est l’Exécutif national qui aura le dernier mot quant à cette possibilité. Sur l’article 71, prévoyant des prérogatives au ministre des Finances d’intervenir dans la LF-2016, pour réajuster les équilibres budgétaires entre secteurs, Benkhelfadément les critiques faisant croire qu’il s’agit de substitution au pouvoir du Chef de l’État, encore moins, a précisé le ministre d’une décision anti-démocratique.
Farid Guellil

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