L’opération de relogement, annoncée en grande pompe par les autorités d’Alger, a été rendue effective, hier. Le premier magistrat à la tête de cette wilaya a donné le coup de starter de la première phase, consistant à placer quelque 2 501 familles occupant le site «Ramli». Il s’agit du plus grand bidonville de la Capitale, se situant dans la commune de Gué-de-Constantine, contre lequel, les pouvoirs publics se sont attaqués par le lancement de la plus grande opération de délocalisation, jusque-là enregistrée à Alger. Accompagné d’un petit bambin, sans doute son fils, un homme, visiblement dépassant la quarantaine, la mine effarouchée, se présente à neuf heures du matin devant le siège de la wilaya algéroise. De l’autre côté du trottoir, ce père de famille scrute d’un regard d’épervier le convoi officiel des voitures, devant initialement démarrer une demi-heure plus tard, mais, qui a, finalement, dû mettre 50 minutes de retard. On l’a constaté, quelques instants après, que le quadragénaire est l’un des exclus de cette opération de relogement. Prenant son mal en patience, il se dirige, agglutiné par son enfant qui ne l’a pas devancé d’un seul pas, vers le siège de la wilaya, afin de s’enquérir de son cas, indique-t-on sur place. Une personne se trouvant à l’intérieur du bus parmi les journalistes invités à couvrir l’opération, le reconnaissant, a expliqué qu’il s’agit d’une personne parmi les occupants du baraquement de “Ramli» ayant introduit un recours et qui s’est présenté dans l’espoir d’avoir gain de cause. Certains confrères ont vu même, par là, un incident qui aurait émaillé la circonstance. Mais, plus de peur que de mal, puisque le bonhomme s’est vite éclipsé des regards de l’assistance. Le ronronnement des voitures se fait enfin entendre. Le cortège se lance depuis le somptueux Boulevard Zirout-Youcef et se dirige droit en traversant les ruelles imposantes de la bande urbaine du Centre historique d’Alger. Le cap est pris vers la wilaya de Blida, à Meftah, pour précisément effectuer une virée dans le site urbain devant accueillir les familles des bénéficiaires de logements. Ils sont concernés par le transfert vers cette nouvelle cité dite «Sidi-Hamed» comptant 3 555 unités habitables, 2 469 occupants du bidonville «Ramli». Aussi, 32 autres familles issues des taudis implantés sur le site dit «Boulouh», relevant de la même commune, devaient, elle aussi, être affectées à Meftah. C’est ce qu’a annoncé, la veille, Abdelakader Zoukh, wali d’Alger. La procession de voitures roule à vive allure en direction de Blida en tranversant de bout en bout les chemins de wilayas numéros 13 et 118. Avant d’entamer le trajet, des journalistes s’interrogent pourquoi les autorités n’ont pas choisi de se rendre, de prime abord, à juste titre d’ailleurs, dans les sites des bidonvilles concernés par cette opération. Peine perdue, puisque les malheureux exclus de la liste des relogés devront, ceux parmi les chanceux recalés issus des recours, attendre leur tour pour aspirer à un logement décent, à l’instar de leur compères. Au cours de route, des informations nous parvenant du bidonville de «Ramli» font état de mécontentements sporadiques des occupants, mais que la colère ne pouvait vraisemblablement pas se manifester de manière musclée. En effet, pour contrecarrer toute tentative de manifestation, les autorités de la wilaya ont dépêché des dispositifs sécuritaires dans les baraquements. Le prochain locataire de la cité urbaine Sidi-Hamed devra traverser la ville de Meftah avant d’atterrir chez lui, dans une agglomération implantée sur une côte panoramique dominant, à ce qui semble à une vallée où se pratique des activités agricoles, sa vocation par excellence, comme on a pu le constater de visu. L’état de la route se fait désirer, et est difficilement carrossable. Elle commence à peine à avoir forme. Une cité nouvelle et des insuffisances. Sur les bas côtés, des monticules d’agrégats devant servir visiblement à son aménagement, s’amoncellent et laissent apparaître sur les cimes, les images premières de la nouvelle cité de Sidi-Hamed. De loin, cette ville s’impose comme dire être prête d’accueillir ses nouveaux occupants. Sur la longueur y menant, de nombreux camions transportant divers effets ménagers appartenant aux heureux bénéficiaires de logis neufs se sont garés, pour permettre l’accès au cortège officiel. La nouvelle cité des 3 555-Logements de Sidi-Hamed se situe à quelques encablures de la ville industrielle de Meftah. Elle devra accueillir graduellement, et d’ici peu, quelque 2 501 familles. À première vue, il n’est pas peu aisé de constater que les grands travaux sont achevés, où toutes les commodités de vie sont offertes aux habitants. Néanmoins, d’autres travaux de seconde importance devront être menés afin de mettre le citoyen dans des conditions, à même d’aspirer à mieux. La cité compte, outre, bien entendu, des dizaines de bâtiments qui renferment des milliers d’appartements attribués aux bénéficiaires, un commissariat de police, deux écoles primaires, deux collèges et un lycée. Même s’il s’agit d’un minimum pour une nouvelle ville appelée à recevoir des centaines de familles, il va sans dire que cela permettra d’un côté d’assurer la sécurité aux habitants et de l’autre permettre une scolarité ordinaire à leur progéniture. En effet, Abdelakader Zoukh accompagné par son homologue sur place, notamment Abdelakader Bouazghi, premier magistrat de la wilaya de Blida, ont fait une tournée à travers les différents bâtiments de la cité, afin de s’enquérir de l’état des lieux. Cette opération de relogement présentée comme étant la plus grande jamais réalisée auparavant à Alger, n’était, semble-t-il, qu’un effet d’annonce, du moins, l’a-t-on constaté sur les lieux. Et pour cause, les familles n’étaient pas nombreuses à y être transférées pour cette journée. Certains parlent d’une vingtaine seulement, avant que Zoukh n’annonce dans un point de presse, tenu conjointement avec Bouazghi, à l’issue de cette visite, quelque 400 familles devant être transferées pour cette journée. Interrogé sur les personnes exclues du relogement, Zoukh a encore une fois rassuré que toute famille ouvrant droit aura son logement. S’agissant des insuffisances en matière de commodités, le même responsable a indiqué que le problème de scolarité, à titre d’exemple, finira par se régler au fur et à mesure que se fassent le transfert des familles. Pour sa part, Bouazghi a indiqué que des marchés de proximité seront bientôt installés à l’intérieur de cette cité, à même de permettre aux habitants de s’approvisionner en alimentation et autres besoins vitaux.
Farid Guellil