Le monde fait face à des besoins de santé croissants, l’Algérie n’en est pas moins concernée. Ces besoins sont particulièrement plus pressants en professionnels de santé.
Et ceci, est d’autant plus vrai que le pays enregistre présentement déjà un déficit difficile à résorber. Est-ce la faute aux moyens ou à l’absence d’une volonté, voire d’une vision? C’est ce que tente d’y répondre certains spécialistes de la santé comme M. Mecherri, professeur d’Enseignement paramédical à INFSSF de Tizi Ouzou et membre du bureau national du syndicat des paramédicaux dans une contribution que nous avons reçu hier. Pour ce dernier, les grands défis nationaux en la matière, c’est précisément, se donner les moyens de faire face à la forte croissance démographique, l’accroissement continu de l’espérance de vie, l’apparition de nouvelles maladies, le départ en retraite de près de 30% de nos paramédicaux. Ce manque est estimé à 40 mille paramédicaux à former d’ici 2020. En parallèle le nombre de PEPM en activité ne dépassant pas les 400. À l’indépendance, rappelle M. Mecherri, le pays était en reconstruction avec une population peu nombreuse et encore moins exigeante, une croissance démographique très faible, des structures de santé très réduites, un personnel réduit et peu qualifié, des centres de formation insuffisants. Aujourd’hui le pays est en restructuration : une vision assez étroite et non concertée, des infrastructures de soins nombreuses et éparses, des grands centres universitaires dans tout le territoire, des écoles de formation paramédicales en souffrance, une population de plus en plus exigeante, un personnel paramédical très insuffisant et un personnel enseignant expérimenté, mais restreint. Côté statistiques, 35 écoles paramédicales réparties à l’échelle nationale, 5 200 paramédicaux sont formés par an, en toutes spécialités et grades, 500 enseignants paramédicaux en charge de ces formations, 3 300 enseignants universitaires pour la formation médicale, 564 structures de santé fonctionnelles (EPSP…CHU). Les besoins immédiats exprimés à près de 40 000 paramédicaux.
Pour ce professeur, l’inadéquation existante entre formation paramédicale et la formation universitaire: l’une en direction des diplômes professionnels, l’autre en direction des diplômes académiques. Deux systèmes de formation dont, ni les contenus, ni les approches ne se ressemblent. M.Mecherri déplore ensuite le fait de compter un seul paramédical pour 10 médecins, l’existence des conditions de travail dévalorisantes, des agressions quasi-quotidiennes, une rémunération insignifiante. Selon lui, ce sont ¼ des paramédicaux formés qui s’exilent, 1/3 du personnel candidat à la retraite, ½ qui rejoignent les structures privées. Quel remède ? M. Mecherri propose comme solution de créer à court terme d’autres écoles paramédicales, réhabiliter celles existantes dans leurs missions antérieures, instaurer des pôles d’excellence (CHU en place), valider les acquis professionnels et valoriser les compétences des paramédicaux, relancer la formation de la filière enseignement (3 ans), valoriser et valider les compétences des PEPM.
Ines B.