À quelques jours de l’Aïd-el-Fitr, les magasins de vêtements sont pris d’assaut. En tout cas, c’est ce que nous avons pu constater, hier samedi, lors d’une petite tournée dans la Capitale. En effet, et sous un soleil de plomb, les familles défilaient par grappes entières au niveau de la rue commerçante de Larbi-Ben-M’hidi (ex-rue d’Isly) d’Alger. En compagnie de leur progéniture, les chefs de famille avaient décidé finalement de casser, une bonne fois pour toute, la tirelire, quitte aussi à contracter des dettes, afin de se conformer au rituel social de l’Aïd-el-Fitr et faire, ainsi, le bonheur des leurs enfants. Ces derniers sont, on le devine aisément, très exigeants et ils tiennent à s’habiller mode. Les prix sont de toutes les hauteurs et atteignent toutes les cimes. En effet, un ensemble pour jeune adolescent, composé uniquement d’un pantalon et d’un pull, coûte la bagatelle de 7 250 DA. Une autre boutique affiche les pulls à 3 250 DA l’unité et les chaussures arrivent à être cédées à raison de 1 250 DA la paire. Un autre magasin propose les pulls à 1 200/1 400 DA l’unité, etc. Pour les demoiselles, une liquette coûte 1 500 DA, un hidjab 4 500 DA et un chemisier quelque 1 200 DA. Des prix certes très intéressants pour le chef de famille, mais la qualité en pâtit sérieusement. Même topo de la rue Ben-M’hidi jusqu’à la célèbre Place des Martyrs. Il est une dure journée du mois de carême. L’horloge tourne aux alentours de midi tapantes. Tandis qu’au abord des jardins publics, les retraités conversent entre eux, les couples, les ménages, les femmes avec enfants, ou encore le père accompagné de sa marmaille, commencent à sortir de leur léthargie et de leur foyers à la recherche de l’article qui fera leur bonheur ou le bonheur de l’un des leurs. Il faut dire aussi que les marchés de la Capitale sont le lieu de convergence de pratiquement l’ensemble de l’Algérois et des wilayas limitrophes, dont les résidents se rendent à Alger comme ils vont en pèlerinage. Les affaires sont juteuses des deux côtés de la barrière vendeur-client. Le principe étant que chacun d’entre eux s’en sorte satisfait. Toutefois, d’autres chefs et pères de famille ont été plus avisés, en effectuant les achats de vêtements pour l’Aïd bien avant l’avènement de ce mois béni du Ramadhan. «Je n’ai pas attendu l’approche de l’Aïd, afin de faire mes emplettes. J’en ai déjà terminé avec les habits neufs pour mes enfants, et ce, avant même l’arrivée du mois sacré de carême», soutient Zineb, mère de famille, décidément résolue à ce que ses quatre enfants célèbrent la fête dans la gaieté et avec de nouveaux habits flambant neuf. En effet, l’Aïd-el-Fitr demeure toujours une occasion de fête religieuse, mais aussi à dimension sociale et familiale à laquelle les Algériens ne renoncent pas encore. «Il n’y a que deux périodes de fêtes: Aïd-el-Adha et Aïd-el-Fitr. Cela serait vraiment dommage de ne pas combler la joie des mes enfants», affirme un père de famille, soutenant qu’il est disposé même à contracter des dettes afin de faire le bonheur de ses enfants. «L’Aïd est une occasion de renouer avec une ambiance de joie et de gaieté pour l’ensemble de la société algérienne. En cette période, nous nous partageons nos vœux et nos sentiments. Donc, autant le faire avec des habits neufs», enchaîne ce père de famille. Cependant, pas moyen de connaître le chiffre d’affaires de nos commerçants. En effet, s’il semble que les affaires marchent pour les revendeurs et que les clients dépensent sans compter, les opérations de soldes sont quasi-généralisées. «Revenez après le f’tour. L’ambiance est beaucoup plus chaleureuse et plus bruyante», nous lance un autre commerçant qui s’affairait à négocier âprement avec un client. Cependant, il ne faut pas croire que tout est rose puisque d’autres ménages, pas peu nombreux, dans le besoin et aux ressources financières bien limitées se rabattent sur les vêtements d’occasion. C’est ce qu’il est loisible de remarquer auprès des magasins de friperie bon marché de la Capitale et même au niveau des wilayas limitrophes. Bien évidemment, il se trouve des associations de bienfaisance très actives et qui apportent leur plein concours pour cette catégorie vulnérable de citoyens. En effet, en plus de l’ouverture de restaurants Rahma un peu partout, mais aussi suite à des opérations de circoncision collective, elles ont prévu de distribuer des vêtements en prévision de l’Aïd-el Fitr dans un élan de générosité et de ferveur religieuse. En fait, la ruée sur les marchés a commencé depuis quelques jours déjà et c’est un comportement coutumier ces nos concitoyens. En effet, rare sont ceux qui dérogent à la règle d’acquérir des vêtements neufs et d’intenses sacrifices sont consentis par les chefs de famille. Les prêts-à-porter d’importations sont en haut du podium et c’est à qui se débouille une robe, une jupe, un ensemble, des chaussures, etc. En tout cas, les achats des vêtements de l’Aïd se le disputent aux dépenses du mois de carême et aux factures de Sonelgaz et de l’ADE. Une autre dépense est aussi sur l’agenda de la chef de famille. Il s’agit des nécessaires ingrédients de confection des gâteaux de l’Aïd. Mais ceci est une autre histoire.
Mohamed Djamel