Dans une escalade meurtrière qui confirme sa stratégie d’isolement de la bande de Ghaza, l’occupant sioniste a annoncé avoir ouvert un nouveau corridor militaire baptisé « Magin Oz », long de quinze kilomètres, au sud du territoire assiégé.
Cet axe coupe la ville de Khan Younès en deux, séparant son Est de son Ouest. Selon un communiqué de l’armée d’occupation, cette opération a mobilisé la 36ᵉ division, la brigade 188 et la brigade Golani, et s’inscrit dans le plan de contrôle militaire des principales zones urbaines de Ghaza. Pour le commentateur militaire israélien Doron Kadoush, ce nouveau corridor constitue une « carte de négociation » supplémentaire dans les pourparlers avec la résistance palestinienne. Après les axes de Netzarim, Philadelphie et Morag, l’axe Magin Oz consolide une stratégie de morcellement territorial de Ghaza annoncée dès avril dernier par le Premier ministre de l’entité sioniste, Benyamin Netanyahou, qui avait alors promis de « détruire les infrastructures et d’imposer un nouveau découpage ».
Massacre près d’un centre d’aide à Khan Younès
Dans le même temps, une nouvelle tragédie a frappé Khan Younès. Mercredi à l’aube, l’armée sioniste a tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles sur une foule affamée rassemblée près d’un centre d’aide humanitaire américain SDS3, entraînant la mort de 21 Palestiniens, dont 15 par asphyxie et 6 par tirs à balles réelles, selon le bureau d’information gouvernemental de Ghaza. Le drame s’est produit alors que l’organisation américaine GHF, soutenue par les États-Unis et l’entité sioniste, avait convoqué des milliers de civils pour recevoir de la nourriture avant de refermer les grilles métalliques, transformant l’attente en piège mortel. Les autorités de Ghaza dénoncent une « exécution planifiée » et pointent la responsabilité conjointe de la « GHF » et de l’armée d’occupation. La version américaine accuse de son côté la résistance palestinienne d’avoir semé la panique dans la foule. Ces accusations sont jugées « mensongères » et « cyniques » par les organisations locales qui rappellent que 875 Palestiniens ont déjà été tués autour des centres d’aide au cours des six dernières semaines, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
Un bilan humain accablant
Le massacre de Khan Younès n’est que la partie la plus visible d’une hécatombe continue. Au total, depuis le 7 octobre 2023, l’agression sioniste a causé la mort de 58 573 Palestiniens et blessé plus de 139 000 autres, selon le ministère de la Santé à Ghaza. Parmi ces victimes, 7 750 martyrs et 27 566 blessés ont été recensés depuis la reprise des frappes le 18 mars dernier après un cessez-le-feu non respecté. Rien que dans les dernières 24 heures, 94 martyrs, dont plusieurs enfants, ont été extraits des décombres. Des frappes ont ciblé des tentes de déplacés, des cafés, des habitations et même des camps de réfugiés, provoquant une traque mortelle pour des familles déjà privées de tout abri. Alors que la faim se généralise, l’UNRWA alerte : un enfant sur dix examiné dans ses cliniques souffre de malnutrition. Depuis janvier, plus de 240 000 enfants ont été contrôlés, avec une explosion des cas de dénutrition sévère. 67 enfants seraient déjà morts faute de nourriture, et 650 000 enfants de moins de cinq ans sont désormais exposés à un danger de mort imminent, selon l’UNICEF et des sources médicales locales. La directrice de la communication de l’UNRWA, Juliette Touma, a rappelé que « ces cas étaient rarissimes avant la guerre » et que les équipes médicales manquent désormais de tout : médicaments, nutrition thérapeutique, carburant et kits d’hygiène. Plusieurs organisations humanitaires refusent désormais de travailler avec la « GHF », estimant que cette structure est instrumentalisée par l’occupant sioniste pour contrôler les flux d’aide et en faire un outil de chantage ou de meurtre collectif. Pendant ce temps, la communauté internationale reste spectatrice face à un blocus qui plonge 2,4 millions de civils dans une famine planifiée, entre bombardements, siège et manipulations humanitaires. Ghaza, une fois de plus, paie le prix d’une guerre de morcellement et de famine, sous les yeux d’un monde qui ferme les yeux sur l’horreur.
M. Seghilani