L’Iran a fermement condamné les sanctions imposées par les États-Unis à Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, dénonçant une « récompense aux criminels de guerre » et une « punition pour ceux qui exposent les crimes de l’occupation sioniste ».
Dans un communiqué relayé sur la plateforme X, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaeï, a exprimé le soutien « total » de son pays à Mme Albanese, estimant qu’elle paie le prix de sa « défense de la vérité face à l’occupation, au génocide et à l’apartheid ». Baghaeï a fustigé ce qu’il décrit comme un « deux poids, deux mesures » des États-Unis, qui « accueillent Netanyahou à la Maison-Blanche tout en imposant des sanctions à ceux qui dénoncent ses crimes, alors même qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale ». « Ces sanctions ne pourront jamais museler la vérité », a martelé le diplomate, alors que la décision américaine suscite une vague de réprobation internationale.
Vives réactions à l’ONU et des ONG
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a exhorté Washington à lever ces sanctions qu’il juge « injustifiées ». Il a rappelé que les titulaires de mandats spéciaux comme Francesca Albanese jouent un rôle clé dans la surveillance et la dénonciation des violations des droits humains à travers le monde.
Dans une déclaration officielle, Türk a dénoncé «les attaques et menaces contre les rapporteurs spéciaux et les institutions comme la Cour pénale internationale (CPI)», appelant les États membres à « privilégier le dialogue plutôt que la répression ». De son côté, Jürg Lauber, président du Conseil des droits de l’Homme, a exprimé ses « profonds regrets » face à cette décision, soulignant que « les rapporteurs spéciaux sont un instrument essentiel du Conseil pour remplir son mandat de promotion et de protection des droits humains ». Il a appelé les États à coopérer « pleinement » avec eux et à s’abstenir de toute forme « d’intimidation ou de représailles ».
Amnesty International s’indigne
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a qualifié ces sanctions de « véritable insulte à la justice internationale ». Elle a salué le « courage » de Francesca Albanese et dénoncé « une tentative de museler les voix qui dérangent en exposant les crimes commis contre le peuple palestinien ». Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a justifié la mesure en accusant Mme Albanese de mener une « guerre juridique » contre les intérêts américains et israéliens. Selon lui, la Rapporteure spéciale aurait
« incité la Cour pénale internationale à engager des poursuites illégitimes » contre des responsables et des entreprises des États-Unis et de l’entité sioniste. Dans un communiqué officiel, l’administration américaine reproche aussi à Francesca Albanese son « parti-pris anti-occidental » et l’accuse d’« avoir tenu des propos antisémites et de soutenir le terrorisme », des accusations vigoureusement rejetées par l’intéressée et par ses soutiens.
Une femme qui ne cède rien
Pour sa part, Francesca Albanese a réaffirmé qu’elle « se tient fermement et avec conviction du côté de la justice », rappelant qu’elle s’inscrit dans une « longue tradition de juristes, d’avocats et de juges qui ont défendu la vérité au péril de leur vie ». Début juillet, elle avait présenté un rapport accablant devant le Conseil des droits de l’Homme, intitulé « De l’économie d’occupation à l’économie de génocide », dans lequel elle accuse plusieurs dizaines d’entreprises, dont certaines américaines, de tirer profit de l’agression génocidaire menée par l’occupation sioniste contre Ghaza. Cette escalade entre Washington et une experte onusienne met en lumière les tensions croissantes autour de la question palestinienne et interroge la capacité du système onusien à protéger ses propres mécanismes face aux pressions des grandes puissances. Pour de nombreux défenseurs des droits humains, la sanction contre Francesca Albanese marque un précédent inquiétant : punir la parole indépendante qui documente, dénonce et alerte. Une ligne rouge qui, selon eux, menace l’intégrité même du droit international et du principe d’impartialité qui fonde le système multilatéral.
M. Seghilani