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États-unis : Hillary Clinton, la Maison-Blanche en ligne de mire

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L’ancienne première dame se positionne pour les élections présidentielles de 2016 avec son nouveau livre, «Hard Choices». Quelles sont réellement ses chances ? Hillary Clinton a publié le 11 juin ses mémoires en France, sous le titre Le Temps des décisions (Hard Choices, en version originale). Considéré comme un argumentaire politique, le livre permet à l’ancienne première dame d’éclaircir ses positions sur l’Irak («une erreur»), Vladimir Poutine et les autres «dossiers chauds» de ses quatre ans, de 2009 à 2013, à la tête de la diplomatie américaine.

Hard Choices est perçu par beaucoup comme le coup d’envoi de sa pré-campagne en vue de l’élection présidentielle de 2016 et l’ancienne secrétaire d’État américain profite de la promotion de son ouvrage pour apparaître dans différents médias et traverser tout le pays. Jennifer Lawless, une politologue américaine, citée par l’AFP, y voit l’occasion pour Hillary Clinton de «rencontrer des électeurs et affiner les aptitudes qu’elle n’a plus utilisées depuis quelques années».

Une candidate qui détonne
Sur bien des aspects, Hillary Clinton est une candidate atypique, ce qui rend incertain tout pronostic sur ses chances. Au sein de la population, c’est d’abord son âge qui soulève des questions : la candidate aura 69 ans au moment des élections de 2016. À titre de comparaison, Barack Obama en avait 47 en 2008. Mais son âge fait aussi écho au vieillissement de la population américaine et un tel cas de figure n’est pas inédit. En 1981, Ronald Reagan avait été élu à 69 ans, ce qui ne l’avait pas empêché d’être de nouveau choisi pour exercer un second mandat quatre ans plus tard.
Autre interrogation : les États-Unis sont-ils prêts à élire une femme à la tête du pays ? Après un président issu des minorités, une femme pourrait avoir sa place derrière le bureau ovale : 18 % des personnes sondées par Gallup déclarent en effet que cela serait le point le plus positif en cas d’élection de l’ex-première dame. Mais une petite minorité ne voit pas d’un bon oeil la possible accession d’Hillary Clinton au poste de chef des forces armées. Ainsi, parmi les raisons rédhibitoires à son accès à la Maison-Blanche, le fait qu’elle soit une femme est citée par 4 % des sondés. Un chiffre faible, mais qui pourrait s’avérer décisif si le scrutin est serré en 2016.
Après seize ans d’omniprésence dans la vie publique, dont huit ans au sommet de l’État, le label «Clinton» pourrait lasser les Américains et donc nuire à la démocrate. «Mais rien n’est sûr», tempère Steven Ekovich, professeur de sciences politiques à l’université américaine de Paris. Il rappelle que la présidence de son mari, Bill Clinton, «est bien perçue dans l’ensemble», car elle était marquée par un espoir de paix après quatre décennies de guerre froide.

Des boulets aux pieds
Seulement, rien de tel dans le bilan d’Hillary. Ainsi, le 11 septembre 2012, le consulat américain de Benghazi est la cible d’une violente attaque terroriste, entraînant la mort de quatre fonctionnaires, dont l’ambassadeur Stevens. Deux ans après les faits, cet épisode est, selon Steven Ekovich, le «chapitre noir» de ses années aux affaires étrangères. Les républicains lui reprochent massivement cet «échec», car, comme l’explique Harold Waller, professeur de sciences politiques à l’université McGill, «en tant que chef du département d’État, elle était la plus haute responsable capable d’éviter la débâcle». Malgré treize auditions publiques devant une commission d’enquête, elle n’a «toujours pas pris ses responsabilités de manière significative», rappelle le politologue. Lors de son interview sur ABC, lundi 9 juin, Hillary Clinton était d’ailleurs clairement sur la défensive lorsque la journaliste Diane Sawyer lui a demandé en quoi elle avait personnellement fauté ce jour-là.
Outre son bilan de secrétaire d’État, c’est aussi son état de santé qui pourrait nuire à Hillary Clinton pour 2016. En décembre 2012, la démocrate a dû être hospitalisée pour un caillot de sang dans le crâne. Un incident sans suites, mais qui n’a pas manqué d’être soulevé par les républicains, notamment par le sénateur Rove. Ce dernier a émis des doutes quant à sa capacité à se présenter en 2016. En réponse, Clinton a affirmé que si elle le faisait, elle rendrait public son dossier médical, au même titre que tous les candidats.

La «grande baronne» est soutenue
Selon Steven Ekovich, elle est la favorite du côté démocrate, car elle est une «grande baronne». En effet, elle a pour elle une immense expérience dans l’exercice du pouvoir au plus haut niveau : sénatrice, première dame et secrétaire d’État. De plus, le politologue indique que «l’appareil démocrate est, dans l’ensemble, derrière elle». Détail non négligeable aux États-Unis, elle est capable de financer une campagne. Harold Waller explique en effet qu’elle peut compter sur le «réseau de donateurs créé à l’origine par son mari».
Assurée du soutien de la base électorale démocrate – «les Afro-Américains, à 90 %, les Hispaniques et les mères de famille seules», selon Steven Ekovich -, elle espère aussi séduire un électorat plus à droite. Comme elle l’a montré de 2009 à 2013, Hillary Clinton mène une politique interventionniste, et «a su protéger le pays», selon le reporter américain Bob Woodward. Elle fait partie de ceux qui ont poussé en faveur de l’attaque fatale à Oussama Ben Laden, comme elle l’explique dans ses mémoires.
Hillary Clinton a laissé entendre sur ABC qu’elle ne déciderait rien avant 2015. Laisser planer le mystère lui permettra de s’épargner le plus longtemps possible les critiques dévastatrices propres aux campagnes électorales américaines. Mais l’un des facteurs décisifs pour son élection, selon Harold Waller, reste le succès ou l’échec «des deux dernières années d’Obama». Car, paradoxalement, Hillary Clinton devra endosser le bilan de celui qui lui avait soufflé l’investiture en 2008.

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