Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, Abdelkader Bensalah, a réaffirmé, hier, depuis Mascara, la position de son parti par rapport à la Conférence nationale du consensus (CNC), initiée par le Front des forces socialistes. Il a indiqué que l’initiative du FFS ne présente pas les conditions nécessaires à sa réussite, en dépit, a-t-il précisé, de son caractère noble en soi. Une déclaration qui enlève un peu le voile sur les intentions du RND, avant même la tenue de son conseil national, qui devrait, rappelons-le, trancher la question de participation ou non à ce rendez-vous. S’agit-il d’un refus de participer, ou carrément d’un rejet sous couvert de préalables ? En tout cas, tout porte à croire que l’indice d’un refus l’emporte sur une volonté de participer à cette conférence. Cette déclaration intervient au lendemain même où le premier secrétaire du FFS, Mohamed Nebbou, a fait un clin d’œil à ses partenaires, en assurant que son parti est prêt à faire des compromis, pour peu que ces derniers s’engagent à participer. En dépit de cette volonté de concéder, Bensalah estime que son parti n’a pas reçu de garanties du FFS, s’agissant du point relatif au respect de la légitimité des institutions élues. Tout comme Amar Sâadani, patron du FLN, qui a déclaré que son parti n’acceptera pas qu’il soit présidé dans la CNC, Bensalah lui emboîte le pas, en indiquant à son tour que cette rencontre devra être mise sous l’égide et même sous contrôle des institutions officielles.
Il s’agira vraisemblablement de la présidence de la République, puisque Bensalah affirme que sa formation politique ne peut se défaire de son attachement au programme du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, qui compte procéder à la révision de la Constitution. Plus loin encore, l’actuel président du Sénat a signifié, à son homologue du FFS, qu’aucune solution ne peut avoir lieu en dehors de ce projet présidentiel (Constitution, ndlr), dont son parti a pris part à toutes les consultations lancées en ce sens, car, a-t-il précisé, où le RND a déjà fait part de ses propositions et ses visions. Or, le responsable du parti de Hocine Aït Ahmed dit que les travaux de cette rencontre devraient être axés sur la notion de «bonne gouvernance», même si, auparavant, il a rassuré que la révision de la Constitution est un point qui fera partie de l’ordre du jour de la CNC. Le secrétaire général du RND a estimé que l’initiative du FFS est compromise, en révélant que les membres de la direction du FFS n’ont pas clairement répondu à ses préalables, et d’ajouter encore que nombre d’acteurs politiques de la scène nationale versent dans des discours contradictoires, un état de fait qui, selon lui, a compromis d’ores et déjà l’avenir de la CNC. Enfin, Bensalah a lâché une déclaration on ne peut plus claire, qui renseigne sur son rejet de toutes autres initiatives qui sortent du cadre de la révision de la Constitution. «Toutes les initiatives soumises n’apportent aucune nouveauté ou une quelconque plus-value par rapport à la révision de la Constitution attendue», a-t-il formulé sa position.
Bensalah s’attaque à l’opposition
Le secrétaire général du RND «prévient» la CNLTD (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique), sur «les dangers» que peuvent constituer les manifestations de rue pour «la stabilité du pays et l’ordre public», en faisant notamment allusion à l’appel à la marche, lancé par cette Coordination, pour mardi prochain, afin de dénoncer l’exploitation du gaz de schiste, dans le sud du pays. Abdelkader Bensalah a mis en garde les initiateurs contre tout débordement, avant d’accuser les partis de l’opposition «de tentatives d’exploiter les revendications des populations du Sud et la conjoncture économique actuelle, et prôner le chaos et le désordre», a-t-il chargé la CNLTD.
Le même responsable a estimé que le peuple ne répondra pas à cet appel, et ce même peuple est même prêt à défendre son pays et sa stabilité, tentant de dissuader les initiateurs, avant d’ajouter que cette action serait «vaine», car les Algériens ont tiré les leçons de leur passé, a-t-il laissé entendre. Intervenant lors d’une rencontre avec les cadres et militants de son parti, Bensalah a passé en revue la situation qui prévaut dans le Sud. Il a plaidé, en ce sens, pour le lancement d’«un débat technique et scientifique sur le gaz de schiste, et qui devrait réunir le gouvernement et ceux qui ont un avis opposé à cette option». Le numéro un du RND a souligné comprendre les appréhensions «d’une partie de la population de cette région du Sud».
Farid Guellil