Il existe de nombreux artistes qui connaissent un immense succès pendant une courte période. Ce succès peut se caractériser par exemple par quelques films qui ont triomphé à une certaine époque, une couverture médiatique énorme à un moment donné, ou un Oscar de la meilleure actrice pour un rôle isolé. Et puis soudain, plus rien (ou presque), ces artistes tombent subitement dans l’oubli et l’anonymat aussi vite qu’ils ont attiré la lumière. Ils disparaissent de l’écran radar sans rien laisser d’autres que des souvenirs plein la tête, des souvenirs nostalgiques de cinéphiles. Parfois dû à un retrait choisi, tout simplement pour changer de vie, élever des enfants, ou évoluer vers d’autres sphères. Ou à l’opposé, ce retrait peut être provoqué à cause du vieillissement, du temps qui passe, et donc, du manque d’intérêt des studios et des productions. Ces disparitions soudaines sont d’autant plus surprenantes qu’elles se développent d’une façon exponentielle avec le temps. En effet, aujourd’hui, combien de Mary Elizabeth Mastrantonio, de Meg Ryan, ou de Rebecca de Mornay presque oubliées pour une Meryl Streep toujours au sommet ? Une carrière est un travail de longue haleine, un investissement perpétuel. Et il faut compter sur une bonne dose de chance aussi. A travers cette rubrique baptisée « Mais qu’est devenu(e)… ? », nous vous proposons de vous replonger dans une époque, une période, une filmographie, une histoire. Celle d’un comédien ou d’une actrice qui aura marqué le septième art de son empreinte avant de disparaître aussi vite qu’il ou qu’elle était venu(e). Enfant-star, membre d’une des plus grandes dynasties hollywoodienne (Henry Fonda est son grand-père, Jane Fonda sa tante, et Peter Fonda son papa), star hollywoodienne dans les années 90, l’actrice Bridget Fonda est une enfant de la balle qui a grandi sous nos yeux avant de subitement disparaître des écrans radars il y a une douzaine d’années, à l’âge précoce de 38 ans. C’est en effet dès l’age de 5 ans que baby Bridget figure dans le film culte Easy Rider, aux côtés de son père, de Dennis Hopper et de Jack Nicholson, pour un baptême du feu encore dans toutes les mémoires. Une première expérience qui va stimuler sa passion créatrice puisqu’elle décide de se diriger vers l’art dramatique et donc la coutume familiale à l’adolescence. Elle quitte alors Los Angeles et ses plages pour New York et ses buildings et étudie à l’Actor’s Studio avec Lee Strasberg (et sa fameuse « Méthode » chère à Marlon Brando, James Dean ou Robert de Niro), puis à la Tish School, tout en tournant dans quelques publicités et quelques clips pour se faire la main. En 1989, à 25 ans, elle retrouve les plateaux de cinéma – en tant qu’adulte cette fois et pour un vrai rôle – avec Scandal, un film d’époque se déroulant dans le Londres nocturne des cabarets dans les années 60, réalisé par Michael Caton-Jones avec John Hurt et Joanne Whaley. On y découvre alors toute la fraîcheur et le panache de cette jeune actrice qui n’a, dès ses débuts, pas froid aux yeux et qui s’investit sans compter. L’année suivante, elle tombe amoureuse du comédien Eric Stoltz (avec qui elle restera en couple pendant huit ans) et incarne Grace Hamilton, journaliste et maîtresse d’un soir de Vincent Mancini (Andy Garcia), dans Le Parrain 3, qui clôt brillamment la trilogie mafieuse de Francis Ford Coppola.
Aux côtés d’un casting hors-norme : Al Pacino, Diane Keaton, Eli Wallach, Joe Mantegna, Sofia Coppola, Talia Shire et bien d’autres, Bridget parvient déjà et en seulement trois films à laisser sa trace dans l’histoire du cinéma. Et le début d’une prolifique décennie débute alors pour elle. Après avoir retrouvé son réalisateur de Scandal pour Doc Hollywood avec Michael J. Fox et Woody Harrelson, Bridget change une nouvelle fois de registre en 1992 pour le thriller très réussi et flippant JF partagerait appartement, du cinéaste français Barbet Schroeder (Le mytère Von Bülow) qui s’amuse à martyriser la jolie Bridget (rousse et cheveux courts pour l’occasion) en lui octroyant une colocataire psychopathe et on ne peut plus déséquilibrée incarnée avec démence et conviction par Jennifer Jason Leigh.
La même année, Bridget Fonda tourne Singles, long métrage estampillé « film de la génération grunge », réalisé par Cameron Crowe avec aussi Campbell Scott et Matt Dillon. Le début des années 90 la voit donc enchaîner les films et sa carrière vit sa période la plus productive, avec notamment des premiers rôles dans Evil Dead 3 : L’armée des ténèbres de Sam Raimi, Nom de code : Nina de John Badham, Little Buddha de Bernardo Bertolucci, Aux bons soins du Docteur Kellog d’Alan Parker, ou City Hall d’Harold Becker, tous tournés lors de la première moitié de la décennie. Des films plus ou moins réussis qui la mèneront jusqu’à l’année 1997 et son chef-d’œuvre : le rôle de Melanie dans Jackie Brown de Quentin Tarantino, avec aussi Samuel L. Jackson, Robert de Niro, Pam Grier, Robert Forster et Michael Keaton. Un rôle sur mesure pour cette Californienne pure souche, celui de la peu farouche blondinette, fan de surf et de fumette, qui passe son temps à glander dans un appart de Venice Beach en micro-short et haut de bikini, pour un rôle culte qui allait définitivement faire entrer Bridget dans la légende du cinéma.
Après ce coup de maître, la jolie blonde ne tournera plus que très peu – elle se permet même de refuser le rôle-titre de la série Ally McBeal, tenu au final par Calista Flockhart -, retrouvant l’année suivante le réalisateur Sam Raimi pour l’efficace Un plan simple, et ne tournant plus que sporadiquement dans de petits projets jusqu’à 2002, date de son retrait des plateaux et de sa rencontre avec Danny Elfman, mythique compositeur des bandes originales des films de Tim Burton, qu’elle épouse en 2003. Bridget se consacre alors à son couple et donne naissance à son premier enfant, un fils prénommé Oliver qui naît en 2005 et dont elle s’occupe encore aujourd’hui, ayant déserté les tournages et le milieu hollywoodien dont elle est issue, pour prendre du recul quant à la célébrité et se consacrer pleinement à sa famille et ses proches. Aujourd’hui âgée de 50 ans, Bridget n’est plus apparue sur un écran de cinéma depuis 2001 et Le Baiser mortel du Dragon. Espérons qu’un cinéaste, comme Quentin Tarantino par exemple, réussisse un jour à la convaincre de revenir au premier plan, car la belle Bridget nous manque depuis plus d’une décennie maintenant. Et c’est un euphémisme.