Il y a la partie visible des conflits d’héritage. Ce sont ces commerces fermés durant de longues années, comme abandonnés. Ce sont aussi, les audiences des tribunaux qui sont publiques et où tout le monde a accès. Et puis, il y a la partie cachée des conflits d’héritage que des familles vivent en silence. Très peu de cas, en vérité, sur cette troisième catégorie. Les parties visibles des conflits générés par l’héritage (commerces fermés et tribunaux) nous obligent à aborder ce phénomène sociétal qui, progressivement, envahit et mine la sphère familiale. D’abord il faut dire que ce phénomène est relativement récent dans notre pays. Il n’existait pratiquement pas durant la période coloniale. Et pour cause, les Algériens ont été dépossédés par l’armée coloniale dès 1830. De plus ils étaient repoussés à l’intérieur du pays où la terre est ingrate. À peine si, dans les bonnes années, elle nourrissait ceux qui la travaillaient. Quant à la maison qui abritait la famille, elle était d’une précarité telle qu’elle n’avait aucune valeur monétaire. De plus les transactions étaient rares vu que l’horizon était bouché. D’où les terres et les maisons passaient les générations uniquement en indivision. La famille vivait soudée dans le bien familial sans autres alternatives. Tout était mutualisé, les ressources comme les travaux. C’était aussi l’époque du patriarcat. Tout était régi et ordonné par le chef de famille. C’était à lui que l’on remettait les gains réalisés à l’extérieur de la famille. Nombreuse était la famille algérienne. Après l’indépendance cette forme de la famille a duré et s’est vite retrouvée à l’étroit devant l’absence de construction de nouveaux logements. C’était l’époque où des membres de certaines familles dormaient à tour de rôle. Ce fut ainsi jusqu’en…1981. Année où le président Chadli Bendjedid décida la cession des biens de l’État. Il aura, tout de même, fallu attendre encore quelques années pour voir ressusciter la notion de propriété en Algérie. Le temps nécessaire pour l’acquisition, par facilités, des cessions. Cela a coïncidé avec l’ouverture économique de la fin des années 80 et les fortunes qui commençaient à se former. Avec la multiplication des propriétés individuelles aussi. D’année en année, le phénomène s’amplifiant, les conflits d’héritage devenaient de plus en plus compliqués et souvent inconciliables. Surtout dans la succession immobilière. Ils deviennent plus nombreux à apparaitre publiquement. Avec ces commerces gagnés par les toiles d’araignées dans les grandes artères de la capitale et des villes du pays. Avec ces audiences des tribunaux en présence des familles concernées par la succession et tristement déchirées pour des raisons diverses. Car le droit de la succession est clair. Il suffit de l’appliquer. Sauf qu’à l’amiable cela semble très compliqué. Par méconnaissance du droit. Par rivalités préexistantes. Par des influences négatives nées des alliances familiales. Par désintérêt des héritiers plus nantis qui bloquent l’opération. Etc, etc… Ce phénomène, relativement récent, a pris de court les citoyens mais aussi le législateur. Notamment dans la durée maximale d’une succession non réglée et les sanctions y afférentes. Ainsi qu’une recherche de solutions ajoutées à la vente aux enchères. Au cours de nos recherches nous avons découvert l’existence de cabinets d’avocats spécialisés dans la résolution à l’amiable des conflits de succession. Des avocats accompagnateurs et qui agissent en médiateurs entre les parties en conflit. Une appréciation d’un tel service est difficile à formuler vu qu’aucune étude ou statistique n’existe pour se forger une idée. Cependant et dans l’absolu, la médiation est toujours préférable à une procédure judiciaire. Sauf que cette médiation doit être encadrée. Par des moyens ainsi que dans ses coûts. Ceci dit, sur le terrain, les conflits d’héritages disloquent des familles. Le phénomène a tendance à évoluer malheureusement avec l’accroissement démographique ainsi que le nombre des biens individuels mobiliers et immobiliers. De plus, la législation qui date de plusieurs décennies, nécessite d’être mise à jour. Pour être en adéquation avec l’évolution de la société algérienne. Disons que les conflits d’héritage, dans notre société, sont la rançon de la gloire !
Zouhir Mebarki
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