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JOHN BOLTON RÉPOND AU MÉDIA ESPAGNOL OTRALECTURA, SUR LE PRÉTENDU LIEN DJIHADISTES–POLISARIO : « Une propagande marocaine »

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Le diplomate américain John Bolton défend le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et déconstruit le mensonge selon lequel le Front Polisario serait un mouvement terroriste de connivence avec des djihadistes iraniens. De la propagande marocaine pure jus !

Diplomate et ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton a, dans une interview accordée au média espagnol OtralecturA et publiée ce samedi, cloué au pilori le Makhzen qui tente de mobiliser les forces contraires au droit international contre le Sahara occidental et le droit de son peuple à l’autodétermination. Droit dans ses bottes, Bolton a révélé que le Sahara occidental n’est qu’une partie d’un plan d’expansion marocain plus vaste qui comprend également « la moitié » de l’Algérie et « une grande partie » du nord de la Mauritanie.

D’emblée, le diplomate US a évoqué le contexte 1991 avec la signature de l’accord de cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario, ce qui a donné lieu au droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même à travers un référendum d’autodétermination. « Honnêtement, il y avait environ 80 000 personnes éligibles pour voter et tout le monde était d’accord pour créer la MINURSO, pour obtenir un cessez-le-feu et ensuite nous aurions un référendum sur l’avenir du Sahara occidental et c’était quelque chose que nous aurions probablement pu faire très rapidement », a-t-il rappelé. Il a ajouté : « À cette époque (…) nous avons œuvré pour voir si nous pouvions organiser le référendum. Nous pensions qu’il aurait dû être organisé assez rapidement. Ce n’était pas une opération d’envergure, mais elle a échoué, et lorsque l’administration Clinton est arrivée au pouvoir, le soutien américain au référendum s’est évanoui. Il a fallu attendre que Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, appelle Baker fin 1994 pour lui dire : « Écoutez, vous avez adopté cette résolution, la résolution du Conseil de sécurité, alors que vous étiez secrétaire d’État. Pourriez-vous venir voir si vous pouvez faire en sorte que cela fonctionne ? » Baker a accepté, il m’a appelé, et je ne connaissais pas très bien le Sahara Occidental, même si je suis sûr de lui avoir dit qu’il n’y aurait pas beaucoup de contestation. Nous pensions que le référendum serait adopté assez rapidement, ce qui a été le cas, mais il a été bloqué. »

« Les Marocains en désespoir de cause »

Interrogé sur la perspective de l’application du droit international pour permettre au peuple sahraoui de s’autodéterminer de lui-même, Bolton estime que « les Marocains pensent avoir le contrôle » qu’ « ils pourraient bien organiser leur propre référendum à un moment donné » et qu’ « il n’était pas difficile à faire (…) » « L’idée fondamentale était de laisser le peuple décider. C’est de là que vient la souveraineté. Elle ne vient pas du droit international, elle vient du peuple. Et si on leur donnait un référendum libre et équitable, ils décideraient comme ils le souhaitent », a-t-il plaidé la cause du peuple sahraoui. 

À une question sur les tentatives sournoises du Maroc visant à faire classer le Front Polisario comme un groupe terroriste en l’accusant de tisser des liens avec l’Iran, le Hezbollah, Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes, John Bolton déconstruit les thèses marocaines.« Je ne pense pas que cette résolution (classement du Front Polisario comme organisation terroriste, Ndlr) aboutisse. Je ne pense pas qu’elle bénéficie d’un soutien important, même si ce n’est pas un sujet familier à beaucoup de gens. Ils pourraient donc essayer de la faire adopter sans cela », a-t-il dénoncé le Makhzen et ses clairons parmi le lobby américain à rebours du droit international.  Bolton en veut pour preuve à ses affirmations : « Je suis allé à Tindouf pour la première fois, je crois, il y a une trentaine d’années. Je n’y ai vu aucun signe de marxisme, de djihadisme, d’Iran ou de quoi que ce soit d’autre, et j’y suis allé à de nombreuses reprises. J’ai parlé à de nombreuses personnes du Polisario, notamment du gouvernement espagnol, qui connaissent la situation au Sahara occidental. Il ne s’agit là que de propagande des Marocains et de leurs partisans, rien ne le prouve. Vous savez, des ONG américaines travaillent dans les camps autour de Tindouf pour apporter leur soutien et leur aide humanitaire. On aurait entendu parler de quelque chose. On ne peut pas continuer une mascarade comme celle-là pendant une longue période sans que la vérité éclate. Je trouve ça scandaleux, mais vous savez, je pense qu’ils sont désespérés. »

« Le Maroc convoite la moitié de l’Algérie et une grande partie de la Mauritanie » 

Autre question du média espagnol, celle de connaitre les conséquences de l’application du droit international, autrement le référendum d’autodétermination, dans la situation actuelle. « Il se passe évidemment beaucoup de choses au Sahel. Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont au point mort depuis longtemps. Beaucoup y voient un conflit par procuration », a répliqué Bolton, avant de pointer du doigt les visées expansionnistes du royaume marocain.  « J’étais avec Baker en 1997, avant les accords de Houston. Nous avons visité le Maroc. Il y avait une carte dans les appartements du roi. Normalement, les portes devaient être fermées, mais elles étaient ouvertes et elles montraient le Maroc tel qu’ils le voyaient, c’est-à-dire environ la moitié de l’Algérie, le Sahara occidental et une grande partie du nord de la Mauritanie. Vous savez donc qu’il n’est pas approprié de leur (Marocains, Ndlr) parler de droit international alors qu’ils ont clairement des visées plus vastes. Et je pense que, d’une certaine manière, le Front Polisario et les Sahraouis sont pris au milieu d’un conflit plus vaste », a-t-il témoigné des illusions de grandeur d’un royaume qui n’est que l’ombre de lui-même. 

Synthèse Farid Guellil

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