L’activité du transport maritime enregistre une baisse très perceptible au niveau du port d’Alger. C’est du moins ce qui est remarquable depuis le début du mois de Ramadhan. Ne s’agit-il pas par là d’une baisse des exportations ? On tentera de répondre à cette interrogation en comparant ce constat aux résultats statistiques établis.
D’ailleurs, le simple visiteur qui rôde le long du front de mer qui domine la baie d’Alger, constatera de visu que la mobilité des navires, qu’ils soient ceux en rade ou bien ceux accostant au port, n’est plus celle observée il y a quelques jours. Même si c’est très tôt de le dire, d’aucuns estiment que ce recul de l’activité n’est pas dissociable de la baisse du volume des importations annoncée récemment. En effet, selon le ministre du Commerce, Amara Benyounès, la facture des importations du pays a baissé de 1,8 milliard de dollars durant les quatre premiers mois de l’année en cours, a-t-il affirmé, jeudi dernier. À travers un certain nombre de mesures économiques restrictives et dissuasives, le gouvernement entend faire pression sur les importateurs dans le but de les dissuader à se défaire des opérations d’importations qui portent préjudice au Trésor public, et les ramener à orienter leurs activités vers des créneaux productifs et plus rentables de l’économie nationale. Peut-on penser, donc, que le recul du flux maritime est le résultat de ces mêmes mesures? Les dernières statistiques rendues publiques par le Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis) constituent en partie de la réponse à cette interrogation. En effet, le Cnis fait état du recul des importations en matière des matériaux de construction de 428,23 millions de dollars USD, soit 34,5%, durant les quatre premiers mois de l’année 2015, par rapport à la même période de 2014. La baisse de l’activité maritime s’explique aussi par la chute du volume des mêmes importations de 10,12%, pour passer de 3,6 à 3,2 millions de dollars. Dans le détail, les produits concernés par ce recul sont les ciments, le bois, les produits en céramique, le fer et l’acier, précise la même source. Les ciments et le fer/acier qui occupent une part importante des importations de cette catégorie de produits, ont vu leurs valeurs reculer respectivement de 20 et 40% durant la même période. Des baisses qui tendent à aller davantage crescendo, selon les affirmations du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, avec l’exploitation de deux nouvelles cimenteries à Biskra, d’une capacité de production totale de 4 millions de tonnes par an. C’est ce qui permettra une autosuffisance en la matière vers la fin de l’année 2016, indique Bouchouareb. Pour ce qui est du fer et de l’acier, les pouvoirs publics restent tout aussi optimistes, puisque selon le même ministre, l’exploitation de deux complexes sidérurgiques à Oran et récemment à Bellara (Jijel) fera passer l’Algérie d’une position d’importatrice à celle d’exportatrice des produits sidérurgiques à l’horizon 2017. En décembre dernier, le ministre de l’Habitat a formulé à travers une circulaire, l’interdiction aux opérateurs de ce secteur, de recourir à l’importation des matériaux de construction disponibles localement, pour promouvoir entend-il par là, la production nationale. Ce n’est pas tout, puisque le ministère du Commerce a annoncé, hier, le renforcement des brigades de contrôle des opérations du commerce extérieur au niveau des ports du pays.
Les importations céréalières grimpent
En effet, habituellement, le bassin constituant le périmètre de la plate-forme maritime, et même au-delà d’ailleurs, est parsemé d’une nuée de navires qui naviguent dans tous les sens, pour n’en laisser place, depuis le début de semaine au moins, à un mouvement timide de quelques vaisseaux marins qui apparaissent encore sur le rivage. «Ces navires que vous voyez là-bas transportent du carburant et des céréales. Les marchandises sont importées et acheminées depuis des pays étrangers attendent le débarquement», nous confie un agent marin qui travaille à l’EPAL (Entreprise portuaire d’Alger), rencontré dans la nuit de dimanche près du boulevard Zighoud-Youcef, qui jouxte la rive d’Alger. Là encore, les données émises par le Cnis confirment bel et bien la dépendance du pays à l’importation des produits céréaliers, en dépit d’une hausse de 20% annoncée concernant la récolte céréalière de cette année, estimée à 43 de quintaux contre 35 millions durant l’année dernière. En effet, la facture céréalière durant les quatre premiers mois de l’année en cours a connu une hausse de 14% par rapport à la même période de 2014, soit 1,31 milliard de dollars (md usd) contre 1,14 md usd. En termes de quantités importées cela se traduit par l’achat de 4,85 millions de tonnes contre 3,84 millions de tonnes pour la même période de comparaison. Notre source ajoute par contre que la semaine précédente, les services portuaires ont reçu sur le quai pas moins de quinze (15) bateaux transportant de diverses cargaisons de marchandises. Néanmoins, notre interlocuteur explique cette situation par le fait qu’à la veille du mois sacré, le recours au marché étranger pour la couverture des besoins domestiques devient une nécessité en raison d’une consommation battant son plein durant cette période. Hormis cette exception donc propre au mois de Ramadhan, l’activité au port d’Alger suit une courbe descendante ces derniers jours, voire même depuis le début du mois de juin.
Farid Guellil