Pour le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens, El-Hadj-Tahar Boulenouar, la permanence de l’Aïd el-Adha a été bien respectée par la majorité des commerçants réquisitionnés. Il s’agirait de 32 000 commerçants concernés par cette opération, à travers tout le pays.
Selon une enquête effectuée, et des renseignements que l’UGCAA aurait récoltés, à travers toutes les wilayas du pays, plus de 95% du taux de suivi de la permanence, révèle Boulenouar. Le représentant de l’Union générale des commerçants et artisans algériens a souligné, hier, qu’aucune réclamation provenant de consommateurs ou d’associations de protection du consommateur n’a été enregistrée, durant les deux jours de l’Aïd el-Adha. Ce qui signifie, pour lui, que l’opération s’est très bien déroulée. Il rappelle à ce propos que les commerçants appelés à assurer la permanence sont ceux activant dans les boulangeries, les magasins de fruits et légumes, les espaces d’alimentation générale, les boucheries, restaurations, et caféterias. Les unités de production d’eau minérale, de transformation de lait, et de minoterie sont également concernées. Cependant, bien que la permanence ait été respectée, les citoyens restent mal informés, signale Boulenouar. Il indique à ce propos que la plupart des APC ont manqué d’afficher les listes des commerces ouverts, durant les deux jours de fête, ce qui a poussé les consommateurs à faire de véritables parcours du combattant, pour s’approvisionner. «Les responsables locaux ont failli à la tâche», affirme notre interlocuteur. Il indique, par ailleurs, l’absence de pénurie de lait ou de pain, mais seulement la hausse de la demande à la veille de l’Aïd. Les boulangers ont assuré leur service, normalement, et le pain etait disponible partout dans les boulangeries, assure-t-il.
Les bouchers ont également répondu à l’appel, et il n’y a pas eu de réclamations à ce sujet, assure-t-il encore. S’agissant, d’autre part, de la flambée des prix des fruits et légumes, durant toute la semaine ayant précédé l’Aïd, il l’explique par le manque d’approvisionnement des vendeurs, et la hausse de la demande des consommateurs. «Les prix devront baisser à compter de dimanche», espère-t-il. De son côté, le ministre du Commerce, Bekhti Belaïb, qui avait inspecté le programme de ces permanences dans plusieurs quartiers du centre de la Capitale, avait rappelé que les contrevenants risquent de voir leur locaux fermés, plus d’une amende à payer.
Le ministère du Commerce aurait a, à ce titre, réquisitionné 32 689 commerçants, dont 6 137 dans la wilaya d’Alger, pour assurer l’approvisionnement des citoyens en produits de base sur l’ensemble des wilayas. Il s’agit de 4 976 boulangers, de 20 148 commerçants activant dans l’alimentation générale et les fruits et légumes, de 7 155 opérateurs dans des activités diverses, et de 410 unités de production, dont 179 laiteries, 259 minoteries et 32 unités d’eau minérale. La réquisition de commerçants durant les fêtes, religieuse et nationale, est devenue obligatoire depuis 2013, en application de la loi relative aux conditions d’exercice des activités commerciales. Des commerçants concernés par la permanence ont toutefois déploré le fait que les autorités les obligent à garder leurs magasins ouverts du matin au soir, y compris au moment du sacrifice du mouton de l’Aïd. «Chez nous, la permanence des commerçants est une jeune expérience. Elle remonte à trois ans. Avant, on ne mobilisait pas les gens dans ces circonstances», a souligné Belaïb, à ce propos. Pour le ministre du Commerce, la réussite de cette opération et son inscription, dans la durée, dépendent de l’adhésion consciente et volontaire des commerçants eux-mêmes.
«Ce n’est pas avec la menace qu’on va mobiliser les gens. Il faut d’abord essayer de les sensibiliser. Être commerçant, c’est assurer un service public», a-t-il souligné. Interrogé sur le sort réservé aux récalcitrants, qui pourraient quitter le service avant la fin de la permanence vendredi soir, le responsable a en effet indiqué qu’en principe, dès lors qu’on est réquisitionné pour ces permanences de l’Aïd, le fait de ne pas obtempérer, constitue une infraction. «Il faut attendre qu’on fasse le bilan de l’opération. Ceux qui n’auront pas répondu à la réquisition risquent de voir leurs magasins fermés pour une certaine période», a-t-il prévenu. La loi relative aux conditions d’exercice des activités commerciales prévoit la fermeture des locaux commerciaux pour une durée d’un mois, assortie d’une amende allant de 30 000 à 200 000 DA contre les contrevenants.
Ania Nait Chalal