Dans son instruction du 22 septembre dernier, le patron de la Centrale syndicale Abdelmajid Sidi-Saïd a affirmé que le 12e Congrès de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), qui se tiendra demain, à Alger, «sera le reflet de notre base syndicale, de l’adhésion des travailleuses et travailleurs à l’UGTA, et de leur confiance en notre organisation, qui œuvre pour leurs intérêts moraux et matériels». Après avoir présidé les rencontres régionales des délégués au 12e Congrès national de l’UGTA, le patron de la Centrale syndicale s’est réuni, fin décembre dernier, avec les secrétaires généraux des fédérations de l’UGTA, au lendemain de la tenue du pré-Congrès régional du Centre, à l’hôtel Riadh à Alger. C’est à cette occasion que le secrétaire général de l’UGTA a annoncé la tenue du 12e Congrès du 4 au 6 janvier courant. Un congrès qui débutera ses travaux demain, à Alger, dans une conjoncture particulière à plus d’un titre sur la scène nationale, dont l’organisation syndicale n’est pas à l’abri de ces impacts. Outre l’effervescence politique marquant la scène nationale, non sans conséquences sur les sensibilités politiques au sein de l’organisation syndicale, les travaux de ce congrès seront bousculés par l’impact de la chute du prix du pétrole et les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement. La nouveauté, par ailleurs, pour ce 12e Congrès de l’UGTA, a trait aux représentants des quatre régions au sein de la Commission exécutive nationale (CEN) qui sont déjà connus des congressistes. Pour le patron de l’UGTA sortant et candidat pour sa réélection au poste du secrétaire général de l’organisation syndicale ce 12e Congrès se veut le rendez-vous qui verra la mise en route des réformes significatives, mais avec «prudence et sans précipitation». Même si l’idée phare du nouveau souffle que Sidi-Saïd et ses soutiens veulent donner à l’organisation syndicale s’est résumé, selon leurs dires «à engager un véritable processus de rajeunissement» des différentes structures, il paraît difficile d’y parvenir au regard des mentalités, des pratiques et des us qui règnent en faveur du carriérisme et des choix adoptés de nature plus d’ordre politique que syndicale. Pour celui qui est à la tête de l’UGTA, depuis 1997 et fortement intéressé à occuper ce poste encore, durant les cinq prochaines années, est critiqué par la base des travailleurs, et même des observateurs de la scène syndicale nationale sur sa démarche syndicale, en direction de l’organisation en question et sur ses multiples rencontres, au courant de l’année 2014, avec les patrons du secteurs privé, hors de la traditionnelle Tripartite. Des rencontres qui n’ont pas eu, pour effet, l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs dans le secteur privé, qui compte, selon le dernier rapport de l’Office national des statistiques, le plus de travailleurs non déclarés à la Sécurité sociale, avec plus de 50%. D’autres observateurs et des travailleurs, au sein de l’UGTA et en dehors, s’interrogent même sur les raisons de l’absence de structures syndicales de l’organisation de Sidi-Saïd dans le secteur économique privé, en ascension, faut-il le noter, et appelé à jouer davantage un rôle dans l’activité économique du pays en général. Par ailleurs, les revendications syndicales des différents secteurs, privé et public, ayant été dans la majorité des cas portés par des organisations syndicales autonomes, rendus possibles par le recul du rôle syndical de l’UGTA, qui a été longtemps à l’avant-garde du travail syndical. Les travaux du congrès de l’organisation syndicale débuteront, demain, sur fond des questions qui se posent outre au monde du travail, appelé à relever le défi de la production nationale, hors des hydrocarbures, l’ultime voix pour se libérer de la dépendance de l’extérieur. Aussi, le congrès se tient au moment où la contestation des détracteurs du patron de la Centrale syndicale se manifeste, risquant de s’amplifier, au regard des questions précitées mais aussi l’expression défavorable au sein de l’UGTA au nouveau projet du Code de travail. Sidi-Saïd réussira t-il à éviter les embûches et les questions qui fâchent pour voir ce 12 e Congrès, enfin, se tenir et dépasser le statu quo, qui prévaut depuis la tenue de son 11ème congrès, en 2008
Karima Bennour