La scène nationale fait comble de déclarations, tous azimuts, émanant des formations politiques ces derniers jours. Du coup, ce sont les questions factuelles importantes qui refassent surface, à la faveur d’une profusion de discours, conjugués aux sorties tonitruantes, par-ci par-là, d’une poignée de personnalités nationales pas peu connues du paysage politico-médiatique. Le lancement d’un éventail d’initiatives portant soutien au chef de l’État, les joutes sénatoriales et la crise économique sont autant de sujets qui marquent le pas sur fond d’un débat plurilatéral. Ne faut-il pas perdre de vue, aussi, la sortie de quelques partis de l’opposition, dont l’action s’inscrit plus ou moins en porte-à-faux avec la démarche du pouvoir en place, qui remettent au goût du jour leurs revendications initiales. L’une des questions parmi les plus émergentes reste celle de la forme à donner au soutien du programme du président de la République, au demeurant, la pomme de discorde entre les partis en parfaite accointance avec le sérail. Dans cette architecture alambiquée, le FLN qui prône la création d’un «Front national» se présente en pole position, devant un RND d’apparence «noyé» dans cette joint-venture en dépit qu’il soit le premier à mettre en avant l’idée de constituer un «Pôle présidentiel». Se joignant à cette co-initiative, qui souffre vraisemblablement d’un vice de forme, entre autres, les partis comme le TAJ d’Amar Ghoul, le MPA d’Amara Benyounès ou encore l’ANR de Belkacem Sahli, qui ont réitéré, de par leur position de suiveurs, leur attachement inconditionnel au chef de l’État et son action politique. En effet, même si, dans sa dernière sortie publique, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, n’a pas, ou presque, soufflé mot sur son projet portant haut et fort le programme de Bouteflika, il n’en demeure pas moins qu’il se sait disposer d’avantages et qu’il devance son rival direct, le parti d’Ahmed Ouyahia, sur cette initiative. D’ailleurs, document en appui, Saâdani a esquissé les grandes lignes de sa proposition lors de la tenue de la session du Comité central de son parti, le 4 octobre dernier. Une rencontre durant laquelle, il a rappelé que sa formation politique est revigorée d’un rempart composé d’une quinzaine de ministres ayant rallié le FLN lors de son 10e congrès, et s’est targué d’avoir intronisé Bouteflika à la tête de son parti pour la troisième fois consécutive. Ce sont là les raisons qui le placent en position de leader, en refusant de participer à l’initiative de son alter égo, au risque de se faire étriquer par Ouyahia. Intervenant à Oran, à l’occasion d’une conférence des élus de l’Ouest et du Sud-Ouest de son parti, Saâdani a préféré se projeter d’ores et déjà sur les prochaines échéances concernant le renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation, au lieu de verser dans un remue-ménage et ruminer sur ces initiatives. Quand bien même celles-ci ont été couronnées d’un même objectif, celui de constituer une union sacrée autour du président de la République, Saâdani sait pertinemment que la sienne figure en locomotive, une raison pour laquelle il en a jugé pas utile de s’attarder sur une entreprise qui lui est conquise. L’initiative d’Ouyahia ayant opté pour un Pôle associant exclusivement les partis loyaux envers Bouteflika a été quelque peu trébuchée par Saâdani qui veut un “Front national” ratissant large où tous les partis, y compris ceux de l’opposition, les syndicats, les associations de la société civile, les organes médiatiques seraient partie prenante. Se campant sur sa position, le RND a affirmé, avant-hier, «qu’il sera toujours en première ligne pour soutenir le président de la République et pour appuyer le gouvernement au Parlement». Même si le parti d’Ouyahia n’a pas fermé la porte au FLN en affirmant «collaborer» avec tous ceux qui soutiennent Bouteflika et tous ceux qui défendent les intérêts suprêmes du pays, il a refusé de façon ingénieuse d’adhérer au “Front national” de Saâdani. Le RND ne veut surtout pas abandonné son projet, ce qui aurait été perçu comme un échec politique qui va en faveur de son rival. Mais, il tient à son initiative, tout en soulignant qu’il travaillera en sorte à trouver un consensus, si besoin est, autour des propositions communes aux deux formations politiques majoritaires. Qu’en est-il des autres partis ? Amar Ghoul, patron de TAJ se dit d’accord avec toutes les propositions qui vont au service du pays et se réjouit de leur multiplicité. À ce titre, il a affirmé, samedi dernier, avoir accueilli l’initiative du FLN et celle du RND avec «satisfaction». Ceci, tout en lançant son propre projet qui «jette les bases solides pour la sécurité, la stabilité et la cohésion des forces sociales», a souligné Ghoul. Pour sa part, Belkacem Sahli de l’ANR appelle, lui, à la constitution d’une «base politique du pouvoir», pour ne pas dire soutenir le chef de l’État. Le même responsable a indiqué jeudi dernier qu’il est «a priori favorable aux projets de Saâdani et d’Ouyahia. Abondant dans le même sens, à travers sa première sortie partisane de la rentrée faite, vendredi dernier, à Bejaïa, Amara Benyounès, a réitéré son soutien «total et inconditionnel» à Abdelaziz Bouteflika, même s’il ne s’est pas exprimé sur les initiatives politiques. Même s’il est difficile de préfigurer, si ce n’est pas exagéré de penser à une cohabitation de tous les partis politiques au sein du “Front” de Saâdani, il s’agit d’un appel empreint d’un effet d’annonce, permettant au FLN d’avoir l’emprise sur le cours des choses.
Les Sénatoriales en ligne de mire
Annoncées pour la fin de l’année en cours, les élections sénatoriales prévues pour le renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation, anime déjà les partis de la majorité parlementaire et impulse une dynamique à leur activités partisanes. C’est ainsi que le FLN et le RND, deux partis rivaux de l’échiquier politique national, intensifient les sorties publiques, qui font office de campagne électorale avant l’échéance. Chacun avec les déclarations qui lui sied, les deux formations politiques ont réagi le même jour, soit avant-hier samedi. Connu pour ses déclarations qui ne souffrent pas d’ambages, Amar Saâdani a appelé lors de cette journée, depuis Oran, où il a donné une conférence devant les élus de son parti de l’Ouest et du Sud-Ouest du pays, à la révision de la loi électorale et les Codes communal et de wilaya. En effet, depuis le congrès de mai dernier, le patron du FLN à appelé sa base militante à se redéployer à travers tout le territoire national par le renforcement de sa présence dans les Assemblées élues locales. Ceci dans le long terme. Mais pour la conjoncture qui se présente, il s’agit surtout de préparer le terrain aux élections des membres du Sénat devant être des candidats élus au sein de ces Assemblées. Mais, pour Saâdani, la loi électorale telle qu’elle se présente actuellement est «injuste», en estimant qu’elle porte atteinte à la majorité et va en faveur de la minorité, a-t-il souligné. Cette rencontre, dont l’objet justement n’est autre que la préparation des prochaines élections sénatoriales, a abordé les problèmes rencontrés par les élus dans l’exercice de leur mandat électoral. Mais Saâdani, qui craint que ces joutes ne fassent encore des mécontents parmi les plus ambitieux par un poste au sein de la première Chambre du Parlement, a prévu cette contrainte et a appelé les responsables à la tête des Mouhafadate à soutenir et à accompagner les élus, afin de tempérer les ardeurs. Il s’agit d’un défi interne sur lequel devra s’attaquer le patron de l’ex-parti unique, en attendant d’affronter son rival direct, le RND. Lors de la même occasion, il a appelé à des élections intègres, propres et transparentes. Faut-il souligner qu’hormis le FLN les autres partis ne se sont pas encore exprimés à cette question, du moins, publiquement. Donc, autant dire que le vieux parti a voulu se présenter au devant de la scène, afin de mener la bataille électorale, dans le but étant de garder et de s’affirmer leader dans toutes les Assemblées nationales élues.
L’opposition marque son retour
Pour leur part, certains partis de l’opposition ont marqué leur retour sur la scène politique. En effet, intervenu vendredi dernier depuis la wilaya de Batna, Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, non moins membre de la CNLTD, est revenu sur la Conférence de Mazafran (Tipasa) tenue le 10 juin 2014. Le même responsable politique a indiqué que l’opposition a réussi le parti de se réunir autour d’une même table et a élaboré une plate-forme qui jette les bases d’un État de droit, démocratique et consacrant les libertés, a-t-il souligné. Un document, selon lui, représentant un dénominateur commun entre les acteurs de la CNLTD lui permettant de définir un projet de société imposant une alternative politique dans le pays. De son côté, Mohcine Belabbas, président du RCD, est revenu longuement, hier, au forum du quotidien francophone «Liberté» sur la situation politique et économique du pays. Le chef du parti démocrate a prôné une refonte totale du modèle social algérien, tout en appelant à distinguer «l’austérité de la bonne gouvernance». S’exprimant sur la Constitution, Belabbas a indiqué que la Loi suprême du pays ne peut être révisée sans la tenue d’une élection présidentielle anticipée. À son tour, le président du MSP, Abderrezak Makri, a, préféré, lui aussi, axer sa sortie publique, faite avant-hier, en appelant au lancement d’un véritable processus démocratique, une condition sine qua none, pour le parti le plus démocrate de la mouvance islamiste, en vue de placer le pays sur la voie du développement.
Farid Guellil