Lors de sa première conférence de presse tenue lundi matin au centre d’entraînement « Baba Hammoud » de Zéralda, le nouvel entraîneur du Mouloudia d’Alger, Rulani Mokwena, a livré un discours clair et ambitieux. Entre humilité, exigence et projets bien définis, le technicien sud-africain de 38 ans n’a éludé aucun sujet, y compris les transferts, la Ligue des champions ou encore l’environnement du football algérien.
Il est un fait que cette conférence était très attendue. La nomination de Rulani Mokwena à la tête du staff technique du MCA a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. Ce lundi, dans l’auditorium du centre sportif de Zéralda, le Sud-Africain a pris le temps de s’adresser aux médias avec calme et assurance. Ancien coach des Mamelodi Sundowns, avec qui il a remporté la Super Ligue ( la seule édition), et ex-entraîneur du Wydad de Casablanca, Mokwena est apparu déterminé et méthodique. Dès l’entame de son intervention, il a tenu à rassurer : « J’ai trouvé une équipe bien préparée et dans de très bonnes conditions. Cela me donne confiance pour travailler sereinement », a-t-il déclaré. Signe d’un homme qui connaît la complexité de son nouveau défi, il a également insisté sur l’importance du travail accompli avant lui : « Je viens avec beaucoup de respect pour ce club, pour ce pays et pour mes prédécesseurs. »
Le ton est posé, la stratégie aussi : Mokwena ne veut pas tout bouleverser. Au contraire, il entend capitaliser sur les acquis. « Le Mouloudia sort d’une saison exceptionnelle. Champion d’Algérie, quart de finaliste en Ligue des champions… Ce sont des résultats qui parlent. Mon objectif, c’est de continuer sur cette voie, tout en améliorant certains aspects de notre jeu », a-t-il précisé. Le technicien n’a pas caché ses ambitions continentales. « Aller plus loin en Ligue des champions, c’est un objectif. Mais ce n’est pas juste une déclaration : c’est un processus, basé sur le travail, la discipline, l’analyse des adversaires et l’évolution de notre groupe. » Selon lui, l’équipe peut mieux faire, notamment sur le plan offensif, où il souhaite apporter « plus de variété, de spontanéité et d’efficacité ».
Interrogé sur sa connaissance du championnat local, Mokwena a surpris par la précision de ses réponses. « J’ai étudié plusieurs matchs du MCA. Ceux contre la JSK, le CSC, le CRB… J’ai vu un championnat compétitif, disputé, avec des équipes bien organisées. »
Selon lui, le niveau du championnat Mobilis est sous-estimé : « Ce n’est pas un championnat facile. Les déplacements sont compliqués, les pelouses parfois irrégulières, les équipes très engagées physiquement. Il y a un vrai défi à relever ici, mais c’est ce qui me motive. »
À titre personnel, Mokwena a surpris par sa volonté de s’intégrer pleinement dans son nouveau cadre de vie. « Je vais apprendre l’arabe, cela fait partie de mes priorités. Comprendre la langue, c’est aussi comprendre les joueurs, les supporters, le pays. » Il n’a pas manqué de saluer l’ambiance chaleureuse qu’il a trouvée dès son arrivée en Algérie, ainsi que les installations du club : « Le centre de Zéralda est exceptionnel. Tout est réuni ici pour faire du travail de qualité. »
Un staff international et complémentaire
Rulani Mokwena ne compte pas réussir seul. Il s’est longuement attardé sur la composition de son staff technique, qu’il considère comme l’une des forces de son projet. Son premier adjoint, Robinsson, est un ancien international sud-africain, vainqueur de la Super Ligue avec les Mamelodi Sundowns. « Il connaît bien mon style, il m’accompagne depuis des années. Il apporte une approche tactique pointue et un discours motivant. » À ses côtés, Enzo Donis, technicien francophone, connaît bien l’Afrique centrale et de l’Ouest. « Il parle plusieurs langues et a une très bonne connaissance des jeunes talents. » Le préparateur physique, passé par le Wydad Casablanca, viendra renforcer le travail foncier, tandis que le coach Bouassida Yacine est attendu dans les prochains jours pour compléter l’équipe. « Chacun sait ce qu’il a à faire. Nous avons une méthode, une philosophie de jeu, et une organisation stricte », a conclu Mokwena sur ce point.
Belaïli ? Une réponse élégante et diplomatique
Le nom de Youcef Belaïli, souvent associé au MCA, a naturellement été évoqué. Mokwena n’a pas esquivé la question mais a répondu avec subtilité : «J’attendais cette question. Belaïli est un joueur exceptionnel que j’ai eu l’occasion d’affronter quand il évoluait à l’Espérance de Tunis. C’est un footballeur talentueux que j’ai également observé lors de la Coupe du Monde des Clubs. Mais je préfère ne pas m’exprimer davantage, car il est toujours sous contrat avec un autre club.
Autre question incontournable : celle du mercato. Le Mouloudia a déjà bouclé une recrue cet été, mais Mokwena n’a pas souhaité entrer dans les détails.
« Je travaille en étroite collaboration avec le président Hadj Redjem. Nous sommes alignés sur le profil des joueurs recherchés. Mais je préfère que les choses se fassent dans le calme. »
Concernant le choix du quatrième joueur étranger, il est catégorique : « Ce sera un joueur jeune, talentueux, avec un potentiel de progression. Mais au-delà du talent, je regarde la mentalité, la capacité à s’adapter à l’environnement. » Selon des sources proches du dossier, plusieurs profils sud-américains et subsahariens sont actuellement à l’étude.
Un message fort aux supporters
Lucide face à la pression qui entoure le Mouloudia d’Alger, Rulani Mokwena ne fuit pas ses responsabilités. Bien au contraire, il assume pleinement les attentes élevées du public algérois, qu’il considère comme un moteur essentiel de la performance :
« Quand on signe dans un club comme le MCA, on sait à quoi s’attendre. Les supporters veulent du spectacle, des titres et des émotions. C’est leur droit, et c’est aussi notre responsabilité. Nous allons tout faire pour leur offrir un football offensif, ambitieux, spectaculaire. L’important, c’est que le public sente que nous respectons le maillot et que nous travaillons pour lui. »
Pour le technicien sud-africain, cette exigence populaire ne constitue pas un frein, mais bien une source d’énergie à canaliser pour tirer le meilleur de son groupe.
Le technicien sud-africain a réussi son premier face-à-face avec la presse. Reste maintenant à convaincre sur le terrain, là où tout se joue.
Mohamed Amine Toumiat