Metteur en scène passionné, tutoyant les grandes œuvres dans leurs difficultés multiples, Ahmed Belalem s’est propulsé dans la cour des grands avec le souci permanent de renseigner le spectateur sur lui-même et le mettre au fait de sa réalité. « Respecter les atmosphères de l’œuvre originale » tel aura été le défi d’Ahmed Belalem pour le spectacle, « En’Nihaya », tiré de » fin de partie » de Samuel Beckett. Savamment adapté à la réalité algérienne, » En’Nihaya », spectacle monté dans la grisaille de l’absurde, avec des comédiens aux mines graves, sur une scène nue animée d’un éclairage sombre et macabre, est une œuvre exigeante qu’Ahmed Belalem a bien voulu pénétrer. Figurant parmi d’autres spectacles classés difficiles que le metteur en scène a déjà monté, « En’Nihaya », qui propose d’explorer l’irrationnel et renseigne sur le manque de communication entre les individus, est une réécriture totale de l’œuvre de Samuel Beckett qu’Ahmed Belalem a entrepris. Natif de Mostaganem en 1957, Ahmed Belalem a connu ses premières expériences dans le 4e art durant son adolescence où il organisait des soirées artistiques, s’abandonnant avec des amis à des exercices créatifs dans le théâtre, la chanson et la poésie.
Il monte avec El Ichara plusieurs textes d’Ould Abderrahmane Kaki s’illustrant avec « Dem El Hob », avant de monter d’autres spectacles et prendre part à des tournées qui le mèneront au Maroc, en Tunisie et en France. Par ailleurs, Ahmed Belalem s’était investi, par souci de transmettre, dans la formation des jeunes amateurs de théâtre, et à la création, à Mostaganem, de l’école populaire des arts, il assure avec Meddah Abdellah, un de ses compagnons de route la fonction d’animateur. Parti en ex-URSS en 1982, il s’inscrit à l’Institut de perfectionnement de Moscou où il améliore ses connaissances, se rendant surtout compte que le théâtre en Algérie manquait de beaucoup de choses.
« Je suis revenu avec une autre vision sur le 4e art, notamment pour ce qui est de la scénographie », a-t-il affirmé. Les rencontres avec Kateb Yacine, Alloula et autres noms qui ont marqué le 4e art en Algérie ont permis à Ahmed Belalem de saisir la pertinence du fait théâtral, éclaireur de consciences dans des formes esthétiques élaborées. « Les rencontres avec ces icônes du Théâtre algérien m’ont métamorphosé ».
Se frottant à de grandes œuvres classiques à l’instar de « La trilogie d’Antigone » de Sophocle où à des auteurs universels contemporains à l’exemple de Maurice Maeterlinck, Tom Stoppard, Eric Oswald, Albert Camus ou Samuel Beckett, Ahmed Belalem inscrit son art dans la lignée de la dramaturgie sincère, utile et constructive. Actuellement, dans son élan de formateur infatigable, Ahmed Belalem entretient dans le bénévolat deux ateliers à Aïn Defla et Médéa, n’hésitant pas à faire le déplacement pour reprendre une scène, travailler un tableau, corriger les comédiens ou encore reprendre des dialogues pour mieux les intensifier. Ahmed Belalem compte, pour son prochain spectacle, adapter une des œuvres d’Albert Camus.