Après neuf jours de détention arbitraire, le directeur du bureau d’Al-Mayadeen en Palestine occupée, Nasser Laham, a été libéré aujourd’hui, mettant fin à une incarcération qui a suscité l’indignation des milieux journalistiques et des défenseurs de la liberté d’expression.
L’annonce de sa libération a été confirmée par son avocat, Oussama Al-Saadi, qui a précisé que la police israélienne avait notifié officiellement la décision et annulé l’audience judiciaire prévue ce jour. « La police nous a informés de la libération de notre confrère Nasser et de l’annulation de la session qui devait se tenir aujourd’hui », a déclaré Maître Al-Saadi. Il a également rappelé que toutes les accusations portées contre Nasser Laham avaient été catégoriquement rejetées par ce dernier, ses écrits et prises de position étant toujours publics et connus de tous. Pour rappel, la cour militaire d’occupation du centre pénitentiaire d’Ofer avait prolongé à deux reprises la détention du journaliste sous prétexte de « poursuite de l’enquête », selon la Commission des affaires des prisonniers et le Club des prisonniers palestiniens. Abdullah Al-Zaghari, président du Club, a dénoncé des accusations « fallacieuses » visant à faire taire un journaliste dont la voix dérange l’occupation. Pendant sa détention, Nasser Laham a été incarcéré dans des conditions sanitaires déplorables à la prison d’Ofer, dans la chambre 19 du secteur 21, où la surpopulation, la mauvaise qualité de la nourriture, la propagation de maladies cutanées et l’absence de soins médicaux adéquats ont été signalées.
Un symbole de résistance médiatique
Face à cette épreuve, le réseau Al-Mayadeen a réaffirmé sa détermination à défendre son directeur de bureau et à dénoncer la brutalité de cet emprisonnement. Dans un communiqué, la chaîne a souligné qu’elle ne renoncerait pas à « porter haut l’étendard de la défense de Nasser Laham et à révéler la cruauté de cette détention arbitraire ». Elle a salué la victoire morale de son journaliste, le décrivant comme « vainqueur et libre, là où son geôlier est prisonnier de son injustice ». Pour Al-Mayadeen, l’affaire dépasse le simple cas de son collaborateur : « Nous ne nous contentons pas de témoigner notre solidarité à Nasser Laham, nous défendons son droit à la vie et à la liberté d’expression », peut-on lire dans le communiqué. La chaîne précise qu’elle parle au nom de toute la famille journalistique palestinienne, arabe, islamique et internationale. Elle rappelle également que l’occupation israélienne perçoit Al-Mayadeen non plus comme une simple chaîne d’information, mais comme un courant stratégique de libération universelle, solidaire des opprimés et défenseur inconditionnel de la cause palestinienne. « C’est cela que l’occupation hait avec une hostilité hystérique : la force d’un média humain, universel, constant, et non opportuniste et fluctuant », souligne le texte.
Un engagement pour la liberté d’informer
Nasser Laham est reconnu bien au-delà du journalisme comme une figure intellectuelle et militante majeure. Pour ses confrères, « il est plus qu’un journaliste, plus qu’un écrivain, plus qu’un intellectuel », une voix que l’occupation n’a pas réussi à faire taire malgré ses tentatives répressives. La libération de Nasser Laham après neuf jours de détention marque une nouvelle étape dans la lutte pour la liberté de la presse et le droit à l’information en Palestine occupée. Elle rappelle aussi, une fois de plus, les risques considérables encourus par les journalistes qui persistent à documenter et à révéler la réalité sur le terrain. En sortant aujourd’hui, Nasser Laham devient plus encore un symbole de la résistance médiatique, de la ténacité de la parole libre et de la solidarité des voix qui refusent de se taire face à l’injustice. Son combat, désormais partagé par une communauté internationale d’acteurs de la presse et de la société civile, se poursuit, plus déterminé que jamais. M.Seghilani