Ce week-end, le monde entier a rendu hommage aux victimes des attaques terroristes de Paris, éclipsant les morts de Beyrouth, la veille. Le 13 novembre, 129 personnes perdaient la vie à Paris, 352 étaient blessées selon un bilan encore provisoire. La veille, Beyrouth était, elle aussi frappée par l’organisation État islamique, un attentat qui coûtait la vie à 44 personnes et faisait plus de 200 blessés. Dans le premier cas, Facebook a rapidement proposé aux internautes de faire savoir à leurs « amis » qu’ils étaient en sécurité grâce au bouton « safety check ». Grâce à ses données de géolocalisation, le réseau social a demandé à tous ceux qui indiquent sur leur page personnelle habiter à Paris et à ceux qui se sont identifiés dans la capitale de se signaler « en sécurité ». L’initiative a permis de rassurer les proches des Parisiens et d’éviter que la panique ne se propage. Une fonction à laquelle les Libanais, la veille, n’ont pas eu accès, ce qui soulève des questions quant au traitement du drame et à une certaine hiér archisation.
«Ça ne choque pas, une explosion à Beyrouth»
Jusqu’aux attaques contre Paris, le dispositif n’était activé que « pour les catastrophes naturelles », se justifie Mark Zuckerberg sur Facebook. Pas suffisant pour de nombreux internautes, dont Nadim H., Libanais vivant à Paris qui a publié une tribune sur le site de L’Obs où il dénonce les différences de traitement entre les deux pays.
« On en veut à Facebook parce qu’on se dit que c’est un site qui devrait être pareil pour tout le monde, je pense », écrit-il avant de déplorer le traitement médiatique dans son ensemble. « C’est d’abord une ville que l’on pense tout le temps en guerre.
Ça ne choque pas autant les gens quand on entend qu’il y a eu une explosion à Beyrouth », dénonce-t-il, opposant cette image au fantasme de Paris, « le symbole international de la paix, de l’amour, de la beauté ». Une analyse que partage Pierre Haski, le cofondateur de Rue 89 : « Tout le monde, de San Francisco à Sydney en passant par Varsovie, peut s’identifier à un jeune Parisien présent à un concert de rock, se souvenir qu’il est allé ou rêve d’aller en vacances à Paris, personne ne s’identifiera avec l’habitant d’un quartier chiite de Beyrouth (donc « pro-Hezbollah »…), même si c’est un jeune du même âge pas très différent de la victime parisienne… », explique-t-il.
Amers, les Libanais ne sont pas pour autant indifférents aux attentats de Paris et ont affiché leur solidarité sur les réseaux sociaux.