N’ayant pas trouvé de compromis avec le ministère de l’Éducation nationale, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) est passé à d’autres moyens de contestation. Après un mois de grève illimitée, le Syndicat a décidé de sortir à la rue et de tenir des rassemblements devant les directions de l’éducation, et ce, au niveau des différentes wilayas. Ce fut donc, hier, où le premier épisode des rassemblements a eu lieu. En effet, des enseignants, adhérents au Cnapeste et ayant observé une grève depuis le 16 du mois passé, se sont mobilisés devant les trois directions de l’éducation au niveau de la Capitale. À l’académie d’Alger-est, ils étaient sur les lieux à partir de 10 heures de la matinée. Ne dépassant pas, toutefois, soixante personnes, les contestataires avaient un seul mot d’ordre, l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants. Interrogé sur place, le coordinateur de la wilaya d’Alger-est auprès du Cnapeste, Djafri Smaïl, indique que les raisons qui ont poussés les enseignants grévistes à sortir à la rue sont les refus que la tutelle s’obstine à donner à leurs revendications «légitimes», notamment à cause des menaces que lance la tutelle à leur encontre. Nos doléances pouvaient être prises en charge avant qu’on ait entamé la grève, lance notre interlocuteur, soulignant que la principale revendication tournait autour de l’intégration automatique. Djafri a, d’autre part, fait savoir que mis à part ces sit-in séparés le Conseil national du Cnapeste prévoit l’organisation d’un autre rassemblement national, dont la date et le lieu seront fixés plus tard. De son côté, la déléguée du lycée Mohamed-Mézari de Bab-Ezzouar, Mme Djelid, a estimé que la grève aurait pu ne pas avoir lieu si «la tutelle avait ouvert sérieusement les portes du dialogue». Notre interlocutrice a dans le même contexte lancé un appel à la tutelle en l’invitant à aller sur le terrain, et voir réellement ce qui se passe dans les établissements scolaires. Selon elle, les dernières mesures prises par le ministère de l’Éducation afin de rattraper le retard des cours n’aideront point les élèves puisque, poursuit-elle, les vrais problèmes ne sont toujours pas résolus. Elle a cité, à titre d’exemple, la propagation de la violence dans les écoles, la surcharge des classes, le manque d’encadrement, la dégradation du niveau de l’élève et surtout de nombreux dysfonctionnements dans le programme scolaire. «On nous accuse de courir derrière l’argent, alors que nous luttons pour sauver l’École algérienne», a-t-elle regretté.
Suivi mitigé dans les autres wilayas du pays
Dans le sud du pays, cette action de protestation a été faiblement suivie, et de façon mitigée d’une wilaya à une autre, allant d’une vingtaine à un peu plus d’une centaine de participants, selon la wilaya, a-t-on constaté. Un sit-in de près d’une heure a eu lieu dans les wilayas d’Ouargla, Adrar, Nâama et El-Oued, et n’a pas été suivi dans d’autres, telles que Ghardaïa, Tamanrasset, El-Bayadh et Tindouf, sachant que dans certaines de ces wilayas le Cnapeste n’est pas représenté. À l’Est, ils étaient entre 200 et 250 personnes à prendre part à un rassemblement devant la direction de l’Éducation d’Annaba, alors que leur nombre ne dépassait pas la centaine à Constantine. Dans l’ouest du pays, l’action de protestation a été peu suivie et son impact diffère d’une wilaya à une autre. En effet, le nombre des protestataires ne dépassait pas les 150 enseignants dans le meilleur des cas. Que ce soit à Oran, Mostaganem, Tiaret, Mascara, Relizane ou encore à Tissemsilt, les protestataires se sont donné rendez-vous devant les sièges des directions de l’Éducation brandissant des banderoles et pancartes sur lesquelles étaient portées leurs principales revendications. Ils se sont ensuite séparés dans le calme, une heure plus tard. Dans le centre du pays, près de 400 enseignants se sont rassemblés. Brandissant des pancartes sur lesquelles ils ont exprimé leur «ras-le-bol» vis-à-vis des décisions prises dernièrement par le ministère de l’Éducation nationale, notamment la mise à la disposition des élèves de la 3e année secondaire d’un CD contenant l’ensemble du programme scolaire. À Blida, un rassemblement similaire s’est tenu devant la direction de l’Éducation. Les enseignants y ont dénoncé «l’insolence» du ministère de tutelle qui a «daigné substituer à l’élément humain un CD» contenant des cours. À Tizi Ouzou, un suivi plus au moins massif à ce mot d’ordre de sit-in a été constaté.
Ania Naït Chalal