L‘image du président français Emanuel Macron arpentant seul les quais de la Seine, en train de discuter au téléphone, diffusée sur certaines chaînes de télévision après la démission du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, traduit à elle seule la solitude dans laquelle il se trouve aujourd’hui.
Le nouveau gouvernement constitué de legs de l’exécutif de Bayrou n’a tenu que l’espace d’une annonce. Formé en jouant sur des équilibres fragiles, il ne pouvait pas combler le fossé du vide institutionnel dans lequel s’est enfoncé la cinquième République qui a vécu, depuis 1958, de replâtrage qui ne peut plus résister à l’usure du temps. Que pouvait faire un gouvernement où se retrouvaient Bruno Retailleau, Rachida Dati, Bruno Lemaire ou encore Jean Noel Barrot. Il faut savoir que malgré toutes les consultations menées pour parvenir à former un gouvernement, Lecornu a été même critiqué par les animateurs de son camp, à l’instar de Retailleau, qui estimaient qu’il ne reflétait pas la rupture souhaitée par le parti Les Républicains. Lecornu, le chef du gouvernement le plus éphémère de la cinquième République, était conscient qu’il risquait une motion de censure, une menace agitée aussi bien par le Nouveau front populaire que par les formations de l’extrême droite qui siègent dans l’assemblée. Aujourd’hui la France est devenue ingouvernable et Macron est bien seul, lui qui avait osé un putsch constitutionnel en privant le Nouveau front populaire, majoritaire à l’issue des dernières législatives de former un gouvernement. Il avait refusé une cohabitation, un scénario vécu par Jacques Chirac avec le gouvernement socialiste de Lionel Jospin mais aujourd’hui elle semble être une nécessité s’il veut conserver son fauteuil à l’Élysée jusqu’à la fin de son mandat. Plusieurs scénarios s’offrent certes pour lui mais saura-t-il choisir le meilleur pour la France ?
Macron pourrait renouveler sa confiance à Sebastian Lecornu et le charger de former un nouveau gouvernement en allant chasser des soutiens dans le vivier de l’extrême droite. C’est un exercice risqué qui pourrait réduire les chances de son parti, Les Républicains, qui a choisi comme chef de file pour les prochaines présidentielles Bruno Retailleau. L’autre possibilité est la dissolution de l’assemblée nationale pour organiser un vote et former une nouvelle majorité parlementaire qui pourrait être l’émanation des différentes droites. Mais cette éventualité est peu plausible dans la mesure où les sondages placent les partis du centre et de la droite modérée, loin derrière le Rassemblement national (Bardella), reconquête (Eric Zemmour) et le Nouveau front populaire. Le président français pourrait démissionner, précipiter son départ et appeler à des présidentielles anticipées (avant 2027 la fin de son quinquennat). C’est une éventualité qui signifierait la mort de la cinquième République mais qui pourrait ouvrir la voie vers une recomposition de la scène politique qui n’offrirait qu’un strapontin à son parti. Et comme probable scénario de sortie de crise, également, une probable cohabitation avec un chef du gouvernement issu de la majorité parlementaire (le Nouveau front populaire. Mais là également, les risques d’un nouvel épisode de la crise institutionnelle pourrait surgir puisque, aujourd’hui le parti de Jean-Luc Melenchon, la France insoumise et les Verts se disent déjà opposés à cette parade qu’ils qualifient de tardive et peu productive. La France de Macron qui a cédé ce qui restait de son honneur et du legs de Jacques Chirac qui s’était opposé à l’invasion de l’Irak lors de la première guerre du Golfe, est aujourd’hui bien fragile. Elle est malmenée sur le plan européen, bâillonnée sur le plan international et déboulonnée de ses anciennes colonies s’enfonce dans la crise. À trop vouloir jouer avec les grosses fortunes de France qu’il a bercées et couvées, Macron s‘est mis sur le dos le peuple français qui lui fait payer aujourd’hui ses errements. Quelles solutions restent pour lui ? Très peu et toutes tendent vers la fin de la cinquième République qu’il a tenté de faire vivre en la gardant sous perfusion à coups de compromissions avec les extrêmes droites et toutes les formations racistes et fascistes qui ont fait du pays, un ghetto où les Français ne se sentent plus à l’aise. Ruinée la France risque même de se voir placée sous la tutelle du FMI. C’est ça le bilan des deux mandats de l’époux de Brigitte.
Slimane B.
