Le Palais de la Culture Moufdi Zakaria à Alger s’apprête à accueillir, à partir de demain jusqu’au 15 août prochain, une exposition collective d’arts plastiques au titre évocateur : « Ghaza en couleurs ». Cet événement, à la fois artistique et profondément humanitaire, réunira un groupe d’artistes plasticiens algériens unis par une même volonté : faire vibrer la solidarité avec le peuple palestinien à travers la puissance silencieuse et universelle des arts visuels. Dans un monde saturé par les images de guerre et la répétition sans fin des drames humains, « Ghaza en couleurs » s’impose comme un acte de résistance symbolique. Il s’agit bien plus que d’un simple accrochage d’œuvres : cette exposition entend réhabiliter l’art comme espace de mémoire vivante et de reconstruction sensible face à l’oubli et à l’indifférence médiatique. Ici, la toile, le pinceau et la couleur deviennent un langage pour traduire la dignité, la souffrance et l’espérance d’un peuple trop souvent réduit à des statistiques de guerre. De nombreux artistes impliqués ont déjà exprimé, sur les réseaux sociaux, l’importance de ce projet qu’ils présentent comme une « position humaine avant d’être artistique ». Parmi eux, Jazia Cherieh, reconnue pour sa maîtrise des miniatures et de l’enluminure, proposera une approche riche en symboles patrimoniaux, où chaque trait évoque la patience, la résilience et la mémoire collective du peuple palestinien. À ses côtés, l’artiste Saliha Hachimi, habituée à conférer aux couleurs une intensité poétique rare, rappelle que peindre Ghaza, « ce n’est pas seulement documenter ses ruines, mais capter son pouls continu, son espoir indestructible ». Pour ces artistes, le choix du titre « Ghaza en couleurs » est loin d’être anodin. Il ne s’agit pas simplement d’un contrepoint aux images sombres qui dominent l’actualité, mais bien d’un manifeste : peindre Ghaza autrement, restituer la vie derrière les gravats, faire jaillir des touches de lumière dans les zones d’ombre. Le titre, à lui seul, revendique une prise de position : refuser la neutralité, refuser le silence et rappeler que l’art peut prolonger la parole là où les mots se brisent. Si les portes de l’exposition n’ont pas encore ouvert, son empreinte se dessine déjà sur le terrain numérique. Depuis plusieurs jours, artistes et amateurs d’art relaient sur les réseaux sociaux des extraits d’œuvres, des esquisses en cours, des messages de soutien à la cause palestinienne. Ces espaces digitaux, transformés en galeries interactives, amplifient l’écho de l’événement bien avant son vernissage. Ils prouvent que l’art, même confiné dans un cadre, peut franchir les murs et les frontières, éveiller les consciences et maintenir vivante une solidarité qu’aucun siège, aucune bombe ne pourra réduire au silence. À travers « Ghaza en couleurs », Alger rappelle qu’elle reste une terre de solidarité active, où la beauté se fait résistance et où chaque coup de pinceau porte, discrètement mais fermement, une voix pour ceux qu’on voudrait réduire au silence.
M.Seghilani