Béchar ,ville de plus de 140.000 âmes, n’en finit pas d’étonner. Ce nom lui fut attribué à l’origine par une personne venant de très loin censée apporter la bonne ou mauvaise nouvelle «El bachhar». Aujourd’hui, la ville est livrée à elle -même .Elle est traversée par un oued qui la coupe en deux. Au moment des pluies ,il charrie tout sur son passage ,laissant derrière lui des déchets de toutes sortes et parfois des habitations entières sont emportées. Une image qui ternit outrageusement cette ville mythique qui mérite plus d’attention de la part des responsables. Les moustiques y règnent en permanence, les rats d’égouts y ont élu domicile, sans doute ayant atterri ici accidentellement en provenance d’Oran, parce qu’ils n’existaient pas auparavant.
Ces bestioles attendent et guettent le moment propice, celui du crépuscule, pour effectuer de véritables raids qui suscitent l’agacement et le désarroi des habitants. Même les insecticides utilisés n’ont plus d’effet sur elles.
Les restaurateurs, sans le moindre égard, la moindre gêne pour les passants, et dans l’indifférence générale, totale, font le ménage de leurs locaux à l’extérieur, squattant les trottoirs au détriment du piéton obligé de se rabattre malgré lui, sur la chaussée avec les risques encourus. La préparation de repas, épluchage des légumes, découpe de la viande ,se pratique dehors sous la poussière et tous les agents polluants et pathogènes.
LE SABLE, LE BRUIT ET LES MAUVAISES ODEURS
Pourtant, un rappel à l’ordre obligerait ces ‘anarchistes’ à se conformer à la règlementation en vigueur. Dans les quartiers populeux que nous avons parcourus, des odeurs nauséabondes vous picotent les yeux et chatouillent désagréablement vos narines du fait du déversement des eaux usées provenant de conduites bouchées et vétustes. Beaucoup de choses sont à revoir et des efforts restent à faire. Des jeunes sur des motocyclettes dont ils ont pris soin de supprimer le silencieux vous narguent dans un bruit assourdissant et infernal avec leurs moteurs. Le port du casque, quant à lui, est depuis belle lurette une chimère. La rue est transformée en aire de jeu par les enfants qui monopolisent carrément chaussées, trottoirs, les réduisant en terrain de football conquis d’ avance. Les taxis et les véhicules de transport urbain ne sont pas en reste, s’arrêtant n’importe où, faisant fi des règles du code de la route ,avec les conséquences que cela supposent comme désordre, constituant un véritable calvaire et un sujet qui alimente la conversation dans les cafés .
Les nids-de-poules et les chaussées défoncées avec l’arrivée d’un entrepreneur chargé de refaire le réseau d’eau potable a mis les artères de la ville sens dessus-dessous, rendant la circulation quasi difficile et contraignante qui se termine souvent dans un concert de klaxons et parfois d’injures. La remise en l’état n’est pas respectée et sitôt la tranchée comblée, elle redevient gondolée, ce qui fait souffrir les amortisseurs des véhicules aussi neufs soient-ils. Circuler à Béchar ,à pied ou en voiture est devenu un vrai casse-tête qui met les nerfs à rude épreuve .En fait, seul un axe routier conduit vers le centre-ville où il faut jouer du pare-chocs afin de se faufiler tel un poisson dans l’eau ,espérant parvenir à la destination finale .Avancer dans cette cohue humaine ,cette marée déferlante requiert de la patience ,de la patience encore de la patience ! Où sont passées les mesures coercitives qui régissent le bon fonctionnement de la circulation ?
LA GRANDE PLACE
La place du chameau, comme on l’appelle, en référence au dromadaire qui ne dispose que d’une seule bosse alors que le chameau en possède deux et vit en Asie, est livrée carrément aux petits vendeurs de cigarettes et autres objets hétéroclites qui s’écoulent rapidement. D’autres se livrent sans retenue à des parties de dames, de cartes, histoire de prendre leur revanche sur le temps.
DES IMMONDICES JONCHENT LE SOL
Des détritus, des immondices couvrent le sol à la merci des rongeurs, des pigeons et autres animaux rampants ou volants. Les uns comme les autres, éboueurs et riverains ont chacun leur part de responsabilité. Relancer le reboisement des artères de la ville n’est pas la première préoccupation des responsables .Seul le béton ,en véritable maitre des lieux, avance inexorablement, inlassablement, au détriment des espaces verts condamnés pour dire adieu à une bouffée d’air pur.
Loin de la béatitude !
Les arrêts réservés aux transports urbains, mal éclairés le soir, constituent un véritable refuge pour les pickpockets qui se livrent à de véritables tours de prestidigitateurs afin d’agir en toute quiétude. Tout rentre dans le désordre ! L’eau ,source de vie ,est boudée par les habitants de Béchar qui considèrent que cette eau du barrage de «djorfettorba» a un arrière-goût qui les pousse à se rendre à quelques kilomètres de la cité ,se procurer une eau plus saine .
Sa répartition n’est pas régulière et les autochtones pour se prémunir des éventuelles coupures se font fabriquer des citernes en tôle galvanisée qui garnissent les terrasses des habitations, offrant ainsi un spectacle désolant qui côtoient étrangement ces assiettes paraboliques.
Chacun se démène comme il peut, pourvu que cette denrée si chère coule !
En réalité, si chacun mettait du sien ,on parviendrait à faire de Béchar une ville propre et la fameuse place , jadis appelée «place du chameau» connaitrait un meilleur engouement de la part des visiteurs et des habitants qui devraient comme les services publics ,s’impliquer davantage pour une meilleure image de la capitale de la Saoura ,prestige de toute une région .
SAFI. A. T.