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LE PLAN DE CESSEZ-LE-FEU À GHAZA SUR LA TABLE AU CAIRE : Négociations sur le fil du rasoir

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À la veille de pourparlers décisifs à Charm el-Cheikh, une atmosphère de tension et d’attente domine la scène régionale. Les délégations de la résistance palestinienne et de l’entité sioniste devaient se retrouver, hier, en Égypte pour entamer des négociations autour de la mise en œuvre du plan présenté par le président américain Donald Trump. Ce plan, centré sur un échange de prisonniers et un cessez-le-feu durable, est présenté comme une étape vers la fin d’une guerre qui s’apprête à entrer dans sa troisième année. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a confirmé l’accueil, hier, de délégations de la résistance palestinienne (Hamas), de l’entité sioniste et de représentants des pays médiateurs, dont le Qatar et les États-Unis.
Selon une source diplomatique citée par Al Jazeera, le bureau politique de la résistance a quitté Doha ce dimanche pour rejoindre l’Égypte, tandis qu’un haut responsable qatari fera de même lundi pour assister à l’ouverture des discussions. À Washington, un responsable du Conseil de sécurité nationale a indiqué que l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, se rendait au Caire pour superviser l’application du plan. Il sera rejoint par Jared Kushner, gendre et conseiller de Trump, dont le rôle exact n’a pas été précisé. De son côté, Benjamin Netanyahou a confirmé samedi avoir mandaté sa délégation pour « finaliser les détails techniques » du plan.

Un plan controversé
Le plan américain, présenté comme une “feuille de route pour la paix”, propose un cessez-le-feu immédiat, un échange de prisonniers dans les 72 heures, le retrait progressif de l’armée sioniste de Ghaza et la remise de l’administration du territoire à un gouvernement de technocrates palestiniens supervisé par une autorité transitoire. L’objectif affiché est de « ramener la stabilité et d’ouvrir la voie à une paix durable fondée sur la solution à deux États ». Mais derrière les formules diplomatiques, les désaccords restent nombreux. Selon la presse israélienne, trois points divisent profondément les parties : la carte du retrait militaire, le désarmement de la résistance et les modalités de la période post-guerre. Hamas a fait savoir qu’elle acceptait la libération de tous les captifs, vivants ou morts, et se disait prête à céder la gestion du territoire à un gouvernement neutre, mais elle rejette la carte de retrait présentée par Trump et refuse tout désarmement unilatéral.

Retrait conditionné et présence militaire prolongée
Donald Trump a assuré que l’entité sioniste avait validé une première ligne de retrait, marquée en jaune sur la carte officielle, située entre 1,5 et 3,5 kilomètres de la frontière. Pourtant, la radiotélévision israélienne a révélé que Tel-Aviv envisage de maintenir des forces à long terme dans trois zones stratégiques : une “zone tampon” à l’intérieur du territoire de Ghaza, le corridor de Philadelphie à la frontière égyptienne, et la colline dite “des 70”, qui domine le nord du territoire. Ces positions, censées garantir la “sécurité d’Israël”, contredisent les promesses d’un retrait complet.

Pression américaine sur Netanyahu
Pour Trump, qui souhaite clore le conflit avant la prochaine campagne présidentielle, la réussite du plan est une priorité politique. Il a confié au site Axios que “Netanyahou n’avait plus d’autre choix que d’accepter”, reconnaissant que la guerre avait “isolé Israël sur la scène internationale”.
L’administration américaine espère ainsi restaurer l’image d’une puissance médiatrice et replacer Washington au centre du jeu diplomatique. Mais cette volonté se heurte à la méfiance de la résistance. Un haut cadre du mouvement a déclaré à l’AFP que “Hamas est prêt à un accord immédiat pour l’échange de prisonniers et l’arrêt de la guerre, à condition que l’occupation respecte ses engagements et n’entrave pas le plan.”

Soutien arabe et réserves régionales
Un communiqué conjoint publié dimanche par les ministres des Affaires étrangères du Qatar, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, de la Jordanie, des Émirats arabes unis, de la Turquie, de l’Indonésie et du Pakistan a salué “les pas positifs accomplis par le mouvement Hamas en faveur de la paix” et appelé à un “retrait total de l’armée israélienne et à la garantie de la sécurité de toutes les parties”. Ces pays, qui avaient déjà rencontré Trump à New York en septembre, plaident pour un cessez-le-feu immédiat, un retour de la souveraineté palestinienne sur Ghaza, la réunification avec la Cisjordanie et l’acheminement sans entraves de l’aide humanitaire. Ils insistent également sur la nécessité d’empêcher tout déplacement forcé des civils palestiniens.

Doutes et avertissements
Pour le politologue palestinien Ayman al-Raqab, ces pourparlers s’annoncent “difficiles dès la première heure”. Il prévoit des débats intenses sur “la profondeur du retrait et la question du désarmement”, estimant que “Washington et Tel-Aviv pourraient profiter de la libération des otages pour se retirer du processus de paix sous de nouveaux prétextes”. Trump, lui, a multiplié dimanche les déclarations menaçantes : “Je saurai très vite si Hamas est sérieuse. Si elle veut garder le pouvoir, nous la détruirons”, a-t-il lancé. Son secrétaire d’État, Marco Rubio, a renchéri sur NBC News : “Nous verrons rapidement au Caire si Hamas négocie de bonne foi. Le conflit n’est pas terminé.”

Une paix fragile
Netanyahou, dans un discours samedi soir, a répété que le désarmement total de la résistance serait “la condition incontournable” de toute trêve, affirmant que “l’armée restera déployée en profondeur dans Ghaza aussi longtemps que nécessaire.”
Pour les observateurs, la combinaison des pressions américaines, des intérêts militaires israéliens et des fractures politiques palestiniennes rend la voie vers un accord encore très incertaine. Même si un cessez-le-feu temporaire venait à être signé, sa durabilité dépendra de la volonté réelle de l’entité sioniste de se retirer et du degré d’unité nationale palestinienne à maintenir le cap d’une souveraineté retrouvée. Entre manœuvres diplomatiques et calculs électoraux, la paix que Trump promet à Ghaza ressemble davantage à une trêve sous surveillance qu’à un véritable horizon de justice.
M. Seghilani

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