Le déficit français alarme de nouveau les marchés et l’euro recule face au dollar, tandis que le gouvernement propose de supprimer deux jours fériés pour tenter de réduire la dette.
Selon la banque ING, cette dynamique pourrait encore fragiliser la monnaie européenne dans les mois à venir avec une trajectoire de la dette française qui grimpe de 5 000 euros chaque seconde L’inquiétude autour du déficit public français refait surface sur les marchés. Elle pourrait fragiliser la demande pour l’euro, préviennent les analystes d’ING Groep NV, banque néerlandaise citée par Bloomberg.
D’après l’agence américaine, la monnaie unique est tombée le 15 juillet à son plus bas niveau face au dollar depuis un mois. En parallèle, le gouvernement français, en position minoritaire, a ravivé les tensions politiques en annonçant des mesures d’austérité, dont la suppression de deux jours fériés nationaux. Toujours selon Bloomberg, cette baisse de l’euro tient en partie à la vigueur du dollar, portée par de récents indicateurs d’inflation aux États-Unis. Mais elle reflète aussi, selon l’économiste Francesco Pesole, les doutes des investisseurs sur la stabilité budgétaire et politique de la deuxième économie de la zone euro. « Ces derniers temps, le problème du déficit budgétaire français est resté dans l’ombre, mais la journée d’hier a probablement rappelé que c’était une bombe à retardement pour l’UE », écrit Pesole dans une note publiée le 16 juillet. Il anticipe même des « retombées sur le marché des changes dans les prochains mois ». Le contexte économique en France est délicat : le déficit atteignait 5,8 % du PIB fin 2024, loin du plafond européen de 3 %, tandis que la dette publique frôle les 114 % du PIB. Le Premier ministre François Bayrou a qualifié cette trajectoire de « danger mortel », évoquant une dette qui grimpe de
5 000 euros chaque seconde. Pour « remédier » à cette situation, il a proposé la suppression du lundi de Pâques et du 8 mai, ainsi qu’une « contribution de solidarité » ciblant les hauts revenus dès l’an prochain.
Défiance massive des Français envers le budget 2026 de François Bayrou et 72 % estiment que les sacrifices demandés sont mal répartis.
87% des Français estiment que le plan budgétaire de François Bayrou nuira à leur pouvoir d’achat, tandis que 78% doutent de sa capacité à redresser les finances publiques. Les mesures impopulaires, comme les économies sur la santé, alimentent une forte opposition. Le plan de redressement des finances publiques dévoilé par François Bayrou le 15 juillet 2025 suscite une défiance sans précédent. Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro, 87 % des Français anticipent une baisse de leur pouvoir d’achat et 78 % n’accordent pas leur confiance au Premier ministre pour réduire la dette et le déficit. Un autre sondage Ifop pour LCI révèle que 74 % des Français jugent ce budget « injuste », tandis que 69 % le considèrent comme « irréaliste ».
Des mesures contestées et un désaveu généralisé
Si 57 % reconnaissent la nécessité d’un effort face à l’état des finances publiques, 72 % estiment que les sacrifices demandés sont mal répartis. Parmi les mesures les plus contestées figurent les économies de 5 milliards d’euros sur la santé, rejetées par 74 % des sondés, et la suppression de deux jours fériés, désapprouvée par 73 %. La réduction de 3 000 postes de fonctionnaires divise : 43 % la jugent excessive, 33 % adéquate, et 23 % insuffisante. Seules deux propositions trouvent un large soutien : le gel des dépenses de l’État (80 %) et une contribution des plus riches (79 %). La création d’une contribution de solidarité pour les hauts revenus est la seule mesure majoritairement approuvée (74 %). Politiquement, le plan divise. Les sympathisants Renaissance (90 %) et LR (81 %) reconnaissent sa nécessité, mais seuls ceux de Renaissance (61 %) le jugent équitable. Les oppositions, notamment le RN (89 % de défiance) et la gauche (75 %), menacent de censurer le gouvernement. Si les Français étaient députés, 71 % voteraient contre le budget, avec une hostilité marquée chez les partisans du RN (80 %), de LFI (79 %), du PS (74 %) et des écologistes (77 %). Même les LR s’opposent à 54 %. Face à ce rejet, François Bayrou joue sa survie politique. Les critiques fusent, y compris parmi ses alliés. Édouard Philippe (Horizons) juge que le plan ne résout rien, tandis que Laurent Wauquiez (LR) appelle à des ajustements. Menacé de censure, Bayrou pourrait chercher un compromis, notamment avec le PS, qui propose une taxe sur les milliardaires. Cependant, les syndicats, comme la CGT, appellent déjà à la mobilisation, laissant présager une rentrée sociale tendue. Le budget 2026, attendu en Conseil des ministres le 1er octobre, s’annonce comme un test crucial pour le Premier ministre.
R. I.