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CONSEIL DE L’INTERNATIONALE SOCIALISTE À MALTE : Le Polisario porte la cause sahraouie au cœur des débats 

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Le dossier sahraoui a occupé une place centrale lors des travaux du Conseil de l’Internationale socialiste tenus à Malte, où le représentant de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a rappelé avec force le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. 

Pour le Front Polisario, la rencontre constituait une occasion stratégique de multiplier les échanges diplomatiques et de réaffirmer la responsabilité de la communauté internationale face à une décolonisation du Sahara occidental toujours inachevée. La réunion, organisée samedi et dimanche derniers, s’est déroulée en présence du Premier ministre maltais et chef du Parti travailliste, Robert Abela. Plusieurs dirigeants de partis socialistes et progressistes, des organisations féminines et de jeunesse, ainsi que des représentants d’institutions européennes et internationales y ont participé. La délégation sahraouie, conduite par Mansour Omar, membre du Secrétariat national du Front Polisario et ambassadeur chargé de l’Europe et des institutions européennes, a présenté un exposé complet sur les dernières évolutions politiques et sécuritaires dans le territoire occupé. Au cours de son intervention, le Front Polisario a dénoncé les pratiques répressives du Maroc, l’extension continue de la colonisation et les violations persistantes des droits humains à l’encontre du peuple sahraoui. Le mouvement de libération a réaffirmé « une position ferme et immuable » : défendre, par tous les moyens légitimes, les droits du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance. En clôture de sa participation, la délégation a insisté sur la nécessité d’intensifier la pression internationale sur le Maroc afin de mettre un terme aux pratiques coercitives et de permettre enfin au peuple sahraoui d’exercer ses droits reconnus par le droit international et les résolutions des Nations unies.

Nouveau recours juridique sahraoui contre l’accord Maroc–UE

En parallèle de cette offensive diplomatique, le conseiller spécial du président sahraoui pour les ressources naturelles et les affaires juridiques, Abi Bouchraya Al-Bashir, a annoncé que le Front Polisario déposera, avant la fin de l’année, un nouveau recours devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) contre l’accord récemment conclu entre le Maroc et l’Union européenne. Cet accord englobe notamment les volets commerciaux et halieutiques appliqués illégalement au Sahara occidental. Dans une déclaration à la presse, Abi Bouchraya a précisé : « Le Front Polisario déposera un nouveau recours en décembre contre cet accord », qualifiant de « profondément illégal » le classement de produits sahraouis comme étant «marocains ». Une pratique qu’il considère en contradiction flagrante avec la jurisprudence de la CJUE, qui a établi à plusieurs reprises la distinction juridique entre le Maroc et le Sahara occidental. Le responsable sahraoui est également revenu sur l’épisode du projet de législation européenne visant à imposer un étiquetage spécifique aux produits provenant du Sahara occidental. Une majorité d’eurodéputés s’y était opposée, mais le texte avait finalement été bloqué à une voix près, illustrant, selon lui, une volonté politique de contourner la légalité internationale pour dissoudre l’identité territoriale sahraouie derrière des artifices commerciaux. Abi Bouchraya a aussi révélé que, face à l’impossibilité d’utiliser l’appellation « Sahara occidental » — refusée par les autorités marocaines —, certains négociateurs avaient proposé de recourir aux noms des villes occupées de Dakhla et El-Aâyoun. Une tentative jugée incompatible avec le droit commercial européen, qui exige que l’origine des produits corresponde à une entité souveraine reconnue.

Ressources naturelles : un front juridique renforcé

Le conseiller du président sahraoui a souligné l’absence totale de consentement du peuple sahraoui dans cet accord, rappelant qu’il s’agit d’un principe fondamental du droit international pour tout engagement concernant un territoire non autonome. Depuis l’arrêt déterminant de la CJUE rendu en 2024, le Front Polisario estime que la base juridique pour interdire toute exploitation des ressources du Sahara occidental est désormais « plus solide que jamais». Sont concernés les secteurs agricoles, halieutiques, énergétiques, touristiques, ainsi que l’extraction du phosphate. Le Front Polisario prévoit d’utiliser cette base légale pour poursuivre devant les tribunaux européens l’ensemble des entreprises impliquées dans ce qu’il qualifie de «colonisation économique » du territoire. Abi Bouchraya a cité en exemple les récentes manifestations organisées dans le sud de la France contre l’importation illégale de tomates cerises en provenance du territoire occupé, rappelant l’importance du rôle joué par la société civile européenne dans la défense de la légalité internationale.

Une stratégie à double front

L’intervention du Front Polisario à Malte et l’annonce d’un nouveau recours devant la CJUE illustrent une stratégie déployée sur deux plans : l’action diplomatique et la bataille juridique. Ces dynamiques convergentes traduisent une détermination intacte du mouvement sahraoui, soutenu par un corpus grandissant de décisions internationales affirmant clairement la distinction juridique entre le Maroc et le Sahara occidental. Dans un contexte marqué par l’intensification des violations et les tentatives marocaines d’étouffer la voix sahraouie, la lutte pour la reconnaissance des droits légitimes du peuple sahraoui s’invite plus que jamais sur les scènes européenne et internationale. Pression politique, mobilisation citoyenne et recours judiciaires s’imbriquent, dessinant les contours d’un affrontement où la cause sahraouie devient un test majeur pour la crédibilité du droit international. La prochaine étape repose sur la consolidation d’un mouvement transnational capable de défendre la souveraineté sahraouie sur ses ressources et de contrer les mécanismes de normalisation d’une occupation largement condamnée par la légalité internationale.

M. Seghilani

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